Dans la vie, on veut de la passion. On veut des portes qui claquent. Des hurlements. On veut des déclarations enflammées. On veut cet amour que l'on voit sans cesse à la télé : Un bouquet de fleurs, un ours en peluche gigantesque, des feux d'artifice dans la tête.
Mais la vérité, c'est que nous ne n'aurons que le quart de toutes ces choses-là. Au mieux, on peut compter sur le bouquet de fleurs et la déclaration et c'est tout. Parce que là s'arrête la limite entre réalité et fiction. Trop longtemps on nous a monté la tête avec les belles histoires de princesse, les « Happy End » et les histoires d'amour qui finissent toujours par un superbe baiser et à force, on y a cru. Éperdument, on y a cru.
On a y cru parce qu'on a eu besoin d'y croire et on aura toujours besoin d'y croire. C'est comme ça. On a besoin de s'endormir le soir, avec des histoires dans lesquelles la princesse retrouve toujours son prince charmant. On a besoin de nous dire, pour nous rassurer je pense, qu'un jour, à nous aussi, ça arrivera.
Sauf que ce n'est que très rarement le cas.
Christian Bobin a écrit un jour : « On peut donner bien des choses à ceux qu'on aime. Des paroles, un repos, du plaisir. Tu m'as donné le plus précieux de tout : le manque. Il m'était impossible de me passer de toi, même quand je te voyais tu me manquais encore. »
Et il n'y a pas plus vrai.
Je me suis enfermée dans ma chambre, le cœur serré et l'âme en peine, lisant attentivement tous les messages de William. Un par un. Intégralement. C'était comme voir en direct, un être dépérir petit à petit.
Au début ce n'était qu'une ligne ou deux, ensuite vinrent les pavés à vous en couper le souffle et puis seulement un ou deux mots.
Puis trois mots au final : « Tu me manques ».
J'étais triste, c'est vrai, mais je ne regrettais pas ces deux derniers jours passés ici. Dans la vie, en amour comme en amitié, il faut, par nécessité je pense, s'éloigner des gens. Il faut faire une pause, marquer un arrêt. Il faut nous accorder du temps et nous demander bien des choses : Cette relation n'est-elle pas néfaste ? En valait-elle la peine ? Pouvais-je réellement continuer ainsi ?
J'ai vécu pratiquement quatre mois aux côtés de William. Sans m'en défaire, sans m'en détacher. Je l'ai haï, puis détesté, puis apprécié et enfin, je l'ai aimé. Je l'ai aimé comme il est possible d'aimer une personne : De tout son corps et avec tout son cœur. Je l'ai désiré comme il est possible de désirer un homme. J'ai crié de nombreuses fois son nom, la nuit et seuls les draps s'en souviennent encore.
Et puis, j'ai commencé à réaliser. Petit à petit, comme une prise de conscience délicate et violente à la fois : Je l'aimais un peu trop.
J'aurai aimé vivre de ce drama de série télévisée : J'aurai aimé lui crier dessus, le frapper en hurlant son nom et ma haine avec. J'aurai souhaité qu'il me rattrape, qu'il me court après, qu'il me prenne dans ses bras et qu'il me dise tout bas : « Je t'aime ».
Mais la réalité, ce n'est pas ça.
Je suis partie, sans le quitter.
Je l'ai laissé, sans l'abandonner.
Je l'ai pleuré, sans le détester.
Je l'ai aimé, tout simplement.
Je l'ai aimé, je l'aime et je l'aimerai, pour moi c'était d'une évidence même. C'était flagrant.
« Pourquoi lui ? » et juste la question que je ne cesse de me poser tout le temps. Je pense que l'on ne choisit pas les gens qu'on aime. Cela peut être un collègue du bureau, une connaissance, une de ces rencontres faites au détour d'un bar ou d'un soir. Cela peut être un ami. L'ami d'un ami.
Ou bien...Cela peut-être le voisin d'à côté.
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Le voisin de la chambre d'à côté - Tome 2
Roman d'amourVie rythmée selon l'air des années 80', répliques cinglantes lancées au détour d'un couloir et super-héros dans la peau, Marguerite et William en sont à leur deuxième mois de collocation forcée et si tout semblait bien au début, il n'est jamais simp...