Chapitre 16 : Priya

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Nous arrivâmes enfin à Rockley après quelques heures de route supplémentaires. Le trajet avait été mouvementé, mais juste à cause d'énormes nids de poule sur un chemin de campagne qui me faisaient sauter sur mon siège tous les cinq mètres. Nous avions eu de la chance qu'un pneu n'ait pas éclaté.

Rockley était une petite ville assez typique de Louisiane, avec de petites maisons en bois colorées sur la façade, à proximité d'un marais. On pouvait presque plus parler d'un village que d'une ville. Il n'y avait que deux grandes artères principales et une multitude de plus petites rues qui s'enchevêtraient comme un quadrillage parfait. Quelques mégots de cigarettes salissaient les rues mais le tout restait très accueillant.

Le jour perçait à peine, on ne pouvait qu'entrevoir les rayons dorés du soleil à l'horizon. Il devait être huit heures du matin au grand maximum. On n'entendait que le bruit des pneus sur l'asphalte. Le vent soufflait très peu, les arbres autour du bayou ne bougeaient pas. Il faisait presque trop calme, même, après tout ce qui nous était déjà arrivé.

Il y avait également très peu d'agitation dans les rues, à peine quelques passants et de rares voitures qui nous croisaient. Kai gara la voiture devant un petit café, le Heaven Café. Je mourrais de faim, et les odeurs de pain et de pâtisseries n'arrangeaient rien. Un peu mieux et je me mettais à saliver en pleine rue. Je me précipitai dans le café, suivie par un Kai hilare, et je me jetai devant le comptoir en verre pour faire mon choix. Finalement, je me décidai pour un latte au chocolat, un croissant et une brioche aux raisins. Kai resta plus calme que moi et prit uniquement un expresso. La lumière entrait par de grandes fenêtres à l'avant, couvertes du logo du café, le nom entouré de deux ailes d'ange. C'était tellement ironique. Nous nous assîmes à une petite table au fond du café et je me mis à cuisiner Kai.

- Bon, du coup, elle vit où ta sorcière ?

- Sur Berry Street, d'après ce qu'on m'a dit, et on ne sait pas la rater. J'espère juste que ce n'est pas une arnaque monumentale...

- On le saura vite. Si elle sort crucifix, c'est mauvais signe.

Il eut un petit soupir désespéré et il but son café en quelques gorgées, tandis que j'avais à peine entamé mon croissant et mon latte. Je me dépêchai de terminer mon repas et j'engloutis le tout en quelques minutes. Le pire était que j'aurais bien repris un croissant. Ou deux.

- Tu n'as plus parlé de tes blessures, me dit suspicieusement Kai. Tu dois toujours avoir très mal.

- Bizarrement, ça va très bien, je ne sens plus qu'un léger picotement. Je n'y avais même plus pensé avec tous ces retournements de situations.

- Fais quand même attention, je ne veux plus qu'on se retrouve attaqués par des tarés de la secte parce que tu es blessée.

- Ne t'en fais pas, je gère.

- Oui...

- Fais-moi confiance, d'accord ?

Il ne répondit pas et se leva de sa chaise. Je le suivis en enlevant les dernières miettes de viennoiserie sur mon jean. Je sentais son stress monter, presque viscéralement, peut-être parce que j'avais des capacité sensorielles angéliques. Je ressentais les émotions fortes plus intensément, et il empestait la panique. Nous décidâmes de parcourir la ville à pied afin de trouver Berry Street et la mystérieuse sorcière/exorciste. Kai trouva rapidement la rue et nous inspectâmes chaque façade minutieusement à la recherche d'un petit écriteau.

Il avait dit qu'on ne pouvait pas la rater, et effectivement, il fallait être aveugle pour ne pas voir sa boutique. Je m'attendais à une petite échoppe vendant des produits gothiques, des livres sur Nostradamus et autres, ou alors une petite carriole de voyante avec une boule de cristal peinte sur la porte, mais pas à ça.

La mort à portée d'ailes : Fugitive (tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant