Je n'ai pas regardé l'heure lors de ma première course et puis c'est bien la dernière chose qui me préoccupait. À peine avais-je réussi à atteindre la porte des toilettes que trois jours de repas passèrent dans la cuvette.
Charmant.
Bon appétit.
Même en ayant pris le soin de refermer la porte derrière moi, j'entendais William qui toquait de l'autre côté.
« - Marguerite ? Est-ce que tout va bien ?
- Au poil ! »
Et hop ! Une nouvelle vidange.
« - Tu es sûre ?
- Niquel je te... »
Même pas le temps de terminer la phrase.
Les joies de ce genre de petit rendez-vous en tête à tête avec la cuvette des toilettes à une heure incongrue. J'adore.
Tellement romantique.
Je sors enfin au bout d'une vingtaine de minutes, ayant l'impression terrible de revenir de quatre heures en salle de sport. Je vais avoir des abdos en acier à ce rythme-là.
Allant dans la salle de bain, je me pose contre la baignoire, me débarbouillant le visage avec un gant de toilette, le tout, sous le regard compatissant et plein de tendresse d'un William pratiquement torse nu.
Je l'ai réveillé.
« - Tu peux retourner te coucher, tu sais ? Je vais survivre. Je ne suis pas à l'article de la mort.
- T'es aussi blanche qu'un cachet d'aspirine... »
Il sait comment plaire à mon cœur décidément.
« - Enfin...
- Je suis pâle, j'ai compris. Mais ça ira mieux demain. Je t'assure. »
Si je survis à demain. À ce rythme-là, je suis prête à installer un véritable campement dans les toilettes s'il le faut. Cela ne me gênerait même pas.
Ça me rappellerait mes années étudiantes à veiller un Vincent trop ivre pour faire quoi que ce soit à part dormir tête la première dans les toilettes.
« - Tu fais peut-être une indigestion à quelque chose non ? T'as mangé quoi récemment ?
- Mon petit-déjeuner ce matin à qui je viens de dire au revoir et puis, je ne pense pas que ce soit le cas. Une indigestion ou intoxication survient deux heures suivant le repas...Or je n'ai fait que dormir ces dernières heures.
- Sans doute. T'as peut-être attrapé le dernier virus à la mode. »
Comme une bonne vieille gastro comme on les aime par exemple ?
Cela ne m'étonnerait même pas.
Je retourne finalement me coucher tandis que William me suit, allant jusqu'à se glisser sous mes draps, passant son bras autour de moi.
« - Je pensais que j'étais contagieuse ?
- M'en fiche, je suis déjà tombé amoureux de toi, je peux bien tomber malade pour toi. »
Voilà des mots qui plaisent à mon cœur.
« - Et puis on ne disait pas, ensemble dans le pire comme dans le meilleur ?
- Je croyais que ce n'était pas à l'ordre du jour ça ?
- Ça ne l'est pas, mais ça ne peut pas nous empêcher d'en parler, non ?
- C'est vrai... Donc...Tu es sérieux à ce propos ? Je veux dire...
- Faire de toi ma femme ? Et devenir ton mari ? Je t'avouerais que ça sonne encore étrangement à mes oreilles, mais ça parle bien à mon cœur. C'est juste que...Je veux faire ça bien.
- Tu vas me faire une demande ultra-romantique et tout et tout ?
- Ah non !
- Non ?
- Pas « non », mais « non » dans le sens où je ne te dirais pas ce que je prévois, sinon, tu vas t'y attendre et ça gâche tout le truc. C'est comme dire ce qu'il y a comme surprise dans le kinder. C'est nul.
- Tu compares sérieusement la possibilité de notre mariage à un kinder surprise ?
- Bah ouais pourquoi ? »
Ce garçon me surprendra toujours. Ce ne sont pas vraiment deux éléments que l'on peut se permettre de comparer.
« - Tu me désespères.
- Mais j'ai fait quoi encore ?
- Rien, allez dehors. »
Le lendemain matin, j'eus le droit à toute l'attention du monde. Petit déjeuner au lit, croissants, fruits coupés en morceaux pour et je cite « Prendre des forces », chocolat chaud. Je n'avais encore jamais vu William dans un tel état.
Il pense que je vais mourir et il me fait le repas du condamné ?
« - Tu sais que ça ne sert à rien de me gaver comme une autruche ? On va assez manger à midi, je pense.
- Ah ouais ?
- Tu as oublié, n'est-ce pas ? »
Et je ne peux pas lui en vouloir. Il s'est occupé aussi bien de la préparation de la sortie de «Vanille & Chocolat » que de l'intégralité du déménagement à lui seul.
Il méritait véritablement le titre de « Superman » dans mon cœur.
« - Ma grand-mère nous a invités à manger à midi. »
J'entends la tasse tomber par terre et je n'ose imaginer la tête qu'il fait tandis qu'un petit sourire satisfait s'affiche sur mon visage.
Round 2 mon petit.
« - Je suis obligé de venir ?
- William...
- Quoi ? On ne sait jamais. Je préfère toujours demander.
- Tu sais que bientôt, ton pire cauchemar fera partie de la famille, non ?
- Vue comme ça...Je vais peut-être repenser à...
- William !
- Je rigole ! Je rigole, ok ! Ta grand-mère ne me fait pas peur, voyons. C'est ridicule toute cette histoire. »
Dis celui qui a dû s'arrêter acheter une douzaine de roses pour se faire bien voir.
Fayot.
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Le voisin de la chambre d'à côté - Tome 2
RomanceVie rythmée selon l'air des années 80', répliques cinglantes lancées au détour d'un couloir et super-héros dans la peau, Marguerite et William en sont à leur deuxième mois de collocation forcée et si tout semblait bien au début, il n'est jamais simp...