Chapitre 3

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En sortant du cabinet de ma psy je me sentais un peu mieux. On avait discuté un peu plus longuement de ce fameux serveur et elle avait jugé que ce n'était peut-être pas une si mauvaise idée après tout. Rien ne m'empêchait d'essayer, elle avait raison, je pouvais toujours le rencontrer et voir où tout ça nous mènerait. En revanche, et elle était très stricte sur ce point, je devais le faire uniquement pour moi et pas pour faire plaisir à mes parents. Je ne devais pas sortir avec ce garçon dans le but de faire illusion et d'enfouir un peu plus mon problème au plus profond de mon subconscient, en somme faire comme si de rien n'était. Je ne devais pas me mentir.

C'était promis, pas de mensonge. De toute façon, je réagissais plus ou moins bien en fonction des hommes et de leurs attentes à mon sujet alors je ne pouvais rien prévoir. En dehors du fait qu'il m'était totalement impossible d'imaginer coucher avec un homme, mes rapports avec eux étaient tout à fait normaux à quelques détails près.

Plantée sur le trottoir, je pris mon téléphone dans mon sac et vis pas moins de six messages que je commençai à consulter immédiatement.

Il y en avait deux pour de la publicité de prêt-à-porter, un de mon amie Gabrielle, deux de ma mère et un d'un numéro inconnu. J'effaçai sans même les avoir lus les deux premiers et ouvris celui de mon amie "Gab", parce qu'elle détestait qu'on l'appelle Gabi. C'était un arrangement entre nous, je ne l'appelais pas Gabi et elle ne m'appelait pas Margaret. Tout le monde était content.

Gabrielle était en troisième année de médecine et ne se départait jamais de sa pêche incroyable. Grande, belle, brillante, tous les hommes étaient à ses pieds. Il ne se passait pas une semaine sans qu'elle ne "décompresse", comme elle osait le dire, avec un homme différent à chaque fois. Elle avait une confiance en elle qui me faisait toujours pâlir de jalousie. Avec sa longue chevelure blonde, épaisse, mais terriblement souple, elle était l'archétype même de la sirène. Pour elle la gent masculine était là pour lui offrir sur un plateau d'argent tout ce qu'ils avaient à offrir et le sexe en était le must. Très sûre d'elle et du charme qu'elle avait sur eux, elle assumait son côté volage comme une religion. Elle avait des besoins et estimait qu'il était sain de les assouvir.

Je crois qu'on peut dire qu'elle était tout le contraire de moi. Malgré tout ça, il n'y avait pas de place dans sa vie pour un quelconque petit ami. Son grand amour à elle c'était la médecine et c'était justement à ce propos qu'elle m'écrivait.

De Gab :

Salut ma poule, je ne sais pas ce que t'as prévu de faire de ton petit cul ce soir, mais j'aimerais te traîner à un truc que tu vas adorer. Dis-moi quand tu sors de ton cours yoga.

Le yoga, franchement j'aurais préféré. Pour justifier mes absences auprès de ma fouineuse de copine, j'avais inventé cette histoire comme quoi je suivais des cours de yoga une fois par semaine. Sur ce coup-là j'étais tranquille, pas de chance qu'elle m'y suive vu le travail de malade qu'elle avait avec son cursus.

Avant de lui répondre, je lus mes autres messages, notamment ceux de maman. L'un d'eux laissait transparaître toute son euphorie en m'expliquant qu'elle avait donné mon numéro de téléphone au serveur de tout à l'heure, tandis que l'autre me demandait déjà s'il m'avait contacté. Quand bien même ce fut le cas, je n'avais pas l'intention de lui en parler. Cette démarche devait être personnelle, c'était pour moi un pas à franchir, mais que je devais faire de mon plein gré et pas seulement pour plaire à ma mère. Je passai donc directement au dernier sms de ma liste.

De 06 45 18 XX XX :

Salut, je m'appelle Robin. On s'est vu tout à l'heure au café et j'imagine que tu vois qui je suis puisque tu as envoyé ta mère me donner ton numéro. La tactique est nouvelle et étrange pour moi, mais je dois avouer que physiquement tu me plais beaucoup alors si tu veux on pourrait s'organiser un petit truc un soir. C'est toi qui vois. Bye.

Cœur ArtificielOù les histoires vivent. Découvrez maintenant