Chapitre 24 ~ Il suffisait d'aimer

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L'avantage quand on passe chez ma grand-mère, c'est qu'elle agit comme un ouragan sur le comportement de William. Si ces derniers temps ce dernier prenait en confiance, elle venait clairement de profiter du repas pour lui rappeler qu'un homme vaut une femme. On eut le droit à de longs, très longs monologues sur le sujet et pourtant que je sache, cela ne semblait pas m'atteindre ou me concerner plus que ça.

Je devrais, en tant que femme, me révolter contre les injustices de ce monde...Mais il y a tellement d'autres causes qui méritent d'être défendues. Tellement d'autres.

À chacun son combat.

Faisant sauter les premiers boutons de sa chemise, défaisant les lacets de ses chaussures et enlevant sa ceinture, William me dévisage avec le peu de vie qu'il lui restait dans les yeux.

« - Ta grand-mère, elle aurait dû être championne du monde du dialogue.

- Ahaha ! C'est dans la famille ça. Tu verras.

- Quoi ? Toi aussi ?

- Quand je m'y mets, je suis pas mal dans mon genre, mais on ne s'est jamais vraiment disputé donc je ne t'ai pas encore montré tous mes talents.

- Ah...C'est vrai...Maintenant que tu le dis. »

On ne se dispute pas.

On se chamaille, on se boude et puis, tel un orage capricieux, on attend que ça passe. Que le beau temps revienne.

« - On devrait essayer pour voir ! »

Sérieusement ?

« - Essayer quoi ?

- De se disputer...Comme ça on peut s'attendre au pire.

- Ne sois pas ridicule, on ne va pas « jouer à se disputer ». C'est complètement idiot.

- Pourquoi pas ? On joue bien à « papa et maman » »

Papa « dans » maman serait le terme le plus juste.

Mon dieu. En une phrase il vient d'ébranler toute mon enfance.

Papa et maman.

Le docteur.

C'était des jeux auxquels on s'adonnait facilement, sans arrière-pensée, mais maintenant, quand on y pense...Ah l'enfance ! C'est vraiment formidable.

« - William.

- Hmmm ?

- Tu m'as déjà pris le cœur, alors ne me prend pas la tête avec tes idées sottes et grenues. Je vais prendre une douche. »

Il me regarde quitter la chambre complètement outré par mes paroles, mais je dois avouer que j'en suis très fière.

À peine avais-je d'ailleurs mis un pied dans la douche, que j'entends :

« Tu es comme ça

Fière et libre

Tu peux partir là-bas

Mais rien ne t'éloigne jamais

De ceux que tu aimes, de ce que tu es ♫ »

Cela faisait longtemps que je n'eus pas le droit à un message musical. Quelque part, ça me fait sourire, car cela m'avait presque manqué. Je dis bien « presque ». Je le fluotte, le mets en gras, en italique... en majuscule : PRESQUE.

« Et si tu n'existais pas

Dis-moi comment j'existerais

Je pourrais faire semblant d'être moi

Mais je ne serais pas vrai

Et si tu n'existais pas

Je crois que je l'aurais trouvé

Le secret de la vie, le pourquoi

Simplement pour te créer

Et pour te regarder ♫»

Tout le monde a un talent. Un talent caché. Certains sont de brillants scientifiques, d'autres d'incroyables musiciens et certains arrivent à parler à votre cœur avec juste une mélodie.

« C'est toi ma force

C'est toi ma flamme

Toi qui prends soin de mon âme

C'est toi ma chance

Mon évidence

Reste toujours près de moi ♫ »

J'ouvre à moitié le rideau de la douche pour le découvrir pratiquement nu, appuyé contre la porte de la salle de bain, la télécommande de la hifi à la main, un léger sourire au bout des lèvres.

« - Tu as quelque chose à me dire précisément ?

- Non. J'avais juste envie de mettre la musique. Tu n'aimes pas ? »

Mais bien sûr, prends-moi pour une cruche.

« - Si, si. Ça ne me gêne pas. La place est bientôt libre.

- Pourquoi attendre ? »

Il enlève son caleçon, le jetant dans le couloir d'un coup de pied sous mon rire amusé tandis qu'il pénètre sous la douche avec moi.

« - Dis-moi Marguerite...

- Hmm ? Qu'est-ce qu'il y a ?

- Est-ce que ça va ?

- Oui. Je te l'ai dit, c'était sans doute rien. Aller prends le gant de toilette, sois mignon et frotte moi le dos.

- Ahaha ! Parce que mademoiselle donne les ordres maintenant ?

- Oh, mais je peux donner autre chose que des ordres.

- Ah ouais ? Comme quoi ?

- Tu n'as même pas idée.. »

Il éclate de rire tandis qu'il attrape le gant sur l'étagère en se pencha légèrement. Je profite de l'occasion pour lui claquer la fesse droite.

Tiens. Vengeance.

« - Oh ! On ne touche pas à la marchandise. On touche avec les yeux.

- On ne touche pas ? Ça...là...Tout ça...C'est à moi. »

Il s'avance, appuyant son torse contre ma poitrine pleine de savon tandis qu'une de ses mains vient me maintenir contre lui.

« - Ah ouais ? Tu m'as l'air bien sûr de toi.

- Je le suis. »

Je n'ai que rarement été aussi sûre et certaine.

Mais là, je le suis. Je suis confiante.

« - Aaah Marguerite, Marguerite !

- Quoi ?

- Arriverais-je un jour à me lasser de toi ? »

Je n'en sais rien. Peut-être.

« - Tu me rends fou, tu le sais ça ?

- Je le sais et j'en profite pleinement !

- C'est ce que j'aime chez toi. J'aime tout ça. »

Il marque une pause avant de m'embrasser sur le front en me disant :

« - Et je t'aime encore plus toi. »

Le voisin de la chambre d'à côté - Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant