Chapitre 30

1.6K 234 21
                                    

Le choc de la révélation de Priya me laissa bouche bée. On allait enfin pouvoir savoir qui Lucifer voulait libérer.

- Qui est-ce ? demanda Sam.

- J'ai dit que je savais comment trouver le nom, pas que je l'avais, précisa la jeune Indienne. Le journal est principalement écrit en hindi, et quelques passages sont en anglais, mais certaines pages sont écrites en sanskrit, je crois, et des phrases me semblent même codées. Le nom du démon est certainement caché dans ces pages.

- Et comment tu comptes lire le sanskrit ? la questionnai-je. Ta mentor te l'a appris ?

- Je le comprends un peu, Sarya m'a appris les bases, mais je dois tout de même déchiffrer un code complexe, ça va me prendre du temps.

- Du temps, on n'en a pas des masses, protesta le deuxième Archange déchu dans la pièce.

- Je ne pourrai pas faire autrement, de toute façon, le coupa Priya. C'est ça, ou alors vous ne saurez jamais ce qui est coincé dans la pyxide.

J'avais rarement vu quelqu'un tenir tête au grand Samaël, et aucun humain n'avait osé le faire, jusqu'à ce jour. Mon ami finit même par baisser les yeux devant le regard de braises de l'Indienne. Je retins un petit rire à l'idée que ce caractériel de Sam avait enfin trouvé plus déterminé que lui.

- Sarya a certainement laissé des indices, au cas où j'en aurais besoin un jour, repris Priya. Dès que je les aurai trouvés, nous avancerons beaucoup plus vite.

- Si tu as besoin d'aide, tu peux compter sur moi, lui dit Kai.

- Va plutôt te reposer, lui conseilla-t-elle. Tu es bien amoché, tu as besoin de sommeil. En plus, j'ai déjà un esclave à disposition !

Elle parlait bien évidemment de mon ami Déchu, qui ne savait plus quoi dire. Il avait vraiment l'air d'un gamin, à se faire mener à la baguette, mais je voyais une lueur amusée dans ses yeux, comme si Priya lui apportait une bouffée d'air frais dont il avait désespérément besoin. Sam avait toujours aimé les défis, et mon amie en constituait un sacrément compliqué.

Kai commençait à montrer d'énormes signes de fatigue, je fis donc passer son bras sur mes épaules, adressai un discret signe à Sam pour lui dire merci, et j'aidai mon compagnon de voyage à rejoindre son lit, si on pouvait appeler le matelas posé au sol comme cela. Le sang qui coulait de sa plaie au front séchait tout doucement, laissant une ligne carmin plutôt épaisse sur sa joue. Ses vêtements étaient bons à jeter, remplis de boue et d'hémoglobine.

- Ça va, Kai ? m'enquis-je.

- Ça ira mieux demain, grogna-t-il. Cette enflure ne m'a pas raté !

- La prochaine fois qu'un Déchu me défie, reste bien à ta place et laisse-moi gérer la situation. Tu n'as pas assez d'entrainement.

- Si j'avais pu utiliser l'arc...

- Nous serions déjà dehors. Ce sont les flèches de Lucifer, ne l'oublie pas, et il fait peur à pas mal de personnes, ici. Jamais ils n'auraient pris le risque d'attiser sa colère. Allez, relève-toi, je vais t'aider à te déshabiller.

Je regrettai cette phrase à la seconde où elle sortit de ma bouche. J'avais déjà du mal à garder mes distances avec lui, me rapprocher comme cela allait me mener à ma perte, un jour ou l'autre. De toute manière, je ne pouvais plus faire marche arrière, alors je serrai les dents et je fis passer son t-shirt au-dessus de sa tête. Des bleus se dessinaient déjà sur son torse, et les chaussures de Sara avaient laissé des coupures un peu partout près de ses côtes. J'allais vraiment la mettre en pièces. Certaines contusions descendaient sous son pantalon, je l'enlevai donc lui aussi, faisant tout mon possible pour ne pas rougir. Je l'avais déjà déshabillé, après l'accident, mais je ne le connaissais pas, et je n'avais alors aucun sentiment pour lui. Tout avait changé, en si peu de temps... Je voyais bien qu'il était lui aussi mal à l'aise, il détournait le regard en attendant que je termine. Dès que j'eus jeté le vêtement sur le côté, je me relevai.

- Je vais aller chercher du désinfectant et des compresses, m'empressai-je de dire avant de quitter la pièce.

Je descendis l'escalier et retrouvai Sam dans son bureau. Il me donna la trousse de premiers soins qu'il gardait dans un des tiroirs et je courus rejoindre Kai pour le soigner. Il s'était allongé sur son matelas et il releva légèrement la tête quand j'ouvris la porte. Je m'assis à côté de lui, sortis les ouates, la bouteille de désinfectant et les compresses, puis j'entrepris de nettoyer ses blessures une à une. Je ne pourrais rien faire contre les ecchymoses, mais si je pouvais déjà lui éviter d'autres cicatrices, en plus de celle qui barrait son torse, ce serait déjà pas mal. Quand j'eus terminé, je m'allongeai sur mon propre matelas, face à lui, et je remarquai que j'avais oublié de nettoyer sa plaie au front. Je voulus me relever pour le faire mais il m'en empêcha.

- Je peux le faire tout seul, tu sais ? me dit-il doucement. Tu en as déjà bien assez fait pour moi. Quand mon père trempait dans les sales affaires de Velázquez, il revenait quelques fois roué de coups, et ça m'est arrivé à trois ou quatre reprises aussi. Je ne voulais pas que ma mère le voit, je me soignais moi-même, mais je pense qu'elle n'était pas dupe. Ce que je pouvais être idiot...

Je souris en l'imaginant, adolescent, revenir en douce chez lui la nuit et faire tout pour éviter le courroux de sa mère.

- Pourquoi as-tu décidé de ne pas partir ? demandai-je soudain. Tu tenais tellement à ta vengeance... Tu ne peux pas tout reporter pour une fille !

- Tu m'as fait comprendre quelque chose de primordial.

- Ah oui ?

- Oui, à savoir que la liberté est la chose la plus importante. Si je tue Velázquez, je peux lui dire adieu, à ma liberté, et m'enfermer dans ce cercle vicieux de vengeance, ça ne mène à rien. Et puis, qui n'abandonnerais pas tout par amour ?

- Kai, ne dis pas ça, on ne peut pas...

- Je sais, tu me l'as déjà dit, c'est loin d'être le bon moment, mais tu devais le savoir.

Sans que je m'en rende compte, nous nous étions rapprochés l'un de l'autre, et j'étais presque collée à son torse. Je relevai la tête – pour l'embrasser ou le rembarrer, je ne le savais pas – mais un énorme bruit retentit et la maison fut secouée jusque dans ses fondations. 

******

Bonjour à tous, j'espère que vous allez bien :) désolée pour le léger retard, j'ai (encore) eu des petits imprévus !

J'espère que le chapitre vous a plu, n'hésitez pas à me dire quoi en commentaire ! Je reporte la FAQ à la semaine prochaine pour vous laisser un peu plus de temps pour les questions :)

Comme chaque semaine, votez, commentez et partagez La mort à portée d'ailes ! :)

A mercredi ou jeudi (on ne sait jamais qu'un imprévu me tombe dessus) pour la suite :)

La mort à portée d'ailes : Fugitive (tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant