Chapitre 17 ~ Promotion Canapé

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Ça fait cinq minutes, que William me dévisage avec son air le plus dubitatif comme s'il le faisait exprès. Cinq minutes, qu'il est là, devant moi, droit comme un piquet, m'analysant de la tête aux pieds comme si c'était la première fois qu'il m'observait. Cinq minutes qu'il tient son menton dans un faux air de réflexion.

Cinq minutes qu'il m'angoisse.

« - Bon alors ? C'est bon ou pas ?

- Ce n'est pas un peu...Court ? »

Court ? Qu'est-ce qui est « court » dans ma tenue ? J'ai justement l'impression d'être habillée comme une bonne sœur s'apprêtant à rentrer dans les ordres. Mon pantalon n'est décidément plus à ma taille et mon chemisier lui...Eh bien disons que mes seins le remplissent plutôt bien ce qui me laisse à imaginer qu'un bouton est prêt à sauter d'un moment à un autre.

« - Tu devrais te changer. En plus, ça te grossit. »

Tel un doigt du destin, le premier bouton de mon chemisier se fait la belle, se propulsant droit dans l'œil gauche de William, le mettant à terre.

« - Aïe !

- Désolée. »

Ou pas.

Tu as sous-entendu une certaine phrase que je n'aime pas entendre.

Si on demande à un homme ce qu'il pense de la tenue, ce n'est pas vraiment pour avoir un avis franc et sincère, mais plutôt pour un « Ça te vas bien ma chérie ! » même si l'on sait pertinemment, nous les femmes qu'il nous ment.

« - Marguerite, sérieusement, dépêche-toi, on va être en retard sinon.

- Oui, oui. Bon, je me change et on y va ok ?

- D'accord. Je vais me rincer l'œil en attendant. Je vois flou. »

Dit-il.

Aujourd'hui est un grand jour pour moi.

Aujourd'hui est le jour où je me trouve un boulot.

Après avoir passé et obtenu mon diplôme à la fin de ma fac, je me suis retrouvée comme beaucoup de gens...Au chômage. Le titre de « demandeuse d'emploi » m'allait tellement bien que j'eus grand mal à le quitter...Même si théoriquement, je n'étais pas réellement au chômage. Ma qualité d'écrivain m'a permis de survivre ces quelques derniers mois, mais je ne pouvais clairement plus me reposer sur le fruit de mes écrits. Il fallait que je trouve quelque chose.

Et ce quelque chose était apparu, un soir, où William m'annonça que les Éditions Volupté cherchaient un directeur marketing. Parfait ! Voilà que j'ai fait des études de commerce.

Donc après une longue conversation, suivie d'une partie de jambes en l'air et s'achevant sur une interminable conversation, on conclut donc qu'il serait préférable que je tente ma chance là-bas.

En plus d'être mon éditeur.

Mon voisin.

Mon ami.

Mon amant.

Mon copain.

William allait, en quelque sorte, devenir également mon patron.

Ça lui en faisait des titres. De quoi faire rougir Daenerys de Games of Throne.

« - C'est bon ? Tu es prête ?

- Oui, oui ! J'arrive ! »

Je sors de la chambre, attrape mon sac à main et mes convers' porte-bonheur aux pieds.

« - Tu rigoles, j'espère ?

- Quoi ? T'aimes pas ma tenue ?

- Marguerite...Tu vas à un entretien d'embauche, pas passer un oral à la fac. T'as rien de plus professionnel ?

- Si, mais les tailleurs...Ce n'est pas mon truc. Puis les chaussures talons c'est un véritable objet de torture.

- T'en as que pour quelques heures max'. Supporte-le. »

Ça se voit que c'est un homme et qu'il n'y connait rien en termes de chaussures à talons. D'ailleurs, je défie quiconque de sexe masculin de savoir la douleur que cela représente.

Bonjour doigts de pied pétrifiés et ampoules.

Bonjour douleur divine et mal partout.

Excellente journée à toi, torture des temps modernes.

Qui a inventé ces horreurs franchement ?

Une fois changée, et ce, devant un William plus que sérieux que je n'ai pas réussi à déconcentré une seule fois, pas même en me retrouvant en petite culotte devant lui, on se mit tous les deux en route.

C'est la première fois que j'allais officiellement dans le bâtiment de la maison d'édition. Mon contrat, je l'avais signé par lettres interposées.

« - Tu sais, si tu ne veux pas que je bosse dans le même bâtiment que toi, il suffit de le dire hein ! Je ne m'en vexerais pas pour un sou » Si, un peu quand même.

« - Pourquoi je ne voudrais pas ?

- Je n'en sais rien. Je te sens tendu depuis ce matin. T'as peur que je déclenche une fin du monde dans les bureaux ?

- Ah non, pas du tout. En vérité, je suis content si tu travailles avec nous.

- Avec « nous » ou avec « moi » ?

- Avec nous, Marguerite. Je n'aurai ni l'exclusivité, ni le monopole de ta présence.

- Ah, mais ça peut s'arranger aux pauses déjeuner ça.

- Ahaha ! C'est tentant. Pourquoi pas ? Quel fantasme connu n'est-il pas celui que de faire l'amour au boulot ?

- Du moment que la secrétaire ne passe pas sous ton bureau. »

Soudain, je sens son regard dévier ailleurs, ses joues s'enflammant soudainement.

« - Quoi ? Tu l'as... ?

- Hé ! Avant toi, j'ai eu une vie et je ne suis pas né eunuque non plus ! Puis Jessica est assez jolie.

- Jessica ?

- Jess' ouais. Tu verras, c'est une chouette fille. »

Attends un peu que je marque mon territoire. On va voir si elle t'approche encore la Jessica.

« - Elle travaille toujours là-bas ?

- Bien sûr ! Elle fournit un travail exemplaire.

- Dans le sens administratif ou dans le sens, elle fait des pipes parfaites ?

- Marguerite ! »

Peut-il seulement me reprocher mon ton hautain et mes airs de démon ?

Jessica.

Non, mais je vous jure.

Je vais le « Déjessicatiser » moi, il va voir un peu celui-là.

Crois-moi mon kiki, fini les folies au bureau. Maintenant que Marguerite est dans la place, ta petite vie tranquille, tes petites habitudes sordides, tout ça...ça va vite changer.

Je vais me faire une joie de leur montrer que tu es à moi !

Je vais faire comme quand j'étais petite à l'école primaire pour pas qu'on me vole mes goûters. Je dirais : J'ai craché dedans.

Mélange de salive bonjour !

Le voisin de la chambre d'à côté - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant