L'amour avec un grand CLIC

11. Messenger

Dans mon lit, enfin seule, je prends mon téléphone et ouvre Messenger. Je tape "Benoît Pietri" dans la barre de recherche et attends de tomber sur son visage. Par chance, il a la même photo que sur le site de rencontre, ce qui me permet de le réperer facilement. J'appuie alors sur sa tête pour ouvrir la conversation, et là, bah j'hésite.

Ouais ouais sérieusement ! Pourquoi ? Aucune idée.

Je me retrouve là comme une conne, avec mon téléphone dans les mains, enroulée dans ma couette à regarder le visage de Benoît alias DREAMER_75 sans réagir. J'observe longuement son regard, son sourire. Si longtemps que je commence à tourner de l'oeil, emportée par la fatigue.

Merde !

Je suis tellement dans le pâté que mon pouce vient de se poser sur la grosse main jaune qui dit " faites hello à Benoît " .

Non Emma tu dors. C'est un rêve. Tu n'as pas appuyé sur la main jaune. Tu rêves. Tu dors. Tu n'as... Oh merde!

Je regarde les trois petits points danser en bas à gauche qui m'indiquent qu'il est en train d'écrire. Argh fait chier !

> Emma... quel joli prénom. Enchanté
Je pensais que tu m'avais déjà oublié...
Heureux de voir que tu penses à moi à une heure aussi tardive.

Putain je fais quoi ? Je fais QUOI ? JE FAIS QUOOOIIII ?!

Bah tu réponds banane !

> Enchantée également Benoît
Et non je n'ai pas oublié, c'est pourquoi oui, je penses à toi malgré l'heure. J'ai beaucoup aimé parler avec toi.

Qu'est-ce que ça fait cruche! On dirait une gamine de 13 ans qui parle. Je devrais peut-être demander des cours de "dévergondage " à Roxy...

> Tu ne trouves pas qu'on a l'air cons ? Parler sur internet pour trouver l'amour, ce n'est pas très romantique.

> C'est un moyen comme un autre
Si on en est là c'est que le reste n'a pas marché alors pourquoi pas ?

La conversation s'éternise jusqu'à 3 heures du matin. Malheur, je vais avoir la tête dans le cul demain au boulot.

J'apprends que Benoît est fils unique et qu'il a 25 ans comme moi. Il est célibataire depuis près d'un an. Alors que moi, et bien moi, sur le podium de la frustration, je dois être number one. Je ne me souviens même plus la dernière fois que je me suis envoyé en l'air d'ailleurs. Détrompez-vous, je n'étais pas saoule. C'est juste que j'ai l'impression que ça fait des siècles qu'un homme ne m'a pas touché. Si ça continu, il va falloir que je demande à Rabbit de me donner un coup de main. Espérons que Benoît soit mon sauveur.