Une fois sortis de table, ma tante et Camelia prirent un malin plaisir à retenir Mathilde et Vincent afin de les empêcher de nous suivre discrètement tandis que Sébastien, William et moi, prenions la route pour je ne sais quel endroit reculé de la propriété.
J'avais bien fait de venir avec ces deux-là, car à peine avait-on commencé la marche que la tension était plus que palpable entre ces deux animaux.
« - Tu n'es pas obligé de venir Marguerite. Tu peux retourner à la ferme
- C'est gentil Seb', mais je viens. »
Comme si t'allais te débarrasser de moi aussi facilement. Oserais-tu seulement me prendre pour une idiote ?
William, lui, ne dit rien. Il se contente de le suivre comme son ombre, mais son regard ne le lâche pas d'une semelle. Je me demande à quoi il pense. Est-il soucieux ? Curieux ? S'imaginait-il des choses dans sa tête ? Rien. Il ne laisse rien transparaître ce qui me complique d'autant plus la tâche. Je pourrais être sa princesse guerrière et le sauver des griffes du vilain dragon, mais il n'a pas l'air de vouloir être quelqu'un que l'on sauve. Non. Il ressemble à quelqu'un qui veut se battre. Qui veut en découdre.
Ils ne se connaissent pas et pourtant, ils se détestent déjà.
Ah les hommes ! De vrais enfants.
« - Où est-ce que l'on va au fait ? »
Enfin, il pose une question ! Merci Seigneur.
Je n'ai pas l'habitude de fréquenter un William aussi silencieux et si peu soucieux.
« - Vers la rivière. J'ai un souci avec le barrage que j'ai mis en place afin d'alimenter le champ en eau. J'aimerais un coup de main.
- D'accord. »
La rivière ? Il compte le noyer ?
« - Marguerite tu feras attention, ça glisse là-bas.
- Hé ! Je n'ai pas oublié comment c'était. Ne t'inquiète pas, je suis une grande fille totalement capable de marcher sur deux ou trois galets. »
Sébastien hausse des épaules et je trouverais ça presque insultant ce ton condescendant qu'il aborde avec moi. Où est le jeune homme souriant, chaleureux et amical que j'ai rencontré tout à l'heure ?
Monstre, qui es-tu ? Qu'as-tu fait de mon ami d'enfance ?
Je ne suis peut-être pas capable de marcher en talons aiguilles, mais les cailloux de la rivière ? Pfff ! Même pas peur.
« - Marguerite attention ! »
À peine avais-je formulé cette phrase que me voilà basculant en arrière, sur le premier rocher rencontrant mon chemin, finissant directement dans les bras d'un William parfaitement adroit tel un funambule marchant sur un câble suspendu dans les airs. Je serais presque jalouse de son adresse. C'est censé être moi la campagnarde ici ! Moi !
« - Ça va ?
- Oui...Merci. C'est vrai que ça glisse ahahaha !
- Je t'avais prévenu. »
On ne t'a pas sonné grincheux.
« - Tu devrais faire attention où tu mets les pieds. Tiens, prends ma main, je vais te guider. »
William en bon chevalier servant, me tends sa main sur laquelle je me précipite tel un petit piranha. J'ai l'impression que ça fait une éternité que je n'ai pas eu un contact physique avec lui et rien que le fait de sentir ses doigts s'entremêler aux miens, ça me rend toute chose.
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Le voisin de la chambre d'à côté - Tome 2
RomanceVie rythmée selon l'air des années 80', répliques cinglantes lancées au détour d'un couloir et super-héros dans la peau, Marguerite et William en sont à leur deuxième mois de collocation forcée et si tout semblait bien au début, il n'est jamais simp...