Chapitre 24

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Je me sentais pousser des ailes tout en étant pétée de trouille. Pour le moment, je relativisais et trouvais la situation plutôt géniale. Je ne craignais rien à être heureuse pour le moment, je n'avais pas à me poser trop de questions puisque je ne reverrai pas Charles avant plusieurs jours. J'avais largement le temps de paniquer quand il sera revenu. Pour le moment, je profitai du meilleur, d'un doux souvenir de lui et de cet état de grâce dans lequel on se trouve durant les premiers jours d'une relation. En réalité, c'était ma première relation avec un homme, mais ça ne changeait sans doute rien du tout par rapport à mes émotions.

Ce soir, Gab et moi avions décidé de nous voir chez moi. Mon amie estimait que je devais me ménager car je sortais tout juste de la grippe du siècle selon elle. Je n'étais pas contre une petite soirée tranquille dans mon salon. J'avais déjà pris ma douche et avais même réussi à ne pas la faire durer plus de dix minutes. Un exploit en soi. Je terminai tout juste les préparatifs de notre repas, une pizza aux légumes grillés avec de la salade, quand on frappa à ma porte.

- Entre ! criai-je en touillant la salade dans la cuisine.

La porte s'ouvrit et j'entendis la voix d'un homme me héler.

- Mademoiselle Margaret ?

Dans mon appartement, seule une petite entrée séparait la porte de la cuisine. Je me figeai sur place, prenant conscience qu'un homme venait d'entrer chez moi sans mon consentement. À bien y réfléchir je l'avais invité à entrer, mais pour ma décharge je pensais qu'il s'agissait de Gab. Je me glissais discrètement dans l'ouverture donnant sur l'entrée et découvris un homme portant un gigantesque bouquet de pivoine rose pâle et blanche. Le pauvre ne voyait presque plus rien, mais je n'eus pas vraiment le loisir de le plaindre, j'étais beaucoup trop angoissée par sa présence chez moi.

- Qui êtes-vous ! grondai-je.

- Je m'appelle Paul, Mademoiselle. Je suis le majordome de Monsieur Potens. Il m'a chargé de vous livrer ses fleurs après son départ, m'expliqua l'homme d'une quarantaine d'années. Où puis-je les poser ?

Je m'empressai de les récupérer pour ne pas lui permettre de faire un pas de plus à l'intérieur de mon appartement et les déposai sur la table. Je m'attendais à ce qu'il reparte aussi sec, mais il resta sur place. Je commençai sérieusement à paniquer car Gab n'allait pas tarder à arriver et j'allais avoir du mal à lui expliquer la présence de cet homme sans faire référence Charles. Je le rejoignis dans l'entrée et l'observais en attente de la suite.

- Vous le remercierez ! dis-je finalement en me dirigeant vers lui pour l'obliger à reculer et à sortir de chez moi.

Il comprit très bien que je cherchai à le mettre dehors, mais il mit la main sur ma porte pour m'empêcher de la refermer. J'en restai sans voix.

- Je suis désolé de vous importuner mademoiselle, mais j'ai des directives très strictes, s'excusa-t-il de s'imposer de cette manière.

- Stricte ? Ça ne m'étonne pas. Que puis-je faire d'autres pour vous ? demandai-je à Paul en me détendant un peu davantage.

- Monsieur Potens m'a chargé de vous transmettre un message, commença-t-il.

- Et ces fleurs ! lui désignai-je le bouquet posé sur la table.

- Oui, Monsieur à beaucoup de goût et bien des qualités.

- Vous dites ça parce que c'est votre patron ? gloussai-je. Ne vous inquiétez pas, il ne peut pas vous entendre ici.

- Ne vous faites pas une mauvaise opinion de lui, il est plus doux qu'il n'y paraît. C'est un homme bien, mystérieux, mais bien !

- Vous travaillez pour lui depuis longtemps ? m'enquis-je en voyant là une opportunité de connaître Charles sous un autre jour que celui qu'il voulait bien me montrer.

Cœur ArtificielOù les histoires vivent. Découvrez maintenant