Chapitre 33

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Charles resta avec moi le temps de boire son thé puis il rentra chez lui. Nous eûmes le temps de discuter de tout et de rien, de son séminaire et de bien d'autres sujets légers. Nous n'avions pas spécialement envie de continuer à parler de choses qui fâchent. Nous nous étions suffisamment déchirés comme ça pour aujourd'hui. À partir de là, je sentis notre couple démarrer sur une nouvelle dynamique.

Ce fut vers les deux heures du matin qu'il quitta mon appartement et que je rejoignis mon lit pour m'endormir en moins de cinq minutes sans ressentir le besoin d'aller me laver. Pour la première fois de ma vie, je me sentais bien avec une autre odeur que la mienne sur le corps au point de ne pas vouloir qu'elle disparaisse dans les volutes de vapeurs d'une cascade d'eau bouillante. Ce doux parfum sucré m'emporta et me berça jusqu'au petit matin. C'était comme l'avoir à mes côtés sans avoir à craindre quoi que ce soit.

Bien évidemment, le lendemain, mon téléphone sonna dans tous les sens. Charles, Gab et ma mère se disputaient mon temps comme des chiffonniers. Je promis à Gab de tous lui raconter dès que j'en aurais le temps, à ma mère que je l'appellerai un tout petit peu plus tard et offris toute mon attention à Charles.

- Comment c'est passé ta nuit ? roucoula Charles à l'autre bout du fil.

- Pour être tout à fait honnête, j'ai rêvé de toi toute la nuit.

- Vraiment ? s'étonna-t-il.

- Oui !

- À quelle heure Paul peut-il passer te prendre chez toi ?

- Ce matin ? Mais il est déjà plus de 10 h 30. C'est un peu tard plutôt cet après-midi non ?

- Non, je veux passer tout mon temps avec toi et puis j'ai une surprise pour toi.

- Ce n'est pas une maison accolée à la tienne que tu m'as fait construire pendant la nuit, rassure-moi.

- Non ! gloussa-t-il. Rien d'extravagant. À vrai dire, je voudrais te faire découvrir quelque chose qui me ressemble, quelque chose de simple.

- Tu m'intéresses tout à coup. Disons dans une heure ? proposai-je curieuse de savoir ce qu'il m'avait préparé.

- C'est parfait !

Nous raccrochâmes et je courus dans la salle de bains dans le seul but cette fois de prendre une douche et non pas de tenter de faire disparaître ma peau pour en faire apparaître une nouvelle qui n'aurait pas été souillée. En peu de temps, Charles avait déjà fait des merveilles sur moi et qu'importe ce que pensait ma psy, elle avait tort, Charles était la personne qu'il me fallait.

Après avoir détrempé sous la douche, je m'habillais avec un simple jean plutôt moulant, une chemise lavallière trop large pour moi rose avec des oiseaux noirs et une paire de rangers noir. Je me moquais bien de savoir si ces vêtements allaient ensemble aux yeux des autres ou non, j'étais moi-même et il était hors de question que je fasse semblant d'être quelqu'un d'autre pour tenter de plaire à Charles. J'eus tout juste le temps de remplir la gamelle de croquette de squeezy que Paul tapotait déjà doucement à la porte. Je courus lui ouvrir et le laissai entrer le temps que je prenne ma veste et mon sac.

- Bonjour Mademoiselle Margaret ! Euh Maggie, se corrigea-t-il tout seul.

- Bonjour Paul ! Comment allez-vous ?

- Très bien, merci. Êtes-vous prête ?

- Je prends mes affaires et on y va.

Je pris à la volée mon téléphone, mon sac à main et mon perfecto en cuire noir et suivis Paul jusqu'en bas de l'immeuble. Sa belle voiture était garée juste devant la porte alors qu'il s'agissait depuis toujours d'une place réservée aux livraisons pour le petit traiteur juste à côté. Une pervenche passa juste à côté de nous en saluant très poliment Paul d'un signe de tête sans lui faire la moindre remarque sur son emplacement interdit.

Cœur ArtificielOù les histoires vivent. Découvrez maintenant