Chapitre 51

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Le réveil fut bien moins agréable que la nuit que l'on venait de passer. Dès les premiers rayons du soleil, nous avions quitté notre petit nid pour s'habiller, emporter nos sacs et sortir dans le froid glacial. Presque tous les autres étaient déjà dehors, grelottants, sous la houlette d'un Sam de mauvaise humeur. Priya, la main sur l'épaule de mon ami, essayait visiblement de le calmer, en vain. Les sacs formaient un amas énorme sur le sol, et, de nouveau, tous les villageois nous dévisageaient. Cette fois, tout de même, ils semblaient plutôt heureux. Le calme allait revenir dans leur petit village tranquille. Igor arriva d'un pas lourd et vint me serrer la main.

- Merci encore pour ma petite-fille, annonça-t-il. Je ne pourrai jamais assez vous remercier, je tiens à vous le redire. Je vais vous mener à la route qui longe le chemin de fer, il y a une gare à quelques kilomètres, vous pourrez emprunter un train jusque Moscou ou même Saint-Pétersbourg. J'espère que vous trouverez votre havre de paix.

- Merci, Igor, répondis-je. Je ne suis pas sûre de trouver la paix tout de suite, mais c'est notre projet à tous, à long terme.

- Nous allons nous mettre en route, dans ce cas, je crois que mes compatriotes vont vous mettre dehors si nous ne partons pas !

- En route, tout le monde ! cria Sam, après avoir compté tout le monde, comme si nous étions à l'école maternelle.

Nous enfilâmes nos sacs et prîmes nos armes, sous les yeux effrayés des Russes. Quitte à ce qu'ils aient peur, je ne voulais pas risquer de me retrouver dépourvue face à une éventuelle attaque de démons, d'anges ou de je ne savais quoi encore sur le chemin. Avec mes psychopathes de frères, je m'attendais à tout et n'importe quoi. Uriel, tout particulièrement, m'effrayait, on ne pouvait rien lui dire. Lucifer était plus malléable, et j'espérais qu'Azazel et Lilith n'avaient pas encore eu le temps de le convaincre d'ouvrir cette fichue pyxide, dont je n'avais pas encore pu m'occuper. J'étais dépassée, et ça n'allait pas s'arranger dans les jours, voire heures, qui allaient suivre. Je pris la tête du groupe avec Kai, Priya, Sam et Igor, et nous commençâmes notre périple vers le chemin de fer, qui serait déjà un bon point de départ pour fuir, même i ce n'était pas le moins discret. Nous allions encore devoir nous faire discrets, mais ça n'allait pas être simple avec nos bagages et nos armes. Il fallait ensuite trouver une destination où nous pourrions nous cacher et vivre, du moins survivre, jusqu'à ce que la situation se calme. Enfin, si elle se calmait un jour.

Pendant deux, ou trois kilomètres, nous ne vîmes que du blanc, du blanc, et du blanc. De la neige, partout, et quelques arbres par-ci, par-là. Je peinais un peu à marcher, la fatigue prenait peu à peu le pas sur ma motivation à échapper à mes frères. Kai me soutenait comme il pouvait, mais encombré avec son sac et son arbalète, il ne pouvait pas faire grand-chose. Sam portait déjà à moitié Kébiel, qui ne tenait pas trop le coup. Même avec l'énergie que je lui avais transmise, il restait assez faible, et Priya l'auscultait toutes les demi-heures pour s'assurer qu'il ne tomberait pas raide mort dans les minutes à suivre. Le groupe avançait bien, mais personne ne pipait mot. Mon anxiété était à son apogée, et je me retournais en sursaut dès que j'entendais un bruit, même un animal, au loin.

J'avais quand même un mauvais pressentiment, et ce depuis qu'un démon avait essayé de posséder Sara, qui ne s'en remettait qu'à moitié. Je me sentais... observée, depuis que nous avions quitté le village. C'était certainement encore ma paranoïa légendaire, mais impossible de me défaire de cette impression d'être suivie, voire traquée. Je regardais derrière moi toute les deux minutes, mais je ne voyais que notre groupe et de la neige. Après cette mésaventure, j'allais partir aux Caraïbes, hors de question de revoir la neige avant une bonne trentaine d'années.

- Ça va ? finit par me questionner Kai alors que j'inspectais les alentours pour la vingtième fois en dix minutes. Tu as l'air tendue...

- Oui, désolée, je ne suis pas tranquille. Je m'attends à ce que quelque chose nous tombe dessus à tout moment, avec les derniers évènements. J'aimerais vraiment bien qu'on puisse trouver une planque sûre.

- On va trouver, ne t'en fais pas, et on pourra même vivre tous les deux, et recommencer ce que nous avons fait la nuit passée...

- Arrête de me distraire, répliquai-je, le sourire aux lèvres. On pourra faire ça quand tout le monde sera à l'abri, je te le promets.

- J'aime beaucoup ce genre de promesses, je pourrais m'y habituer !

- Tu es ingérable, tu sais ça ?

Nous échangeâmes un regard et éclatons de rire. Sam me regarda d'un coup, et me fixa droit dans les yeux, comme qu'il pouvait deviner le cap que j'avais franchi avec Kai. Il articula quelque chose qui ressemblait à « tu dois me raconter quelque chose » mais je l'ignorai et déposai un chaste baiser sur les lèvres de mon petit-ami.

Nous arrivâmes enfin, après deux heures de marche, non loin d'une petite gare, à quelques mètres d'un village qui ne payait pas beaucoup plus de mine que celui d'Igor, qui nous laissa après d'énièmes remerciements. Il allait presque me manquer, avec son air bourru et sa flasque de vodka !

- Je vais aller me renseigner pour acheter des billets, annonça Sam. J'espère que nous aurons assez d'argent.

- Au pire, je leur fais un petit tour de passe-passe, le rassurai-je.

- Je viens avec toi, Sam ! s'écria Priya.

Ils eurent à peine le temps de faire quelques pas en direction du local qui servait de gare que l'atmosphère se fit étouffante. Je tombai à genoux, sous la pression, et Kai me rejoignit quelques secondes plus tard, ainsi que tous les Déchus. Un son suraigu me vrilla les tympans et je hurlai, mais mon cri se noya dans ceux des autres. Quelqu'un me prit violemment par le col de ma veste pour me redresser, tout en susurrant à mon oreille :

- Voilà comme on se retrouve, sœurette, maintenant fini de jouer, les choses sérieuses commencent ! 

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Bonjour à tous, j'espère que vous allez bien, que votre semaine s'est bien passée, et que le chapitre vous a plu ! Plus que trois avant la fin, ça me fait tellement bizarre de vous annoncer cela ! Comme je vous l'ai dit la semaine passée, et celle d'avant, c'est le moment de vous lâcher dans les commentaires, pour que je puisse diriger ma correction, qui s'annonce pour très bientôt, et le tome 2 qui se prépare. Je ne le publierai pas tout de suite, histoire d'avoir quelques chapitres d'avance, c'est plus agréable pour moi, je suis moins dans le rush, et je ne stresse pas quand le chapitre n'est pas prêt le dimanche à 18h :p Je m'organise également pour vous présenter ma romance contemporaine/chick-lit pendant l'attente, je vous en dirai plus à ce niveau-là quand le dernier chapitre sera posté.

Si vous avez la moindre question, n'hésitez pas à la poser, ici ou sur ma messagerie, je vous répondrai avec plaisir :)

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Je vous dit alors à dimanche prochain pour la suite (et bientôt fin) de ce premier tome de La mort à portée d'ailes !

La mort à portée d'ailes : Fugitive (tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant