Chapitre 12 ~ Le samedi, les petits vieux sont de sortis!

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Après avoir couché William à ma place, dans mon lit, je partis avec l'ordinateur sous le bras direction le salon. À cette heure-ci, tout le gîte devrait s'être endormi et je devrais enfin être tranquille pour écrire.

Les auteurs sont des oiseaux de nuit apparemment.

« - Il enleva son tee-shirt de façon sensuelle, les gouttes de sueur perlant alors sur son corps finement sculpté et... »

À peine avais-je entendu la voix provenant de par-dessus mon épaule que mon premier réflex fut d'abaisser violemment l'écran de l'ordinateur et de me retourner avec toute la fureur du monde.

« - On ne t'a jamais dit que lire par-dessus les épaules des gens et très impoli ?

- Non, jamais. Et puis, si je ne te connaissais pas, je pourrais presque croire que tu parles de moi. Je t'inspire ?

- Pas du tout. Arrête de te prendre pour le nombril du monde.

- Dommage. »

Il hausse les épaules et fait mine de reprendre son chemin, une bouteille d'eau à la main.

« - J'aurai bien aimé être le centre de tes pensées, moi. »

J'ai déjà suffisamment de monde en tête pour en plus m'accorder un quart d'heure de folie avec les « vivants », mais je mentirais si je n'avouais pas que ce personnage-là est fortement inspiré de Sébastien.

Un copié-collé quoi.

« - Où est-ce que tu vas ?

- Je retourne me coucher. Pourquoi ?

- Non, comme ça. J'étais simplement curieuse. »

Était-ce vraiment de la curiosité ?

« - J'ai ouïe dire que t'avais bravé l'interdit avec le mikado qui te sert de copain. »

Mikado ? Il ne va tout de même pas comparer William a un Mikado, si ?

« - Et alors ? Est-ce que ce sont tes oignons ? Pas à ce que je sache. Et ne l'appelle pas « mikado », il n'est pas tout fin.

- Je lui trouverais un autre surnom dans la nuit. Après je disais ça comme ça, je compatis juste à ton futur triste sort.

- Ta compassion me touche, mais je n'en ai guère besoin. T'as raison, retournes te coucher finalement ! »

Je serais presque vexée que l'on garde ce genre de ton dans notre conversation. J'ai de plus en plus de mal à reconnaître Sébastien dans l'homme qui est devant moi présentement.

« - Ça fait des années que l'on ne s'est pas vu et toi, tu me sors « va te coucher » ?

- C'est toi qui l'as déclaré le premier.

- On pourrait très bien rester ici, tous les deux, à discuter ?

- Et pourquoi pas se faire une belote aussi tant que tu y es ?

- Ah ouais ! Carrément !

- C'était de l'ironie Sébastien... »

Fausse joie.

« - Tu sais, j'y ai vraiment cru ?

- Je sais. Mais c'est si facile de te charrier un bon coup.

- Tu n'as pas changé Marguerite.

- Pourquoi changer une équipe qui gagne ? Dis-moi.

- Bonne question. Je crois que je comprends pourquoi la brindille t'aime finalement. »

On rit tous les deux avant que Sébastien ne reprenne le chemin des escaliers

« - Ne l'appelle pas brindille non plus !

- Comme tu voudras ! »

Le lendemain matin, William et moi fûmes assis tous les deux face à ma tante, croissant les bras et prenant son air le plus autoritaire. Derrière elle, Mathilde, Vincent, Camelia et Sébastien ne formaient qu'un seul bloc.

Merci pour le soutien.

« - J'ai eu toute la nuit pour réfléchir à savoir comment j'allais vous punir tous les deux ! Et part punition j'entends bien sûr « châtiment exemplaire » pour empêcher quelconque de vous imiter dans vos bêtises. Les règles de la maison étaient pourtant simples, claires, mais non...Vous vous êtes allègrement tamponné l'oreille avec. Dans ce cas.. »

La dernière fois que j'ai désobéie à ma tante, j'avais 13 ans. Je m'en souviens encore, car la punition qui a suivi m'a longtemps marquée et me marque toujours autant.

Je me souviendrais toujours de cet été passé à jouer l'épouvantail dans le champ sous les rires de Camelia et de Sébastien.

« - Puisque c'est comme ça...Vous allez tous les deux accompagner Sébastien et Camélia au marché. Si tous les produits ne sont pas vendus...Pas de repas ce soir.

- QUOI ? »

On a tout de suite senti l'injustice dans les yeux des deux derniers.

« - Aller, tout le monde en route. Vous êtes déjà en retard. »

Parce qu'il ne pouvait pas y avoir pire que de faire le marché un samedi matin.

Le samedi, tous les petits vieux sont de sorties.

Le voisin de la chambre d'à côté - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant