12- Madame Croûte

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La mère d'Aidan. Elle porte un grand chapeau de paille noué d'un ruban bleu et transporte un panier de fleurs. Elle s'approche dans ma direction.

- Qui êtes-vous? Et que faites-vous ici?

Sa voix est mielleuse, elle ne transparaît aucune colère.

- Je... euh... je suis vraiment désolée... je ne voulais pas...

Je n'arrive pas à trouver les mots. Bordel, ce que je dois avoir l'air folle!

Elle me regarde de ses yeux bleus. Elle ne se tient à présent qu'à un mètre de moi. Je baisse la tête et arrive enfin à articuler une phrase quelque peu cohérente:

- Je suis une amie d'Aidan. Comment je me suis retrouvée ici est vraiment une longue histoire que j'aimerais volontiers vous raconter mais hum... Je ne crains d'être en retard à l'école si je euh...

Elle rit doucement.

- Ne t'en fais pas, je ne suis pas fâchée. Si tu savais le nombre d'amis qu'Aidan invitait chez nous sans prévenir, enfin, en Suisse. Je suis ravie qu'il s'en soit déjà fait de nouveaux... et nouvelles.

Elle penche la tête de côté et je jurerais apercevoir dans ses yeux une lueur indiquant une arrière pensée. Je me balance d'un pied sur l'autre, intimidée.

- Excuse moi, je dois te retarder. Tu as besoin d'un transport?

- Non, c'est bon, je peux marcher. Merci.

Elle insiste.

- Non, je t'en prie, cela me ferait tellement plaisir.

Je lui souris et avant même que je ne puisse répondre, elle dépose son panier sur le sol, retire ses gants de jardinage et me conduit à leur voiture luxueuse.

Pendant le trajet, je me maudis de ne pas avoir sacrifié plus de temps sur mon allure peu présentable. Je suis quand même dans la voiture de la reine de Suisse, bon sang!

Le trajet est assez court, mais l'atmosphère est légère. La mère d'Aidan a le don d'apaiser les tensions. Nous n'avons pas le temps de discuter bien longtemps, juste de faire connaissance. Elle se prénomme Deborah.

Une fois arrivés dans le stationnement de l'école, je regarde l'heure sur l'écran numérique de la voiture. Neuf heures vingt huit.

- Reviens quand tu veux, ce fut un grand plaisir de faire ta connaissance.

- Pareillement, madame Humbert. Merci infiniment.

- Je t'en prie, appelle-moi Deborah.

Elle me fait un grand sourire et je sors de la voiture. Je me mets à courir vers les portes de l'école. Je n'aurai jamais le temps d'arriver en cours avant la cloche. Au moment où je m'apprête à pénétrer à l'intérieur, j'entends des talons hauts claquer sur le sol derrière moi. Je me retourne. Deborah.

- April, attends!

Elle me rejoint, essoufflée.

- Excuse moi, je n'avais pas vu l'heure. Et comme je suis en grande partie responsable de ton retard, je vais venir te...

La cloche retentit et la coupe dans sa phrase.

- ... motiver.

- Oh, je vous en prie, ce n'est pas du tout de votre faute. C'est moi qui me suis levée trop tard. Je vous ai assez fait perdre votre temps comme ça et...

- J'y tiens.

Son regard est suppliant. Elle ouvre la porte de l'école avant que je ne puisse rouspéter. Je me sens coupable de l'entrainer dans toute cette histoire, mais de la même façon, je ne peux m'empêcher de lâcher un grand soupir de soulagement. Nous nous dirigeons vers le secrétariat. Aussitôt que madame Bradley, la réceptionniste, lève les yeux de son ordinateur pour les poser sur sa visiteuse, elle se lève d'un bond et c'est tout juste si elle ne se prosterne pas devant elle.

Reine du BalOù les histoires vivent. Découvrez maintenant