Chapitre 65

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Après l'arrivée surprise de Charles, il n'y avait plus rien que je puisse faire pour tenter de le rassurer. Trop inquiet à l'idée que je sois en train de le quitter, il avait tout laissé en plan pour revenir le plus vite possible. Je n'arrêtais pas de penser à ça et tentais d'imaginer ce qui pouvait bien se produire dans sa tête à ce moment-là, lui qui n'osait même pas me dire je t'aime.

Combien de fois avais-je voulu aborder ce sujet avec lui ? J'avais tellement envie de le questionner sur les raisons, réelles ou non, qui faisaient de lui un être si protecteur, si angoissé par la solitude et l'abandon. Je ne souhaitais pas aborder un sujet aussi sensible n'importe quand. Je devais trouver le bon moment, cet intervalle parfait où il pourrait se sentir suffisamment en confiance pour se dévoiler entièrement à moi. Malheureusement, le timing n'était jamais le bon. Peut-être y avait-il un lien avec la mort de sa sœur, qui sait...

J'étais confortablement installée sur mon lit, en pyjama short, à lire un bon livre en essayant de me détendre, pendant que Charles prenait une douche. Bizarrement, ou pas d'ailleurs, j'avais le plus grand mal à me concentrer sur ma lecture. Je relisais encore et encore la même phrase, hantée par le souvenir du corps nu de Charles que j'avais pu observer quelques jours plus tôt au manoir. Même si je ne l'avais vu que de dos, cette pensée déclencha en moi une vague de chaleur indescriptible.

Quand il sortit de la salle de bains une dizaine de minutes plus tard, ses bouclettes toutes retombantes et dégoulinantes, vêtu d'un short de nuit et d'un T-Shirt noir sans prétention que Paul avait eu la gentillesse de lui déposer, il se jeta à plat ventre sur le lit. Son plat me fit rebondir si fort qu'il réussit à me faire lâcher mon livre et perdre ma page. Je fis mine d'être exaspérée, comme s'il me tirait d'une lecture absolument passionnante alors que j'étais finalement incapable de faire un résumé de ce que je venais de lire.

Honnêtement, je n'avais rien trouvé de mieux que de faire semblant d'être absorbé par mon récit pour qu'il ne tente rien de stupide ou qui me mettrait mal à l'aise. Bêtement, j'avais imaginé qu'il me laisserait tranquille et qu'il s'endormirait bien sagement. J'osais espérer qu'il mettait notre petit accord stupide à profit tout en priant pour qu'il n'en fasse rien.

- Qu'est-ce que tu lis ?

Loupé, il était d'humeur causante.

- Un livre de Zombies ! m'empressai-je de lui répondre en brandissant ledit ouvrage.

- De Zombies ? Pas d'histoire d'amour à l'eau de rose ? s'étonna-t-il.

- Et non ! Je préfère les morts vivants. Avec eux c'est plus facile, ils n'ont qu'un seul but dans la vie : bouffer de la cervelle. En plus, niveau communication ils sont pas mal réduits.

Il fronça les sourcils, dubitatif.

- Oh aller, le taquinai-je. Tu n'es pas vieux jeu au point de croire que toutes les femmes sont accros à ce genre de trucs ?

- Si, j'avoue que je le pensais, mais une fois encore tu es l'exception qui confirme la règle, me charma-t-il en faisant remonter son index le long de ma jambe nue.

Il réussit à déclencher en moi de violentes vibrations qui m'électrisèrent jusque dans la nuque. Il le remarqua bien évidemment et sembla très fier de lui. Je n'eus d'autres choix pour me sortir de cette situation que de tenter de noyer le poisson.

- Et si tu me racontais ce voyage ? clamai-je en ramenant mes jambes vers moi pour ne plus les laisser sans surveillance juste sous son nez.

Sa réaction fut immédiate. Il fit demi-tour pour s'allonger sur le dos à mes côtés, tête gentiment posée sur l'oreiller et bras derrière la tête.

Cœur ArtificielOù les histoires vivent. Découvrez maintenant