APRIL
Je suis réveillée par les doux rayons du soleil qui caressent ma peau meurtrie. Il me faut cligner quelques fois des yeux avant qu'ils ne puissent s'habituer à une telle lueur. J'ai mal au cou, mal au dos. Encore à moitié assoupie, je me redresse. Je suis dans une...voiture? Bien vite, la réalité me frappe de plein fouet et me sort de ma somnolence en une fraction de seconde.
Hier.
Merde.
Je me tourne vers Aidan. Il dort encore. J'analyse les alentours. Nous sommes garés dans un stationnement en bordure d'une route qui semble traverser des champs sur des kilomètres. Aucun immeuble, outre ce petit casse-croûte qui se dresse à quelques mètres devant moi.
Un panneau affichant l'inscription « ouvert » est suspendu à la porte. Sur le côté droit du mur extérieur, malgré la peinture défraîchie, je peux lire en grosses lettres rouges: « Café frais, délicieux repas, toilettes ». Le toit est légèrement affaissé, ce qui accentue l'allure de délabrement de la place. Je ne sais pas pourquoi, mais je trouve un certain charme à cet endroit. Les deux autres voitures dans le stationnement ainsi que les lumières intérieures visibles par les fenêtres me confirment que cet espèce de casse-croûte n'est pas totalement abandonné. Je n'ai aucun souvenir du moment où nous nous sommes arrêtés ici, je devais être assoupie. Aidan connait-il la place? A-t-il choisi cet endroit pour une raison?
Au même moment, ledit conducteur s'étire et ouvre doucement les yeux. Il se tourne vers moi, me sourit et referme ses yeux en s'allongeant sur moi.
- Bon matin jolie demoiselle.
Je souris à mon tour, trahissant mon tourment, et lui caresse les cheveux.
Toujours le sourire aux lèvres et les paupières closes, Aidan me demande:
- Tu as faim?
- Oui.
C'est à-demi un mensonge, car en vérité, j'ai l'estomac tellement noué que mes signaux de faim ne semblent pas prêts de retrouver leurs fonctions de sitôt.
Il se redresse et pointe le menton en direction du casse-croûte.
- Je sais que les allures peuvent tromper, mais paraît-il qu'ils servent d'excellents repas.
- Ah oui? Tu en as déjà entendu parler?
Pour quelqu'un qui est arrivé dans ce pays il y a à peine deux mois, je suis assez étonnée.
Il hausse les épaules.
- Bah, non. Mais c'est écrit sur le mur.
Son rire résonne dans l'habitacle, et je ne peux m'empêcher de sourire devant tout le plaisir qu'il prend à sa propre blague qui, admettons-le, n'était pas si drôle.
- Ma foi, mais voilà là un vrai humoriste. Qui eût pensé que monsieur-le-prince-de-Suisse puisse être aussi marrant?
Il glisse sa main dans mon cou, rapproche ma tête de lui et dépose un baiser sur mon front.
- Je t'aime, toi.
Je me blottis quelques instants dans ses bras.
- Bon, on y va? finit-il par demander.
J'acquiesce, et nous sortons dans les rayons du soleil.
Nous gagnons la porte du petit bâtiment et sommes accueillis par une petite femme rondelette au grand sourire arborant de gigantesques lunettes rondes.
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Reine du Bal
RomanceUne Cendrillon moderne. April Curtis vit dans un tout petit village, avec sa marâtre et ses deux belles soeurs hypocrites Mandy et Idrissa, qui la malmènent depuis le décès de son père. Sa vie est plutôt monotone; Elle étudie et s'occupe des travau...