La mort à portée d'ailes : Fugitive (tome 1)

Chapitre 19 : Préparation au combat

Nous rejoignîmes Priya dans son « arrière-boutique ». Elle sirotait toujours son verre de whisky, affalée sur un coussin brodé de motifs orientaux.

- La grande révélation n'a pas été trop chaotique ? demanda Priya après avoir avalé une petite gorgée d'alcool.

- Il l'a... assez bien pris, répondis-je.

- Je veux apprendre à combattre les démons, ajouta Kai.

- Tu veux vraiment te faire tuer ! s'exclama l'Indienne, oubliant son vouvoiement.

- Je n'ai plus rien à perdre, répliqua-t-il calmement. Si je meurs en vengeant ma famille, je serai heureux.

Son regard d'argent brillait d'une détermination sans faille ; il était véritablement décidé. D'un côté, il me faisait peur, j'avais rarement rencontré des personnes si sûres d'elles, surtout quand il s'agissait de mourir. Je ne voulais pas qu'il se transforme en fanatique, j'avais vu bien trop de gens tomber dans l'excès. La seule différence était que je n'avais pas envie de le regarder sombrer, contrairement aux autres qui m'importaient peu.

- Vous pouvez loger à l'étage, proposa Priya en reprenant ses manières. Il y a un petit salon, avec une cuisinière et une douche, je peux vous aménager le studio.

- Merci, répondit Kai. J'ai encore un léger service à vous demander...

- Je vous écoute.

- Pourriez-vous m'enseigner ce que la sage de votre village vous a transmis ? Je veux être capable de me défendre physiquement, mais je veux aussi savoir à quelles créatures j'ai affaire, et comment les exterminer une bonne fois pour toutes.

Elle se tut un moment, scrutant Kai de la tête aux pieds. Ses grands yeux noisette n'exprimaient aucune émotion, elle le sondait sans lâcher un mot. Mon ami se balançait d'un pied à l'autre, mal à l'aise, et il me jetait sans cesse des coups d'œil interrogateurs. Pour ma part, je ne savais pas à quoi elle jouait, mais voir Kai si impressionné m'amusait.

- Je peux vous enseigner les bases, pas tout, abdiqua-t-elle. De toute manière, vous ne possédez aucun pouvoir surnaturel, je ne saurai pas vous apprendre grand-chose, si ce n'est des pièges basiques qui ne tromperont que des démons de bas étage.

- Je prends ce qui est à prendre. Amya, on commence l'entrainement quand ?

Je n'avais jamais entrainé personne auparavant, et je ne savais pas exactement comment m'y prendre, d'autant plus avec un humain.

- On commence demain matin, dès cinq heures, et on va courir, annonçai-je.

- Courir ? répéta Kai avec une toute petite voix.

- Première règle : l'endurance est la base de tout, et quand tes ennemis sont plus forts que toi, tu cours. Donc tu te reposes un bon coup, et demain, je te fais courir jusqu'à ce que tu t'écroules.

Je vis une lueur de doute dans son regard. Il n'osait pas me demander si j'étais sérieuse. Je ne l'étais qu'à moitié : il courrait longtemps, mais je devais le garder un minimum en forme pour la suite. Il me détesterait sûrement les jours où il aurait des courbatures, c'est-à-dire très souvent, mais il l'avait voulu.

- On doit aussi te trouver une arme, repris-je. Un pistolet ne servirait à rien, je penche donc plus pour des poignards ou une épée, il faudrait voir avec quoi tu es le plus à l'aise. L'épée ne me parait pas mal vu tes exploits avec Uriel.

Il grimaça quand je mentionnai le nom de mon frère. Apparemment, la pilule avait encore un peu de mal à passer malgré ce qu'il affirmait haut et fort, comme je m'en doutais. Il devait certainement se dire qu'avec une famille pareille, je devais être sérieusement dérangée.