Secrets (UA) ~ Theo Raeken et Nolan Holloway

Chapitre 40 : We Won't

And don't cry no more for me
Don't waste your time convincing me
That maybe someday we'll get it right
Cause we never could, I wish that we would
But we won't, so just don't

Ma journée avait commencé normalement. Je m'étais réveillée aux alentours de midi et aussitôt levé j'avais eu l'envie de retourner me coucher. Chaque jour restait pareil. J'étais toujours la même personne, froide, triste et distante. J'avais toujours les mêmes pensées, Nolan, la douleur et le manque. J'avais toujours les mêmes questions sans réponses, comment, pourquoi, quand ? J'étais prisonnière de mon passé et j'avais peur d'en sortir. Il me semblait que si ma peine s'effaçait, Nolan aussi s'effacerait et je ne pouvais accepter cette idée. Mais le souvenir de Nolan n'était-il que synonyme de douleur ?

Théo

La nuit dernière Théo avait eu le sommeil agité. Il se demandait ce que disait la lettre, quelles émotions, Nolan avait formé avec ses mots pour [Prénom]. Mais plus important encore, que provoqueraient-ils chez la jeune fille ? Cette lettre l'aiderait-elle à guérir ou au contraire, accentuerait-elle la douleur ? Théo n'en savait rien. Une part de lui avait envie de se débarrasser de cette lettre peu importe son contenu. Il voulait effacer les derniers restes de l'hybride et remplacer l'amour que [Prénom] avait perdu. Voir la jeune fille aimait quelqu'un d'autre que lui, lui provoquait une peine terrible. Avait-il déjà manquait à la jeune fille autant que Nolan lui manquait ? Serait-il capable de lui donner ce que Nolan lui avait donné ? Était-il suffisant ? Théo était-il suffisant pour elle ? Tant de questions hantaient le garçon. En général, Théo n'était pas du genre à douter de lui. Mais, depuis toujours sa relation avec [Prénom] avait été un sujet sensible à ses yeux. Il avait toujours cette frayeur de ne pas être suffisant. Le loup-garou s'apprêtait à remettre la lettre à la jeune fille, il la regarda un instant et avant de se rendre chez elle, fit un détour chez les Holloway.

Ils étaient partis. La maison était vide et tout parut extrêmement triste aux yeux de Théo. Nolan ne s'était pas retourné. Il avait accepté le présent, laissé le passé et se dirigeait vers son futur. Mais Théo, lui, était rongé par le présent et [Prénom] prisonnière du passé.

[Prénom]

J'étais tranquillement en train d'écouter de la musique déprimante en face de mon ordinateur et me questionner sur l'absurdité de la vie lorsque Théo entra sans prévenir dans ma chambre. Je le regardais sans un mot, j'étais habituée à ce qu'il entre chez-moi de cette manière. Tous les habitants de cette maison l'appréciaient et il savait l'utiliser à son avantage. Le loup-garou ne dit rien non plus. Il se contenta de grimper sur mon lit et s'asseoir à côté de moi. Je n'avais pas vraiment envie de le voir, à vrai dire, je ne voulais voir personne. Alors je continuais de faire comme s'il n'était pas là.

- Tu me rends triste, dit-il.
- C'est triste.
- Tu es triste, déclara-t-il.

Je ne répondis rien. Je le regardais rapidement et quelque chose attira mon attention. Théo tenait une enveloppe dans sa main. Je ne l'avais pas remarqué quand il était entré, mais, maintenant, je ne voyais que ça.

- Qu'est-ce que c'est ? demandais-je, ne quittant pas des yeux l'enveloppe.
- Une lettre.
- Une lettre ?
- Oui. Tu pourrais arrêter ta musique deux secondes, s'il te plaît.

Je m'exécutais et portais un peu plus attention à Théo, qui semblait nerveux, soudainement.

- Pourquoi tu as ça ?
- C'est pour toi [Prénom], lâcha-t-il.
- Moi ? demandais-je, perplexe.
- Juste prend la et lis la, toutes les réponses à tes questions doivent y être.

Mais de quoi parlait Théo ? Je saisis l'enveloppe et commençais à l'ouvrir. Le jeune homme se leva de mon lit et se dirigea vers ma porte.

- Tu ne restes pas ?
- Non. Je pense que tu devrais la lire seule, conclut-il avant de fermer la porte derrière lui.

Pourquoi ? Quel mystère y avait-il autour de cette lettre ? J'avais entièrement ouvert l'enveloppe et je trouvais à l'intérieur une feuille blanche pliée en deux. Je la sortis doucement et portais automatiquement ma main à ma bouche, retenant ainsi un petit cri. La feuille était remplie par une écriture inoubliable. Mon ventre se serra douloureusement lorsque je reconnus les mots de Nolan. Je commençais vite à la lire :

Chère [Prénom],
La raison pour laquelle tu reçois cette lettre n'est pas des plus belles. Comme tu le sais, ma condition actuelle ne me permet pas de te parler comme je le souhaiterais. Alors, à la place, je t'écris cette lettre. Je tiens tout d'abord à m'excuser auprès de toi. Je veux que tu sache que je suis désolé et que la peine que je t'inflige me ronge autant qu'elle te ronge. Ce que je nous ai fait est, selon moi, impardonnable. Je ne pense pas un jour être capable de me pardonner et je comprendrais donc que tu en sois incapable aussi. Je voudrais que tu saches que tu es la première personne dont je suis tombée amoureux et je ne regrette rien de ce qui s'est passé entre nous, sauf peut-être les circonstances et la fin de notre amour. Je ne sais pas vraiment comment l'expliquer, mais la jeune fille qui m'a empêché de tuer Josh ce soir-là a réussi à se frayer un chemin jusqu'à mon cœur et c'était de loin, la meilleure chose qui pouvait m'arriver. Tu ne sais même pas à quel point tu as compté et comptes toujours pour moi, [Prénom]. Mais, malheureusement, notre amour n'était pas fait pour durer et ça, je le savais depuis le début. Peut-être, aurais-je dû te le dire plus tôt. Je t'aimais depuis le commencement, mais pas toi. Et je comprends, je n'ai pas choisi de t'aimer, tu ne pouvais pas choisir non plus. Mais, il y avait, malgré tout, quelque chose de beau et sincère entre nous, l'amitié. L'amitié qui a façonné notre lien. Je t'aime et je sais que tu m'aimes aussi. Mais une nuance existait entre l'amour que je te portais et celui que tu me portais. Alors, parlons de l'amour que je te portais. L'amour que je te portais était violent et destructeur. Il était fort et passionné. Il était comme le feu. Le feu que tu as allumé en moi et qui par ma faute m'a consumé. Oui, ma faute, n'ose même pas penser une seule seconde que tu es à blâmer pour quoi que ce soit, parce que tu ne l'es pas. Cet amour était aussi agréable que douloureux. Le lien était pour moi une façon de profiter de ce qu'il offrait de plus agréable, car sans celui-ci, il était inaccessible. Notre lien nous a fait vivre la plus belle des illusions. Mais les illusions sont éphémères et je n'ai pas pu accepter cette contrainte. Quand le lien s'est brisé, il t'a brisé et il m'a brisé aussi. De cette fissure, s'est échapper un monstre assoiffé de sang qui se nourrit de toute la violence de mon amour pour toi. Cette bête est dangereuse et elle t'aime [Prénom], mais ne t'y trompe pas, c'est un amour malsain qu'elle cache. C'est pourquoi j'ai dû m'éloigner, j'ai dû l'éloigner de toi, car elle ne peut que causer douleur et destruction pour le moment. Alors, excuse-moi de ne pas avoir été suffisamment fort pour la contenir. Excuse-moi, [Prénom]. Je n'ai jamais voulu que tu souffres, mais c'est exactement ce qui s'est passé. Mais je sais que tu es plus forte que la peine que je t'ai laissé. Je sais que de bonnes personnes veillent sur toi et je sais que tu vas t'en remettre, sans moi. À l'heure où tu l'iras cette lettre je serais déjà parti. Mais, n'oublie pas que je t'aime [Prénom]. Au revoir.

Nolan.

J'avais envie de hurler, de laisser s'échapper toute ma frustration et ma douleur. Mais à la place, je fondis en larmes. C'était fini, pour de bon cette fois. Nolan était parti et je doutais qu'il revienne un jour. Tout me semblait si irréel. En quelques mots, Nolan m'avait fait part de son amour et de ses regrets, puis il était parti. Et moi, j'étais seule dans ma chambre en train de sangloter sur les restes de celui que j'aimais. Comment en étions-nous arrivés là ? Je ne comprenais pas. Je me remémorais notre première rencontre, la première fois où je lui avais donné mon sang, notre premier baiser, nos premiers « je t'aime », notre première fois, notre première dispute... Tant de souvenirs défilaient dans ma tête. Mais qu'en restait-il ? Rien du tout. Nolan et moi venions tout juste de disparaître, nous appartenions maintenant au passé et rien ne me faisait plus mal.