Toucher le ciel [EN RÉÉCRITURE]

CHAPITRE 8

Média : Ash Hasting

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 

Lukas peina à suivre Hayden qui jouait des coudes pour accéder au plus près de la scène. Elle paraissait excitée à l'idée de voir les Black Eagles jouer ce soir, à tel point qu'elle en oublia d'attendre les autres. En tant que fan numéro une, sa place ne pouvait pas être autre part qu'accrochée aux barrières de sécurité devant la scène. La pénombre cachait les traits du visage de Lukas, qui trahissaient une certaine impatience. Ses yeux sombres scrutaient la scène, toujours cachée derrière un rideau noir, comme s'ils pouvaient voir à travers. Là derrière, il pouvait entendre les pas discrets des musiciens qui se mettaient en place. 

La foule frissonnait d'anticipation. Le silence fut alors déchiré par les accords endiablés d'une guitare électrique. Un projecteur éclaira Charlie tout de blanc. Il leva les yeux vers la foule et leur adressa un clin d'œil malicieux, un sourire nonchalant scotché sur les lèvres. Un second projecteur s'alluma sur Boyd et sa basse rouge sang, qu'il grattait avec l'assurance de celui qui se sait talentueux. La batterie acheva da ravir la salle en complétant le schéma. James, baguettes en main, frappait son instrument, un sourire déjanté étirant ses lèvres. Le rythme entraîna rapidement la foule, qui se mit à bouger. Bientôt, une lumière aveuglante éclaira la scène toute entière telle un flash, avant de s'adoucir. Ash fit son apparition derrière le micro à pied, et aussitôt des hurlements féminins retentirent dans la salle. Un sourire satisfait étira les lèvres du chanteur, qui leva un bras pour saluer son public, et porta une main à son oreille, comme pour encourager ses fans à se manifester. Le résultat fut à la hauteur de ses attentes puisque la salle ne fut plus que cris et applaudissements. Ash avait troqué son costume noir contre un jean skinny gris déchiré, un débardeur blanc dont les seuls motifs étaient deux yeux d'aigle orangés qui fixaient la foule, et des Doc Martens noires. Un bandana rouge vif entourait son poignet droit, et il avait lâché ses cheveux blonds.

James entrechoqua trois fois ses baguettes entre elles, puis entama le premier morceau, rapidement suivi par les autres musiciens. Après quelques instants purement instrumentaux, Ash s'avança vers le micro qu'il enserra de ses mains, et entrouvrit les lèvres, avant de balancer la sauce. Lukas écarquilla les yeux de surprise, son regard sombre fixé sur le chanteur. Sa voix était particulièrement grave, elle attirait l'attention, telle la lumière charmant les papillons. Les premières phrases sonnaient comme une bourrasque de vent, qui s'immisçait dans les esprits et imposait sa dominance.

La voix d'Ash semblait avoir une panoplie illimitée de nuance. Très rapidement, Lukas comprit qu'il maitrisait aussi bien les notes graves que plus aiguës. En une seule chanson, une vérité s'imposa au brun : Ash était né pour être sur scène. Il y était à sa place. Cet espace lui appartenait, il en était le roi. Il ne semblait fournir aucun effort tant il paraissait naturel pour lui d'évoluer sous le feu des projecteurs. Lukas en était époustouflé. Il eut honte d'avoir pensé, en se basant sur leur première rencontre, que les Black Eagles n'étaient populaires que pour leur apparence. La musique était excellente, le rythme entrainant, et la voix envoûtante. Si le chanteur charmait la foule, les musiciens n'étaient pas en reste. Ils échangeaient parfois des œillades discrètes, des sourires en coin, comme s'ils communiquaient par leur propre langage. Leur bonne humeur et leur complicité flagrante racontait une histoire à la foule, qui tentait de saisir leur dialogue silencieux.

Les enceintes crachaient la musique comme un torrent furieux, comme un orage grondant. Les corps se trémoussaient en rythme, la foule reprenait en cœur les chansons et brandissait les téléphones pour filmer ou prendre des photos. Des groupies essayèrent de gratter des places, aussi Lukas entoura-t-il Hayden de ses bras en posant ses mains sur les barrières, afin de la protéger des mouvements de foule parfois brusques. La jeune femme tourna la tête dans sa direction, et ils échangèrent un sourire complice. Ça faisait bien longtemps qu'il n'avait pas eu cette sensation du rythme qui raisonnait des enceintes directement dans sa poitrine.