Elle se pétrifia, horrifiée par l'homme devant elle.
Le Joker plissa les yeux, un sourire béat accroché aux lèvres, tandis que la peur s'emparait lentement du corps de sa cavalière, qui ne put réprimer ses tremblements. Avec une lenteur calculée, il laissa choir son masque vénitien sur le marbre blanc, finement ouvragé de la piste de danse. Harleen le regarda tomber et se briser. Volant en éclat, le masque se répandit aux pieds du jeune homme qui éclata d'un rire glacé. Le bruit du choc plongea l'assistance dans une torpeur terrifiée. Tous reculèrent d'un pas, et contemplèrent avec horreur, le criminel le plus dangereux de Gotham. Harleen resta inerte
Ce visage elle ne le connaissait pas. Cette expression dure et cruelle, elle ne l'avait jamais vu. Pourtant c'était lui. Pas de doute, c'était bien le Joker qui la regardait avec une férocité hors du commun. La satisfaction d'avoir joué un mauvais tour avait accroché un rictus cruel sur son visage inhumain. Cette figure familière fit frissonner la psychiatre, elle l'avait contemplé si souvent. Mais il n'avait plus rien à voir avec le patient du parloir. Son visage enduit d'un maquillage criard accentuait la terreur qui émanait de ses yeux fous. Des yeux cerclés de noir sur un visage blafard. Ses lèvres boursoufflées enduites d'un rouge criard avaient quelque chose d'écœurant. Ses cheveux longs et hirsutes avaient été domptés pour la soirée et attachés. Il les libéra rapidement et se recoiffa en riant.
Autour d'eux les invités se figèrent dans un silence de mort. Chacun retenait son souffle, à l'affût du moindre mouvement qui aurait donné le signal de la fuite et de la panique. Tous avaient les yeux rivés, tétanisés, sur le couple au centre de la piste de danse. Harleen n'avait pas bougé d'un pouce, trop choquée pour réagir, la jeune femme restait là, à un mètre du clown dément le visage figé dans une expression de surprise horrifiée. Il s'était moqué d'elle, elle aurait dû le savoir, elle aurait dû le deviner sous le masque blanc. Mais comment aurait-elle pu savoir ? Il avait été si prévenant, si attentif à ses besoins, si «normal ». « C'est pour mieux te duper mon enfant » la tança la petite voix sarcastique. Pourquoi ? Fut la seule pensée cohérente qui s'imprima avec violence dans l'esprit de la jeune femme. Pourquoi jouait-il ainsi avec ses sentiments ? Il avait tout fait pour la charmer, la séduire pour ensuite la terroriser. Les larmes se mirent à couler, sans qu'elle cherchât le moins du monde à les dissimuler. Il eût un moment d'hésitation surprise quand il l'a vit ainsi, aussi fragile et s'arrêta un instant. Puis, riant aux éclats, il lui tourna le dos et commença à graviter autour d'elle en s'adressant à la foule :
« - Mesdames et Monsieur, lança-t-il à la cantonade, bienvenue à la soirée de charité organisée par Bruce Wayne en faveur de l'hôpital d'Arkham. Je suis...il s'éclaircit la gorge avant de poursuivre, je suis le clou de la soirée. Mon but est de vous faire mourir de rire. »
Dès lors tout se passa très vite. Il sortit de son costume deux revolvers et commença à tirer sur la foule, avec la rapidité de l'éclair. Quand le premier fut vide, il le balança et son bras libre attrapa sa cavalière d'un mouvement leste. Il plaqua le dos d'Harleen contre son torse, et ses complices sortirent des ascenseurs plus lourdement armés. Harleen pétrifiée suffoquait de terreur, sans pouvoir se défaire de la poigne d'acier du Joker qui continuait de vider ses chargeurs au hasard dans la foule. La panique s'empara de l'assistance, qui courait à présent dans tous les sens, piétinant les morts en poussant de grands cris, et poussant les vivants sur la trajectoire des balles. La panique tordait les visages et broyait dans un bruit écœurant les corps des malheureux tombés avant d'avoir pu atteindre les ascenseurs. Le sang se répandait sur le marbre blanc et rampait dans toutes les directions. Beaucoup étouffèrent coincé dans la masse compact des corps, tandis que d'autres finissaient écrasés contre les portes closes, par la poussée violente des individus. Certains ascenseurs partaient pratiquement vide tandis qu'un autre, trop plein dégringola, les câbles rompu. Le cri de terreur des occupants résonna dans toute la cage et atteint Harleen en plein cœur. Il y avait cinq enfants dans cet ascenseur. Hurlant de rire, le joker attrapa le menton de la jeune femme qui pleurait devant cette horreur et lui souffla à l'oreille, le nez dans son cou, d'une voix chevrotante :
« - Tu vois Harley ? Tu vois ce qu'il se passe quand on sort du plan ? Regarde, il raffermit sa prise sur sa mâchoire, Regarde ! Hurla-t-il tout contre elle d'une voix inhumaine, entrouvre la porte à l'anarchie et tout ce petit monde soi-disant civilisé redevient ce qu'il essaye d'oublier. La cruauté à l'état pur, le chaos...
- Pitié arrêtez, pleura Harleen, ça suffit, ça suffit arrêtez.
- Que j'arrête ? S'étonna-t-il, mais Harley je fais ça pour que tu saches...pour que tu comprennes. N'était-ce pas ce que tu voulais Harley ? Susurra-t-il contre sa gorge palpitante, d'une voix douce et caressante. Ne voulais-tu pas savoir ? Ne cherchais-tu pas à comprendre ?
- Non, sanglota-t-elle les yeux baissés en secouant la tête, je vous en prie, non, je n'ai jamais voulu ça !
- Menteuse ! Cracha-t-il d'une voix que la férocité déformait.
- Lâche-là, hurla la voix gutturale de Batman.
Harleen fut soulagée d'entendre la voix caverneuse du justicier. Il apparut en face d'eux comme par magie, et foudroya le Joker du regard.
- Oh Baty tu étais là, s'amusa le clown d'un ton badin en serrant plus étroitement Harleen terrifiée entre ses bras, tu as bien fais de venir, ici on s'amuse comme des petits fous, pas vrai Harley ? Lança-t-il en empoignant violemment les cheveux de sa victime pour lui relever la tête, humm...il faut l'excuser, poursuivit-il conciliant, elle est très timide.
- Lâche-là tout de suite ! Eructa Batman
- Soit !
Il la projeta avec une violence incroyable sur le chevalier noir et décampa à toute vitesse en direction de la foule. Harleen tomba aux pieds du justicier, qui ne daigna même pas lui accorder un regard et se précipita à la poursuite du Joker. Seule, couchée sur le marbre blanc, Harleen suffoqua de peine et de terreur. Autour d'elle, les invités la regardaient épouvantés, ou avec horreur. Elle se releva rapidement et se précipita hors de la salle en larmes. Cendrillon était redevenue citrouille. Caché dans un bureau, elle n'en ressortit que beaucoup plus tard, dans un état second, sous l'insistance de l'officier Montoya, qui veillait sur elle depuis deux semaines. Pourquoi ? Pourquoi chaque fois qu'elle éprouvait un tant soit peu de bonheur, une chose horrible lui arrivait ? Harleen ne savait pas. Elle sortit du bâtiment derrière la policière qui l'escorta jusqu'à la voiture. Harleen garda les yeux baissés, sourde aux murmures qu'elle entendait sur son passage. « Pour eux tu es juste un monstre...comme moi » lui avait un jour dit le Joker. Elle se rendit compte, amère, à quel point il avait raison.
Au pied de la tour Wayne, ce n'était qu'un immense désordre d'ambulance, de voitures de police et de caméras. Les curieux, les journalistes, les policiers et les survivants s'emmêlaient tant et si bien qu'on avait le sentiment d'une anarchie totale. C'est sans doute pour cela qu'Harleen ne la remarqua. Elle monta, inerte, dans la voiture de police de l'officier Montoya qui démarra. Mais la silhouette, elle, elle la vit. Elle suivit avec une avidité féroce, la voiture de police des yeux jusqu'à ce qu'elle disparaisse au coin d'une rue. Une silhouette grande et banale. Une femme assez jeune, avec des cheveux auburn et des yeux bleus. Des yeux bleus, incroyablement grands, incroyablement lumineux, incroyablement dément...
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Syndrom
FanficAlors je veut juste vous prévenir , cette histoire n'est pas de moi mais d'une écrivaine très talentueuse , sa fiction étant publiée uniquement sur fanfic.fr, je trouve ça dommage donc j'ai eu envie de la partager avec vous . Voilà voilà , bonne lec...