Chapitre 63

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Finalement, j'allais pouvoir arriver à l'heure en cours. Mieux que ça, j'avais même le temps de passer me chercher une boisson chaude à emporter et peut-être une pâtisserie. Je remontai dans ma voiture et partis en direction d'un coffee-shop proche du campus. Durant le trajet, je repensais à cet examen peu conventionnel que j'avais vécu quelques minutes plus tôt. Me faire draguer aussi ouvertement par un ami de Charles avait quelque chose d'extrêmement dérangeant. Charles était-il au moins au courant que George était un chaud lapin ? En même temps, qui se ressemble s'assemble. Ces deux-là étaient un peu sur la même longueur d'onde, mais je n'étais pas certaine que Charles aurait été ravi de savoir que son ami avait profité ainsi de la situation et de son absence. Durant quelques secondes, j'émis même l'hypothèse que toute cette scène ne soit qu'un test pour juger de ma fidélité, mais j'effaçai très vite cette éventualité de mon esprit. Je devais arrêter d'être aussi parano. Certes, Charles était légèrement possessif, mais de là à le voir comme un manipulateur compulsif, peut-être pas.

Je pensais déjà à la prochaine fois où Charles et moi aurions une conversation. Il y avait tellement de choses que j'aimerais lui dire, des sujets importants que je voudrais aborder. Malheureusement, j'étais persuadée que bon nombre d'entre eux passeront à la trappe au profit de celui qu'il aura jugé le plus important à ce moment-là.

Je m'arrêtai pile devant un petit coffee-shop dans lequel j'avais l'habitude d'aller entre deux cours ou le temps de ma pause de midi. Ils faisaient des mélanges de saveurs absolument incroyables et j'avais depuis le début ma petite préférence.

Je mis mes lunettes de soleil et fis la queue. En attendant que ce soit mon tour, je saisis mon téléphone dans mon sac et ne découvris aucun nouveau message de Charles. Il devait vraiment être fâché car la dernière fois qu'il avait gardé le silence comme ça, j'avais dû escalader sa façade pour qu'il accepte de m'adresser la parole. Présentement, je ne savais pas du tout où il se trouvait et, même si je l'avais su, j'estimais avoir commis suffisamment d'imprudence pour lui. Je ne demandais pas mieux que d'apaiser les tensions, d'autant plus que tout ça était ma faute. En revanche, même si j'acceptais d'endosser le chapeau de nos différends, il fallait tout de même admettre qu'il réagissait un peu fort face à la situation. Il n'y avait quand même pas mort d'homme à vouloir profiter de son appartement quand Monsieur partait en voyage d'affaires. S'il s'imaginait que j'allais tranquillement attendre son retour en passant tout mon temps loin de lui comme si j'étais en apnée il se gourait.

Du coup, je ne lui en écrivis pas des tartines. Je cherchai quelque chose de simple, faisant mine de ne pas être au courant qu'il était furax et comme si je n'étais pas affectée par sa réaction.

De Margaret :

Je viens de quitter le cabinet du Docteur Petitjean. J'ai été très bien accueillie... Ton ami est étrange, mais pour ma cheville RAS. Hâte de te revoir. Tu me manques. Je t'aime.

Oui, ce message me plaisait bien alors je l'envoyai. Le timing fut parfait car ce fut à mon tour de passer commande. Je pris un gobelet à emporter de lait d'amande, lavande et miel ainsi qu'une barre paléo au chocolat et cranberries. Je me réjouissais déjà d'engloutir ça durant mon premier cours de la matinée qui n'était jamais très passionnant il fallait bien l'avouer.

- Votre prénom ? me demanda la serveuse pour l'inscrire au marqueur sur mon gobelet.

- Margaret ! répondis-je en enlevant mes lunettes pour les reposer dans mon sac et me saisir de mon portefeuille.

La bouche de la serveuse s'ouvrit en grand tandis que j'attendais qu'elle m'annonce le montant de ma commande. Mon premier réflexe fut de jeter un coup d'œil en arrière pour tenter de comprendre d'où provenait son étonnement avant de comprendre que j'en étais la cause. Cette situation commençait à m'agacer. S'étaient-ils tous donnés le mot ce matin ? Moi qui, d'habitude, étais si transparente. Qu'est-ce qui avait bien pu changer depuis ces derniers jours ?

Cœur ArtificielOù les histoires vivent. Découvrez maintenant