Chapitre 10 : Crise

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J'étais dans la mouise jusqu'au cou. Avec Uriel et Azazel à mes trousses, je n'avais plus beaucoup de chances de m'en sortir.

Azazel était un ange avant de chuter. Il était proche de Lucifer et l'a suivi dans son mouvement de rébellion. Il était le dixième déchu selon le livre d'Hénoch, et il avait décidé de devenir un démon à part entière après s'être rallié à mon cher grand frère. C'était l'un des meilleurs généraux de l'Enfer, un peu comme Uriel, sauf qu'il n'était pas tout à fait soumis à Lucifer. D'après les rumeurs, il n'attendait qu'un écart de Satan pour prendre sa place. Son petit plaisir était de détruire psychologiquement sa proie avant de la piéger. Une véritable ordure.

Le claquement de la portière passager me sortit de mes pensées. Je sursautai, mais c'était juste Kai, qui revenait avec un sachet plastique rempli de barres chocolatées et de thé glacé.

- Je t'ai pris du café, dit-il en souriant et en me tendant un gobelet en carton.

- Merci, chuchotai-je.

Je pris le latte qu'il m'avait acheté et trempai mes lèvres dans la mousse. Il était bon, bien sucré, et il avait rajouté des copeaux de chocolat sur la crème fraîche. Dès que j'eus terminé, nous repartîmes en quête d'un magasin de vêtements. Nous en trouvâmes un à peine une heure plus tard, dans une petite ville.

C'était une petite friperie où l'on payait les vêtements au kilogramme, à prix abordable. Nous ressortîmes avec trois sacs et je payai en liquide. La vendeuse parut surprise de nous voir acheter autant de vêtements mais, polie, elle ne fait aucune remarque et elle nous laissa repartir sans poser de question. J'avais acheté quelques pulls, deux jeans, une dizaine de t-shirts et une petite robe noire assez élégante, qui ne m'allait d'être aucune utilité, mais j'avais craqué dessus. Elle me servirait bien un jour.

Kai s'était fait à sa place de passager et il passait son temps à grignoter ses sucreries. Je ne savais pas comment il pouvait ingérer autant de sucre et de graisse sans être malade, c'était impressionnant. 

Plus les heures passaient et plus les cicatrices de mes ailes me dérangeaient. Cela avait commencé par de simples démangeaisons, mais elles commençaient vraiment à me faire mal, comme si on appuyait dessus avec un objet pointu, un couteau ou un tisonnier. Je ne pouvais bien évidemment rien dire à Kai, qui dormait comme un loir depuis un bon moment. J'avais tellement mordu mes lèvres qu'elles saignaient un peu, et je n'étais pas loin de la crise. 

Je dus finalement m'arrêter sur le bord d'une petite route de campagne au bout de quelques kilomètres. Kai se réveilla en sursaut quand je coupai le moteur et regarda autour de lui, l'air hébété. 

- Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda-t-il d'une voix tremblante.

- Rien, j'avais besoin de m'arrêter quelques minutes pour... aller aux toilettes, inventai-je rapidement.

- Tu détestes aller dans les buissons pour tes pauses, contra-t-il suspicieusement. 

- La fin justifie les moyens ! criai-je en sortant rapidement de la voiture pour aller m'asseoir derrière quelques buissons. 

J'inspirais et j'expirais à une vitesse folle, mon cœur s'était rarement emballé à ce point et j'étais à deux doigts de verser une larme, ce qui ne m'arrivait strictement jamais. La douleur se propageait à présent dans tout mon dos et semblait ne pas vouloir s'arrêter. Je mis ma tête entre mes genoux, me concentrant sur ma respiration, mais rien ne venait à bout de cette brûlure lancinante. 

Après de longues minutes qui me parurent durer une éternité, j'entendis une portière claquer et des pas venir dans ma direction. 

- Amya ? Tout va bien ? hasarda Kai.

La mort à portée d'ailes : Fugitive (tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant