Noir - Givre

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Noir-Givre

Une foule en transe.
Les humains de tous les âges qui se précipitent dans une rue bondée.
L'agitation est de haine.
Des corps qui attrapent d'autres corps, qui frappent d'autres corps, qui les projettent contre d'autres corps, encore. Et des corps qui courent, qui hurlent, qui paniquent.
La brutalité dans le poing, et des hématomes dans la ville,
Des corps qui ne font plus qu'un.
Un seul corps qui se distord dans tous les sens, qui cherche à fuir.
Il ne trouve rien.
Où qu'il aille, il a mal.
Ils sont nombreux dans ce coin d'ombre.
Les néons sont comme des boules de lumière
Qui n'éclairent que les reliefs de leurs visages.
Et quelle étrange couleur, au milieu de la colère.
Il y en a qui se cognent.
Il y en a qui s'enfuient.
Il y en a qui s'attrapent par le col, par le bras, par les cheveux et qui se retiennent.
Il y en a qui se jettent sur le sol, et puis qui se battent,
Tout contre le béton de l'asphalte.
Il y en a qui pleurent, qui se sont perdus.
Et ils ont tous peur.
Ils ont tout perdu.
Et c'est la peur qui les rend mauvais. Les gens.
Et au milieu de cet horrible mouvement, deux corps immobiles.
Droits, et vêtus de beauté, au cœur du combat,
La peau de leur courage palpite.
TaeHyung a la joue sur l'épaule de JungKook,
Ses yeux fixent le vide.
Ils ne cillent pas
Et une larme seule, bleue claire, gelée par l'enfer
Coule en silence.
Les bras de JungKook dans son dos ont plus d'ardeur que tous leurs cris.
Et JungKook le tient, tout en cherchant ce qu'il ne peut pas voir,
De la paix, ou de l'espoir.
Ils sont les deux disparus dans la lumière
D'une ville qui voit tout
Ils sont les inconnues d'un mystère
Dont on ne vient jamais à bout
Ils sont la nuit en langage binaire
Les sains et puis les fous
Ils sont les deux seules constellations, dans un ciel glacé.
Accolées, l'une à l'autre,
Prêtes à s'embraser
Et à consumer l'autre
Pour tomber dans l'espace
Et disparaître ensemble.


Que s'est-t-il passé ?

Cesse de crier.
Tu ne fais que rêver
encore
De ce jour maudit
Où il faisait nuit.

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Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

Ce qu'il s'est passé.
Ça a commencé normalement. Comme tous les jours, on fuyait.
Et puis il a fallu qu'on redescende tout en bas.
Et ça faisait des jours, peut être des semaines, qu'on avait pas été en bas.
Sauf qu'on savait pas.
On savait pas.

Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

C'était juste de la lumière au départ.
Des foutus flash bleus.
Et puis c'était plus que de l'ombre à la fin.
Cette ombre à la con.
Sans couleur.


Il fait nuit. Encore. TaeHyung caresse les mains de JungKook. Ses doigts jaillis de manches trop longues, tracent les lignes de sa paume. Il part de tout en bas, à la limite de son poignet, puis il remonte le long de sentiers creusés, comme le nid d'un fleuve. Et le bout des doigts de TaeHyung rejoint le bout des doigts de JungKook. Et il se rend compte que la peinture qui était incrustée entre ses pores et sous ses ongles, a laissé place aux tâches sombres d'une cité d'encre. Et ça lui fait de la peine. Alors il porte sa main à son visage, espérant que la fleur qui rosit sa joue, puisse réchauffer ces tristes bleuets qui ne veulent pas s'en aller.

TaeHyung embrasse sa main repliée.
JungKook embrasse son front.

Ils s'en vont.

Rayon de lumière
Absorbée par le gouffre
Dans leur œil


Minuit - TaeKookOù les histoires vivent. Découvrez maintenant