3. Danger

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Arrivée devant la maison familiale, je frappe à la porte et entre. Après tout, c'est toujours un peu chez moi. J'ai quitté ma mère et Mathias il y a cinq ans, mais je viens quand même déjeuner presque tous les samedis midi après le travail. C'est toujours bon de retrouver sa famille. En plus, je me sens super seule toute la semaine chez moi avec Hobbit le cochon d'Inde. Le pauvre est très mignon, mais pas très bavard.

- C'est moi ! crié-je en voyant le salon vide.

J'entends chahuter à la cuisine et ma mère rire gaiement. Putain j'espère que je n'arrive pas au milieu d'une séance de TP ! Manquerait plus que je tombe sur un cours de SVT porté sur l'anatomie des sexagénaires.

- Je suis làààà ! continué-je histoire qu'ils arrêtent ce qu'ils sont en train de faire si jamais ils font de la "cuisine censurée".

J'avance doucement, et j'ai à peine le temps de mettre un pied dans la pièce qu'un fou se jette sur moi pour me faire décoller du sol et me faire tourner comme la girouette sur le toit des Garnier.

- Paul ! Mais t'es dingue ! Pose-moi par terre ! crié-je.

Il s'exécute en riant comme un âne. Comme d'hab j'ai envie de dire.

- Tu m'as fait peur, dis-je en souriant.

- Alors Danger, comment tu vas ? fait-il en remettant ma mèche derrière l'oreille. Ça fait tellement longtemps !!!

Oui Danger vous avez bien lu ! Paul me nomme ainsi depuis nos 9 ans. Oui, Danger, Branger, ça se rapproche. Les gosses et les surnoms à la con...
C'est parti d'un jour où on faisait du vélo dans la rue devant la maison. Du vélo normal hein, pas le vélo selon ma mère. J'ai appris comment ELLE faisait du vélo et je ne veux plus jamais en entendre parler !

Ce jour là, je faisais le tour du pâté de maison avec Paul. Tout allait bien jusqu'au moment où j'ai faillit percuter un chien errant. Pour l'esquiver, j'ai dévié sur Paul. Ce dernier a finit encastré dans la poubelle des voisins, et moi, et bien moi j'ai embarqué la boîte aux lettres du voisin d'après avant de m'étaler par terre. On est rentré à la maison avec des bobos partout. Et depuis ce jour, je suis Emma Danger ! Ce surnom me poursuit depuis des années, et a eu des tonnes d'occasions de prouver qu'il m'allait comme un gant. Miss deux pieds gauches et mains percées : c'est moi !

- T'es là combien de temps, demandé-je le ton plus doux.

Paul vit à Londres depuis trois ans, il passe un week end par-ci par-là quatre ou cinq fois par an, en plus de Noël.

- Je reviens, fait-il souriant. D'ailleurs, je n'ai pas encore trouvé d'appart, ça serait cool que tu m'héberges un peu. J'me vois mal revenir chez les parents, déclare-t-il en me faisant son sourire de charmeur, de travers comme souvent. Si moi je suis Emma Danger, lui c'est mon sourire de travers. Mais je ne lui dis pas car j'ai assez peur des représailles de ce barjo.

- Bah tiens ça m'aurait étonné.

- Allé Dangeeeeer ! Steuplééé...

- Ok. Mais tu fais ta vaisselle, tu ramasses tes affaires. Il est hors de question que je lave ton linge. Et surtout, pas de plan cul chez moi.

- Oui maman ! lâche-t-il en grimaçant. Euh, t'es sûre pour les plans cul ?

- Ouiiiii !

- Même pas un ?

- Paul ! râle ma mère. Arrête de l'embêter.

Je tourne les talons et pars embrasser ma mère qui rit. Je sais qu'elle est heureuse elle aussi de retrouver Paul. Même si ce couillon risque de compliquer ma petite vie bien rangée. Si Paul était sage quand nous étions à l'école primaire, il l'est beaucoup moins aujourd'hui.

Misère ! Dans quel merdier j'me suis foutu moi ?

L'amour avec un grand CLICOù les histoires vivent. Découvrez maintenant