Avec notre semaine loin des yeux et loin du cœur de la ville, on aurait presque réussi à oublier pourquoi l'on avait soudainement décidé de partir prendre l'air à la campagne : La pression. Cause numéro une des départs en vacances précipités. William avait retrouvé une boîte mail inondée et moi...Eh bien, rien. En même temps quand on ne travaille pas, on ne peut pas s'attendre à être attendu ou espéré quelque part. Je compatissais presque à son sort.
« - Au fait ! J'ai croisé Madame Jolop dans le couloir tout à l'heure.
- Et ? Qu'est-ce que cette vieille chouette t'a dit encore ?
- Les travaux de mon appart' sont terminés apparemment. Je vais pouvoir réaménager. »
Oh.
Ça, je ne l'avais pas vu venir.
Certes, je savais qu'il n'était ici que de façon temporaire et provisoire, mais j'aurais espéré que notre collocation dure un peu plus longtemps que juste trois petits mois qui nous sont passés sous le nez.
« - Cool. Tu veux un coup de main pour tes cartons ? »
Un blanc. Je le vois alors pencher sa tête par l'encadrement de la salle de bain, tandis que ce dernier me laisser apercevoir ses épaules dénudées. Était-il tout nu, là maintenant ?
« - Cool ? »
Il me dévisage, mécontent, et s'étonne certainement d'une telle réponse de ma part.
« - Comment ça « cool » ? Marguerite.
- Tu voulais que je dise quoi ? Oh ! Attends, attends ! Je la refais : « Oh non ! Mon dieu ! 10 mètres vont nous séparer de nouveau ! ». C'est mieux là ?
- Alors d'une, ton jeu d'actrice est moisi et de deux...Sérieusement ?
- Quoi ?
- Tu es contente que je m'en aille ? »
Contente ? Non.
Mais je ne me leurre pas, ce n'est pas un mur qui va nous séparer à jamais.
« - C'est vrai que j'ai particulièrement apprécié ces trois derniers mois, mais William...Tu ne pars pas à l'autre bout du monde et encore moins à l'autre bout du couloir. Tu vas juste à côté ! Tu es mon voisin d'à côté !
- Parfois...J'aimerais être plus »
Il bougonne en s'enfermant dans la salle de bain tel un enfant de bas âge vexé.
Vraiment ?
J'entre à mon tour dans la pièce, le découvrant totalement nu tandis qu'il fait mine de m'ignorer.
« - Tu boudes ? »
Pas de réponse.
Oui, il boude.
« - Tu es vexé parce que je ne suis pas déçue que tu retournes chez toi ? »
Encore un vent.
Très bien. Tu veux la jouer comme ça hein ?
Parfait.
Jouons.
Je me retourne et au moment de partir, je lui glisse :
« - À ce que je sache, je ne t'ai pas mis à la porte et je ne t'oblige pas à retourner dans ton appartement. Si tu veux rester ici, tu peux. »
Et au moment même où je m'apprêtais à refermer la porte derrière moi, il la bloque avec sa main, profitant de l'autre pour m'attirer à lui avec un grand sourire.
« - Est-ce une proposition ?
- Plutôt un défi.
- Pourquoi un défi ?
- Arriveras-tu à rester ici ? Telle est la question.
- Je n'en sais...Mais tout ce que je sais pour l'instant...C'est qu'il y a quelque chose qui me préoccupe depuis un petit moment et... »
Tout en me maintenant contre lui, il me fait basculer en arrière, m'entraînant dans la baignoire alors que j'étais encore toute habillée. Notre chute provoqua d'ailleurs un léger débordement sur le carrelage.
« - Ah c'est malin !
- Tsunami ahahaha !
- Gamin va.
- Moi, gamin ? Il me semble que j'ai amplement ce droit-là. N'ai-je pas subi les baisers de vieilles mamies pour toi ? Ne suis-je pas tombée une énième fois malade pour toi ? N'ai-je pas combattu avec fougue et ardeur ton amour d'ado ? Je crois que je peux me permettre certaines choses. Maintenant que tu as assez profité de ma bonté, à mon tour.
- Est-ce une vengeance ?
- Disons le remboursement de ta dette ?
- Ah parce que j'ai une dette ?
- Une énorme... »
Il se rapproche tandis qu'une seconde vague finit par terre. À ce train-là, c'est le couloir qui sera inondé.
« - Une énorme qu'il va falloir rembourser sur le long terme.
- Et comment puis-je rembourser ma dette ?
- Voyons voir...On pourrait faire des choses, toi et moi. Nous sommes seuls...Il n'y a personne autour de nous. Et puis cette semaine de quasi-abstinence m'a rendu fou. Maintenant j'ai besoin d'amour. »
« Moi j'ai besoin d'amour ! Des bisous, des câlins, j'en veux tous les jours ! J'suis comme ça ! ♫ »
Pardon.
Lori sort de ma tête.
« - T'as seulement besoin d'amour ou tu veux autre chose ?
- Va savoir...J'ai peut-être bien deux ou trois idées en tête. »
Il se penche complètement sur moi, plaquant le reste de mon corps dans la baignoire, laissant l'eau me submerger tandis que sa bouche vient fougueusement attraper la mienne. Ses mains viennent impunément se balader sous mon tee-shirt trempé, me caressant tout le ventre tandis que tout mon corps lui en hurle plus.
Il se retire alors avec un sourire satisfait de son œuvre.
« - Tu t'arrêtes là ?
- Oui. »
Il quitte la baignoire, attrape sa serviette qu'il noue autour de sa taille et me laisse penaude, trempant dans ma propre insatisfaction.
« - William !
- Je ne suis plus là ! »
Il ne peut pas me laisser là, me laisser comme ça. Il ne peut pas me faire ça.
« - William !
- J'entends rien ! LA ! LA ! LA ! »
Je sors à mon tour, égouttant partout, par terre et au moment où j'allais sortir, glisse et finie sur les fesses.
« - Ah oui. Sois gentille, n'oublie pas de passer la serpillère dans la salle de bain. Tu seras mignonne ! Je file, je vais au boulot. »
Quoi ? Mais...Quoi ?
« - A ce soir ma chérie ! »
Connard.
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Le voisin de la chambre d'à côté - Tome 2
RomanceVie rythmée selon l'air des années 80', répliques cinglantes lancées au détour d'un couloir et super-héros dans la peau, Marguerite et William en sont à leur deuxième mois de collocation forcée et si tout semblait bien au début, il n'est jamais simp...