Chapitre 12

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Ce jour-là, j'avais déjeuné un peu plus tard que d'habitude, vers quatorze heures. J'avais englouti, en compagnie de Squeezy, un dürüm au saumon, l'une de mes spécialités. Le reste du temps, j'avais révisé comme à mon habitude avec ardeur pour ne pas avoir à penser une seconde de plus à tout ce qui me faisait peur.

Pour la première fois depuis bien longtemps, j'eus du mal à me concentrer. Je ne cessai de lancer des coups d'œil à mon téléphone, espérant de lui qu'il me sorte de mes révisions. Si je sortais avec Robin ce soir, c'était pourtant à Charles Potens que je pensais en permanence. Je n'arrêtai pas de me demander à quel moment il finirait par me rappeler pour me faire une fois de plus son numéro de grand séducteur. Pour être tout à fait honnête avec moi-même, j'espérai qu'il le fasse, au moins pour avoir l'opportunité de m'excuser pour m'être montré si sèche avec lui la nuit dernière.

Bien qu'il s'agisse de tout autre chose, je priais aussi pour que Robin m'envoie l'un de ces messages lâches annulant notre rendez-vous. Ce ne fut pas le cas, ni pour l'un ni pour l'autre. Je dus me faire une raison, et une fois mon esprit débarrassé de ces deux parasites, je me replongeai dans mon travail.

Je ne relevai la tête que vers vingt heures quand ma boule de poils sauta sur mes fiches pour s'emparer de ma gomme comme s'il s'agissait d'une proie se débattant de toutes ses forces. À peu de chose près, j'aurai pu rater mon rendez-vous, mais c'était sans compter sur la cruauté de ma destinée.

Mon cœur battait à une vitesse anormale lorsque je pris mes clés de voiture dans mon sac pour honorer comme une femme courageuse ma promesse. J'aurai sans doute été moins stressé si Gab avait pu m'accompagner. Après tout, il n'était question que d'un verre entre nous, pas d'un dîner romantique. Je ne voyais donc aucun mal à ce que Gabrielle puisse venir avec moi. De toute façon, la question ne se posait pas. Elle avait déjà une soirée palpitante en perspective avec l'une de ses nouvelles victimes.

En sortant de mon immeuble, je me fis la réflexion que le temps était vraiment très agréable. J'étais un peu en retard et j'espérai que Robin soit arrivé avant moi et ai eu la bonne idée de prendre une place en terrasse.

La circulation était affreuse et j'arrivai avec presque un quart d'heure de retard. Par chance, je trouvai une place pas très loin de mon lieu de rendez-vous et me pressai pour ne pas faire attendre Robin encore plus que ça ne devait déjà être le cas. En arrivant sur la terrasse, il ne me fallut que quelques secondes pour sonder la foule et remarquer qu'il n'était pas là. Soit il s'était installé à l'intérieur, soit il était encore plus en retard que moi. Ça promettait.

Je n'avais pas d'autres choix que de faire la vérification moi-même. Je dus entrer dans le café pour scruter les clients et eus enfin la confirmation que je m'étais pressé pour rien. La terrasse était déjà certainement bondée depuis longtemps et il ne restait plus aucune place à l'extérieur. Je dus me rabattre sur une petite table au fond de la pièce et commandai un soda, espérant que le sucre qu'il contenait n'absorbe les dernières traces d'alcool de mon organisme.

Pour tuer le temps, je sortis mon portable de mon sac pour chercher du réconfort auprès de Gab.

De Maggie :

Je suis en retard et il n'est toujours pas là. Le mufle !

De Gab :

C'est toi qui dis ça ? Tu viens de dire que tu étais arrivée en retard...

De Maggie :

Oui mais moi c'est normal !

De Gab :

Mais bien sûr. En attendant, ça ne t'était pas venu à l'idée qu'il avait peut-être été à l'heure et qu'il s'est barré parce qu'il en avait marre de faire le piquet ?

Cœur ArtificielOù les histoires vivent. Découvrez maintenant