Chapitre 27

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Comme je le pensais, c'était bien Sam qui gérait toute la marmaille de Déchus. Il n'avait pas changé depuis que je l'avais vu pour la dernière fois, quelques siècles auparavant, à part qu'il avait recoupé ses cheveux d'ébène très courts. Ses grands yeux violets brillaient toujours du même éclat de malice.

Je m'avançai vers lui, le pris dans mes bras, et lui collai une grande tape dans le dos. Enfin, je fis comme je pus, étant donné qu'il était bien plus grand que moi, et que je devais me mettre sur la pointe des pieds pour l'embrasser sur la joue. Et qu'il devait, en prime, se baisser.

- Sam, je suis contente de te voir ! m'écriai-je.

- Moi aussi, mais je ne pense pas que ça va être le cas de tout le monde ici... répondit-il.

- Laisse-moi deviner : Jem, Sara et toute leur bande ?

Son regard me signifia que j'avais vu juste. Ces fauteurs de trouble me haïssaient, surtout Sara, et allaient clairement me poser problème pour loger ici, et je ne parlais même pas pour Kai et Priya. Ils avaient pris les humains en grippe dès que notre cher papa les avait créés, et ça ne s'était pas amélioré avec leur Chute. Sam allait tout faire pour nous aider, mais la vie ne serait pas simple avec cette bande de fous. Comme quoi les anges sont loin d'être très équilibrés dans leur tête.

- Combien de Déchus sont cachés ici ? m'enquis-je.

- Quarante. On a fait appel à... des personnes peu recommandables pour agrandir la maison par magie, comme ça les humains ne voient qu'un vieux manoir inoffensif. Des gamins ont essayé d'entrer mais un petit tour de passe-passe les a vite fait déguerpir. D'autres nids sont disséminés à travers le monde, mais nous ne sommes plus beaucoup, à peine deux ou trois cents, contre des légions d'anges et de démons. Tant que maintenant, ils nous évitent pour ne pas que les humains les remarquent, mais ils vont finir par nous envoyer une légion. Ils auront des pertes, mais pas autant que nous. Viens, entre, on va aller discuter.

Il s'écarta pour nous laisser passer, jetant au passage un regard un peu menaçant à Kai. Il nous fit signe d'entrer dans la première pièce à notre gauche, un petit bureau poussiéreux. Une armoire vide habillait un des murs, et la lumière transperçait à peine la petite fenêtre au fond. Il n'y avait que deux chaises, Sam resta donc debout, en face de nous, de l'autre côté de la table encombrée de bibelots qui lui servait de bureau.

- En quoi est-ce que je peux t'aider ? lança mon ami Déchu de but en blanc.

- J'ai besoin de venir ici quelques temps, ainsi que Kai et une autre humaine. Azazel a trouvé notre ancienne planque, et il n'y a qu'ici qu'il ne viendra pas me chercher. Il a aussi volé une pyxide, mais on ne sait pas exactement quels démons sont enfermés dedans, ni ce qu'il veut en faire. Certainement déclencher l'Apocalypse si Dieu le cherche, mais rien n'est moins sûr.

- Tu t'es fourrée dans un beau pétrin, pour ne pas changer.

- Exactement. Et en prime, mes cicatrices disparaissent.

- PARDON ? s'exclama Sam.

Mieux que de lui expliquer, j'enlevai mon t-shirt et me retrouvai en soutien-gorge devant Kai pour la énième fois en quelques jours. Ça devenait vraiment gênant. Je me tournai pour que Sam voit mon dos, et un long silence me répondit. Je remis mon vêtement et me rassit sur ma chaise, les mains croisées sagement sur mes genoux.

- C'est impossible... murmura l'ancien ange.

- Je le pensais aussi.

- Je veux bien t'aider, mais ne laisse pas les autres voir ça, ils te mettraient dehors en prétextant que tu es un danger pour nous tous.

J'avais bien envie de lui dire que j'attirais les ennuis comme un aimant, mais c'était dans mon intérêt de le laisser croire que je n'allais poser aucun souci au niveau sécurité du groupe.

- Cependant, comme tu le sais, les autres ne seront pas forcément contents de te voir, et encore moins d'accueillir deux humains, repris Sam.

- Kai ne restera pas, il a sa propre quête à suivre, répondis-je, une note mélancolique dans la voix. C'est juste le temps de finir de le former.

Je n'osai pas regarder Kai, et restai les yeux fixés sur Sam. Je me forçai à garder un visage impassible, mais je vis bien que mon ami Déchu avait compris. Il me connaissait plus que mes frères, on avait toujours été très proches. Il avait sacrifié ses ailes pour Chuter avec moi, et il m'avait toujours protégée des colères d'Uriel, même quand nous étions encore des créatures angéliques.

- Tu peux rester, les humains aussi, accepta Sam. Si Sara, Jem ou un de leurs chiens te cherche des noises, tu me le dis.

- Ne te tracasse pas pour ça, je sais comment leur fermer le clapet, ricanai-je.

Je me levai et le serrai à nouveau dans mes bras, lui murmurant un « merci » au passage. Kai regardait Sam d'un mauvais œil, mais le remercia quand même. Il décida de nous montrer où nous allions loger, dans une petite pièce à l'étage, où l'on pourrait tenir à trois sans se marcher dessus. Je demandai à mon ami s'il voulait que l'on vienne la nuit prochaine, le temps qu'il prévienne tout le monde, mais il refusa catégoriquement, et insista pour que nous venions déjà nous installer. Je redoutais tout de même un peu de croiser les autres Déchus. Je devais connaître la plupart d'entre eux, avec qui j'avais certainement quelques différends, et je savais pertinemment que nous allions devoir nous battre pour notre place. Sam se retira pour aller prévenir les autres. Je voulus le suivre mais Kai me retint par le bras.

- Amya, je dois absolument te parler... m'annonça-t-il à voix basse.

- Pas maintenant, ce n'est pas le moment, rétorquai-je.

- Si, c'est important ! Ecoute-moi, s'il te plait.

- Tu as trente secondes.

- Je ne pars pas, débita-t-il après une seconde d'hésitation. Je refuse de te laisser dans un bordel pareil, tu m'as aidé, à moi de te rendre la pareille. Tu vaux bien plus que ma vengeance, et je viens à peine de m'en rendre compte. Le démon de Velázquez attendra bien que je lui botte les fesses. Après ce qu'il s'est passé à Rockley...

- Kai, on risque de mourir, tu es au courant ? Je ne peux pas me permettre de verser dans le sentimental.

- Je le sais bien, me dit-il en me prenant la main. Ce n'est pas ce que je te demande. Laisse-moi rester... en tant qu'ami si tu le veux, mais je ne te laisserai pas tomber.

Je ne savais plus quoi répondre. Il venait d'ébranler toutes mes convictions en quelques mots. Je hochai simplement la tête et sortit de la pièce, Kai sur les talons, prête à affronter le nid de Déchus. 

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Bonjour tout le monde ! vous allez bien ?

Qu'avez-vous pensé du chapitre ? J'espère qu'il vous a plus :) 

Jusqu'au 20 juin environ, je resterai au rythme de un chapitre toutes les deux semaines, puis je reprends le rythme habituel, sauf la première semaine de juillet :)

N'hésitez pas à laisser un commentaire, et votez ! 

à la semaine prochaine pour la suite... :)

La mort à portée d'ailes : Fugitive (tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant