Chapitre 1 ~ Qui va à la chasse, perds sa place

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Cela faisait déjà dix minutes que j'étais assise dans le canapé, au salon, le regardant se trémousser avec l'aspirateur en chantonnant « Ghostbuster ♫ ». Comme si une touffe de poussières était comparable à un fantôme vert ressemblant à un gros tas de morve.

« - Tu es ridicule, tu le sais ça ? »

Mais rien ne l'arrête. Rien ne le stoppe. Il se contente de sourire en secouant ses fesses sous mon nez.

« - Le ridicule ne tue pas Marguerite ! Parce que ce qui ne tue pas rend plus fort. »

Alors cette phrase, je ne sais pas qui l'a inventé, mais elle est inutile.

« Ce qui ne tue pas rends plus fort » en quoi ça rends plus fort d'avoir une gastro ? On est juste plié en deux dans un tête-à-tête romantique avec la cuvette des toilettes.

« - N'empêche, tu pourrais m'aider à faire le ménage.

- Pourquoi ? C'est ton jour. J'ai fait la vaisselle et j'ai sorti la poubelle. L'aspirateur c'est ton tour et puis je ne voudrais surtout pas interrompre ton moment de plaisir. »

Il éteint ce dernier en s'approchant de moi, se penchant sur le canapé juste à ma hauteur et me murmurant dans un souffle.

« - Tu sais bien que tu es mon seul plaisir pourtant. »

Mais bien sûr.

« - Et mon cul c'est du poulet ?

- Je n'en sais rien. Tu picores du maïs avec ton rectum ? »

Oh !

« - Si c'est le cas, j'aimerais bien voir ça.

- Qu'est-ce que t'en sais ? Ça se trouve je peux faire bien des choses avec mon corps.

- Ah ça, je suis bien placé pour savoir quelles folies tu fais de ton corps. »

Je présume qu'on peut lui accorder ceci.

Voilà maintenant deux mois que William a emménagé avec moi et j'ai l'impression que notre collocation date d'hier. Rien n'a changé en deux mois...Sauf mon quotidien : Je retrouve la cuvette des toilettes levée, la bouteille de shampoing presque finie dans le mauvais sens m'empêchant ainsi d'accéder au reste du produit, une pile incroyable de livres que l'on a sauvés de son appartement viennent orner mon salon et je ne parle même pas de ses caleçons trônant sur mon étendoir à linge.

Oui, en fait, tout a changé avec William.

« - Tu comptes faire quoi aujourd'hui ? Tu restes à la maison ou tu sors ?

- J'ai des CV à déposer, je présume que je vais sortir et déjeuner en ville avec Mathilde.

- Elle bosse elle non ? »

Oui, et alors ?

« - Oui, elle bosse, elle. »

J'ai l'impression d'insister sur le « elle » en prenant grand soin de prendre mon air le plus désagréable possible. Cela faisait déjà quelques semaines qu'il aimait me charrier sur mon statut de « sans emploi ». Entre nous, je suis peut-être sans emploi, mais je ne suis pas SDF moi.

Je dépose alors ma lecture du moment sur la table basse et me dirige vers ma chambre pour me préparer.

« - Hé ! Ce n'était pas un reproche !

- Si ça l'était. »

Je ne veux pas parler de ça.

Je sors de quoi m'habiller et me dirige vers la salle de bain, déposant mes affaires sur le lavabo puis repartant dans la chambre.

Soudain, j'entends l'eau de la douche s'écouler.

« - Hé ! Je devais y aller !

- Oui, mais je transpire avec tout ce ménage. T'iras après. »

Enfoiré. Ma douche.

Ma douche, ma maison, mes règles.

Il tire alors le rideau de la douche et me tire la langue en me disant :

« - Qui va à la chasse perds sa place. »

Ah ouais ? Tu veux la jouer comme ça et me la faire à l'envers ? Pas de soucis. C'est mal me connaître si tu crois que je vais m'arrêter là.

Je me déshabille et jette mes affaires dans un coin, le rejoignant sous la douche.

« - Et qui va à la pêche la repêche ! »

Il éclate de rire tandis que nos deux corps sont pratiquement collés l'un à l'autre. Jamais je n'aurais cru prendre ma douche un jour avec lui, mais après avoir fait plusieurs parties de jambes en l'air, me retrouver nue n'était plus un souci.

Tout ce que je voulais, c'était me laver pour ne pas être à la bourre.

« - Tu veux un coup de main pour te frotter ?

- Avoue que t'aimerais bien, mais je te connais-toi et tes petites mains baladeuses.

- Tu ne connais qu'une partie de mon talent seulement. Je peux faire bien d'autres choses avec mes mains.

- Oh j'en ai conscience, mais pas maintenant. Tu vas me mettre en retard.

- Ah parce que toi tu peux bien me mettre en retard, mais moi je n'ai pas le droit ?

- C'est ça. Aller soit mignon et frotte le bas du dos. J'ai bien dit « frotte » et pas « tripote » ! »

Mais j'ai beau lui dire ça, je sens ses doigts malicieux descendre lentement le long de mon dos.

Je déteste quand il n'écoute pas et le pire c'est qu'il prend un malin plaisir à me faire ça.

« - William !

- Quoi ? Je frotte.

- Non, tu caresses.

- Madame n'est jamais contente.

- En même temps, si tu ne m'avais pas piqué la place, j'aurais pu me laver correctement sans avoir à me battre pour atteindre le shampoing.

- Tout de suite les grands mots ! Pas de ma faute si tu es trop petite pour l'atteindre.

- Fais attention à ce que tu vas dire...Je ne suis pas « petite ».

- Tu es de taille moyenne c'est ça ?

- C'est ça. »

Après l'épisode de la douche, il sort le premier, me tendant ma serviette tandis qu'il file dans « sa chambre ». Dire que mon bureau a été réaménagé pour lui faire de la place et dieu seul sait qu'il en avait besoin.

Une vraie nana celui-là.

Le voisin de la chambre d'à côté - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant