Noir - Améthyste

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Noir-Améthyste

Mortelle nuit de chrome,
Rends nous les étoiles
Qui se sont noyées
Dans ton mercure
Et laisse-les voguer
Jusqu'au vrai soleil

JungKook court dans la ville, se penche, écoute, retrouve des gens, leur donne des messages, repart, revient, se perd en permanence. Mais il connaît le chemin. Parce qu'il n'y en a pas de chemin. Pas pour lui, n'est-ce pas ? Mais il en prend un quand même. Il rencontre YoonGi. YoonGi est pâle. Il n'y a pas de décalage entre son iris et sa pupille. Le noir est le même. Le noir est le même partout. JungKook lui raconte ce qu'il se passe en ville, qui fait du trafic avec qui, des histoires de contre-bande, beaucoup de marché noir. Rien de bien légal. Rien de très illégal non plus. YoonGi ne donne pas d'argent cette fois. Il rend à JungKook le service qu'il lui a demandé, le tout gravé sur un papier replié. Puis il lui fait un signe de tête avant de s'égarer dans la nuit.

Est-ce que tu rêves toi ?
Est-ce que tu rêves la nuit ?
Est-ce qu'il y fait jour ?
Est-ce que tu rêves de moi ?
Je crois que moi oui.

TaeHyung est penché sur sa table. Il a mal au dos. Il a mal aux mains. Et il aligne les codes aux lignes brillantes. Les programmes s'alignent de rangée en rangée. Et la salle brille d'une lumière jaunâtre qui fendille les ténèbres. Ils sont des centaines et des centaines à parler le même langage sans mots. Deux chiffres. Un même son oppressant. Une couleur aveuglante. Répétés à l'infini. Quand on lui dit qu'il en a le droit, TaeHyung s'en va. Une autre équipe vient prendre le relais. Mais TaeHyung s'en fout, TaeHyung s'en va. Arrivé dans le hall il aperçoit le signe coloré qu'on essaye de nettoyer. Il y a une banderole de sécurité tout autour. Et puis personne. La couleur persiste. Il passe sous la ligne de papier fluorescente, s'approche, caresse du bout des doigts les lignes de l'idéogramme. Je ne comprends pas ton langage. TaeHyung s'éloigne. Et JungKook le suit de loin. Il le contemple. Sûrement qu'il a peur pour lui. Lumière terne où tout est sombre.

TaeHyung ne veut pas rentrer chez lui. Il traîne dans le centre ville, entre les grattes-ciel, le long des étages des centres commerciaux aux enseignes multicolores. Il se poste un instant devant une vitrine. Dedans, sur le présentoir, une améthyste. Qui aurait cru qu'une pierre si laide puisse contenir joyaux si beaux ? TaeHyung tourne en rond, marche loin, s'arrête en haut des escaliers et regarde le vide, aussi haut qu'il puisse être. Il ferme les yeux, s'en va. Il prend le métro aérien. TaeHyung ne veut pas rentrer chez lui. Alors il s'oublie dans un club aux âmes vides. Les gens dansent, les gens jouent aux jeux d'argent. Les riches gagnent toujours. Et les pauvres sont encore plus pauvres. Personne ne fait ça par plaisir, ni par envie. Seul le dépit guide leur vie. Conditionnement absurde. Les stroboscopes s'emballent. La vue n'est plus qu'images découpées, décalées, oubliées. TaeHyung ne danse pas, ne joue pas. Il regarde le plafond, les lumières deviennent des stalactites. Il tend la main. Pourquoi suis-je obscur ?

JungKook le toise depuis sa propre obscurité.
Il aimerait qu'il le guide dans le noir.
Il meurt d'espoir.

Minuit - TaeKookOù les histoires vivent. Découvrez maintenant