Chapitre 58

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Le lendemain matin, comme prévu, Charles ne fit référence à rien. Était-ce par honte ou par pudeur ? Nous nous étions réveillés, enlacés l'un dans l'autre, son visage posé sur ma poitrine. J'étais déjà éveillée depuis plusieurs minutes, mais n'avais pas envie d'écourter ce moment. Je profitais de la douce torpeur dans laquelle je me trouvais, délicatement portée par la chaleur de sa peau. Je n'osais pas bouger de peur de le réveiller et ainsi de mettre fin à tant de quiétude.

Lorsqu'il se réveilla de lui-même, sa joue était froissée de façon adorable. Je jetai un coup d'œil à l'horloge et il fit de même. Il n'était pas loin de dix heures trente-quatre. Il se redressa et m'observa, le visage grave, des cernes de fatigue grosses comme des valises sous les yeux. À croire qu'il n'avait pas dormi de la nuit. Il se frotta le visage énergiquement et sauta littéralement hors du lit.

- Je suis en retard ! Merde, jura-t-il en ramassant ses chaussures.

Cette petite grossièreté matinale n'augurait rien de bon pour le reste de la journée. C'était un bon baromètre pour jauger de son humeur du jour. Il avait un sale caractère, ça oui, mais il n'avait pas pour habitude d'être vulgaire. Il perdait parfois pied quand il n'était pas maître de la situation et que les choses échappaient à son contrôle.

Je m'assis dans mon lit et le regardai gesticuler dans tous les sens comme un pantin désarticulé, complètement paumé.

- Qu'est-ce que tu cherches ? l'interrogeais-je.

Il s'immobilisa et observa tout autour de lui.

- On n'est pas dans ma chambre !

Ce n'était pas une question, c'était très clair dans l'intonation de sa voix. Je ne savais pas vraiment ce que j'étais censée lui dire. Oui nous n'étions pas dans sa chambre. Savait-il pourquoi ou était-il dans le déni complet ? Comme il ne s'agissait pas d'une question je pris le parti de ne pas lui faire l'affront de répondre et lui donnais quelques secondes.

- Je viens de louper une réunion importante, lâcha Charles dans un souffle sans faire allusion à la veille. J'ai un voyage d'affaires de quelques jours, je dois aller faire ma valise.

- Tu ne m'en avais pas parlé ! lui fis-je remarquer sans trop le blâmer.

- Je suis désolé !

- Ce n'est pas grave, tu me le payeras en rentrant, lui répondis-je sur le ton de l'humour.

Il se détendit et m'offrit ce petit sourire en coin auquel je ne pouvais pas résister. Il était hors de question de lui faire une scène, il aurait bien assez de ces fameux quelques jours pour ruminer ce qui c'était passer la veille. Je commençais à comprendre que dans cette relation je serais souvent amenée à être seule.

Il se glissa sur la couette jusqu'à moi et m'embrassa le front comme à son habitude.

- J'en ai pour trois jours je pense ! Mais quand je rentrerais, je saurais me faire pardonner.

- De quelle manière ?

- Je te laisse imaginer..., susurra-t-il avant de s'éclipser à toute vitesse.

Je m'effondrais sur mon lit, soulagée que ce réveil que je redoutais tant se soit bien passé.

- Et tu vas en cours, hurla Charles du couloir.

Une heure plus tard, il avait quitté les lieux en me laissant une liste de recommandations que je commençais à connaître par cœur. Je devais répondre à ses appels, demander à Paul de m'accompagner dans mes déplacements, aller en cours et bien évidemment être prudente. Comme à chaque fois qu'il devait s'absenter pour le travail, je savais que son majordome allait me coller au basket durant toute la durée de son séjour, histoire de pouvoir lui rapporter mes moindres faits et gestes. Son excès de possessivité n'avait plus de secret pour moi. Pourtant, de mon côté, je ne l'entendais pas de cette oreille.

Cœur ArtificielOù les histoires vivent. Découvrez maintenant