À travers le hublot, Lukas regardait la piste qui défilait de plus en plus vite. Il sentit nettement les roues quitter le sol, et l'avion prendre de l'altitude. Il put alors contempler avec une certaine satisfaction Los Angeles, qui s'éloignait. Il s'était senti plus léger en faisant sa valise, le besoin de partir devenait trop présent. Il avait hâte de retrouver le petit manoir de son oncle, près de Londres. Le brun pinça les lèvres, pas totalement satisfait. Il avait laissé derrière lui une Hayden en pleurs. Son père semblait dépassé, déboussolé. Et clairement, Aksel lui en voulait. Même si son frère essayait de le cacher, Lukas le ressentait. Le châtain ne comprenait pas sa décision, il la refusait.
Lukas avait hésité jusqu'au bout à envoyer un message à Ash pour l'informer de son départ, mais il s'était résigné à ne pas le faire. À quoi bon ? L'ancien soldat sentit une main passer affectueusement dans ses cheveux, et il tourna la tête vers sa mère. Cette dernière avait pris deux semaines de congé pour pouvoir l'accompagner. Elle se montrait un peu trop envahissante, mais Lukas essayait de ne pas lui en vouloir. Il était sorti la veille de l'hôpital, et Éléonore avait passé la journée à montrer dans sa chambre, toutes les heures. Probablement pour vérifier qu'il était toujours en vie. Dans sa salle de bain, son rasoir s'était envolé. Néanmoins, Lukas s'était montré relativement calme. Il avait passé une partie de sa journée à jouer du piano, comme pour se purger. Sa musique avait été le reflet de ses sentiments : tristes et mélancoliques.
Lukas ne parla pas beaucoup durant le trajet. Pourtant, les onze heures de vol jusqu'à Londres ne lui parurent pas si longues, tant il était plongé dans ses pensées. Il s'était lancé dans un ultime acte protecteur en demandant à sa mère le numéro de Edward Hastings. Il avait alors appelé l'homme, et l'avait clairement menacé de laisser Ash tranquille, sous peine de tout raconter à la presse. Le blond ne s'était pas démonté face à lui, mais Éléonore avait fini par prendre le téléphone pour soutenir son fils, et promettre une mort sociale au moindre de ses dérapages.
Lukas fut soulagé lorsque l'avion se posa sans encombre. Passer une journée assis n'avait rien de plaisant. Il avait hâte de se dégourdir un peu les jambes. Ils récupérèrent rapidement leurs valises, et rejoignirent le hall d'entrée, où ils scrutèrent la foule.
— Ils sont là-bas ! s'exclama Éléonore en faisant un signe à son fils.
Lukas la suivit, avec une pointe d'appréhension. Il observa sa mère prendre son frère jumeau dans ses bras. Son oncle Rick arborait la même blondeur que sa sœur. Les traits de son visage étaient similaires : le regard marron en amande, le nez fin, les pommettes hautes. Même leurs rides aux coins externes des yeux étaient identiques. À ses côtés, sa tante Amanda l'observait avec son habituel sourire doux. Ses cheveux châtains clairs encadraient un visage un peu joufflu, débordant de bienveillance. Ses yeux chocolat semblaient exempts de jugement.
Lukas fut accueilli chaleureusement, malgré son absence de sourire. Les bagages furent chargés dans la voiture, et bientôt, le brun put poser sa tête contre la vitre pour admirer les lumières nocturnes de Londres. Personne ne chercha à lui poser de questions où à l'inclure dans la conversation, ce qui lui convenait. Il était passé au stade au-dessus de la douleur : le mal-être. Lukas avait constamment l'impression d'être à l'étroit dans son propre corps. Son esprit répétait en boucle que quelque chose n'allait pas. Ses doigts le démangeaient, il avait envie de planter ses ongles dans sa propre peau, comme si la douleur physique pouvait le soulager. Les deux heures de voitures lui paraissaient être une éternité. Une colère inexpliquée montait lentement, faisait bouillonner ses veines. Le brun bougea la tête pour soulager sa nuque, fit craquer son cou. Il en avait assez d'être enfermé et assis.
Lorsque le véhicule s'immobilisa, il s'empressa de descendre, soulagé, et prit un temps pour admirer la propriété. Le petit manoir du quinzième siècle était éclairé de lumières extérieures. Sa façade en pierres chargées d'histoires était surmontée de tuiles grises. Elle faisait face à un parc, où la nature avait tous ses droits. Sa tante avait toujours refusé d'arracher les fleurs sauvages et de tailler les arbres pour leur donner des formes rocambolesques. Malgré l'obscurité, Lukas devinait la forme sombre du petit étang, à quelques mètres.
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Toucher le ciel [EN RÉÉCRITURE]
Storie d'amoreLorsque Lukas a vu Ash pour la première fois, il l'a jalousé. Il était si beau et sûr de lui que c'en était insolent. Il transpirait la fraicheur et la tranquillité. Ash lui est apparu comme l'impétuosité, la fougue, et la passion réunies. Il était...