Noir-Rose vif
J'ai entendu dire une fois, que si on sort le cœur du corps, il continue de battre. Ensanglanté. Sans abris. Mais complètement autonome. Il ne doit rien à personne. Il est là quand même. Et il bat. Sortez-le de ma poitrine. Et même quand mon corps sera mort, le cœur vivra.
Est-ce que tu viendras remettre les morceaux en place ?____________________
01010110 01101001 01100101 01101110 01110011 00100000 01101101 01011100 00100111 01100001 01101001 01100100 01100101 01110010
_____________________JungKook longe le mur, se cache à l'ombre des ruelles, se faufile dans un endroit ou ailleurs. Il tente de se concentrer. Mais il est un peu égaré, perdu dans son esprit. Il pense à lui. Et il l'imagine là bas, avec tous les autres. Et il sait qu'à son travail on le néglige, qu'il répète les mêmes gestes déshumanisés toute la journée, et qu'il souffre. JungKook se dit qu'ils pourraient être ailleurs que dans ces pièces fermées et dans ces rues si noires. Qu'ils pourraient rester à l'intérieur, qu'il lui apprendrait d'autres idéogrammes, qu'il lui en dessinerait encore sur les murs, qu'il pourrait lui poser des questions. La prochaine fois, il lui posera des questions. Il lui demandera comment il va. Mais en attendant, tout l'ennuie, tout le dégoûte.
Quand ce n'est pas toi, c'est laid.
Quand ce ne sont pas tes yeux, c'est creux.
Quand ce ne sont pas tes mots, c'est faux.
Quand ce n'est pas ton sourire, ce ne sont que des larmes.
Quand tu n'es pas là, le monde est triste.
Peut être même encore plus qu'avant.Je pourrais être mieux. Tu me fais peur parce que j'ai peur de moi même, près de toi.
Alors j'ai peur d'être mieux. J'ai peur d'être moi.JungKook souffle. Son soupir est compact. Et le froid commence à s'éloigner. Alors JungKook fait de même. Il rejoint les ténèbres. Il y en a qui attendent ses messages.
Le soir, TaeHyung laisse la porte ouverte. Il n'y a personne dans les rues, à part les enfants. Mais les enfants préfèrent les voitures déjà amochées. Il n'y a personne dans l'immeuble. A part peut être un centenaire au rez de chaussée. TaeHyung entend le grésillement de la télé qui résonne à travers le hall. TaeHyung n'a pas de télé. Il déteste ça. Il déteste ça. Il déteste ça. Allongé sur le sol, les bras en croix, ses paupières tombent. Il est peut être tard. Il est toujours si tard. Et TaeHyung a toujours un peu sommeil, au fin fond de l'âme.
Ce soir la torpeur l'écrase. Lentement le grésillement lointain se transforme. Il le suit dans ses rêves. Et le fond noir devient une salle à peine plus éclairée. Mais la faible lumière bascule. Le grésillement se change en voix. Et la lumière en cube. C'est un poste de télé, seul, au milieu de la pièce. TaeHyung est assis en tailleurs en face de lui, la tête levée, il se sent petit. Il ne voit pas les images, mais il se passe quelque chose à l'écran. Mais l'action est changeante. D'abord c'est une musique grotesque et des dialogues sans sens, des voix sans visages, puis ce sont des jingles et des flash infos par milliers, des nouvelles sans images. Mais quelqu'un les coupe. Un point qui tremble au centre de la télé. Mais quelqu'un la remet en marche. L'écran est bleu. L'écran est rouge. L'écran est blanc. Si blanc que ça lui enflamme la rétine. Ses yeux brûlent. Ses yeux brûlent. Ils sont rouges. Les conjonctivites s'enfoncent jusqu'au plus profond de ses globes oculaires. Il les cache, les met à l'ombre. Et les sons ont encore changé. Il entend des coups de feu, et des cris d'Hommes, et des mots, et des plaintes. C'est la guerre. Et il y a tous les autres enfants autour de lui qui rient et s'amusent, qui s'exclament. Ils sont euphoriques. Leurs pupilles dilatées sont presque entièrement recouvertes par leur iris. Et de leur bouche ouverte coulent des flots de bave répugnant. Et c'est la guerre. Et des hommes meurent sur l'écran blanc. Et les enfants rient. Rient tellement. C'est si drôle. C'est hilarant. Des tirs. Des bombes. Et des cris stridents.
VOUS LISEZ
Minuit - TaeKook
FanfictionMinuit, dans une ville. Minuit, en haut des immeubles. Minuit, des perles dans les yeux. Minuit, et un ciel sans dieux.