ÉPERDUMENT | Tome 1.☆Terminée☆

Chapitre 3 :

Je suis sur le point d'embrasser un garçon pour la première fois de ma vie !

La bouche de Mansour est si proche de la mienne que je sens son souffle chaud me caresser le visage. Mes bras, mes jambes, mes lèvres...Mon corps entier tremble de peur et les larmes me montent aux yeux. Je ne veux pas que ça arrive. Je ne veux pas qu'il me prenne mon premier baiser. Il est hors de question que je le laisse me dérober une chose aussi précieuse, aussi facilement. Et le seul moyen de l'arrête, c'est de lui en flanquer une bonne...

Mansour : - "Aaah, Putaiiin !"

Mansour empoigne ses bijoux de famille de ses deux mains et se roule en boule, sur le sol, tout en criant de douleur.

Mansour : - " Mais t'es folle, ou quoi ? Merde !! Tu m'as défoncé les cou....

Bintou : - Tu n'avais qu'à me lâcher ! Je t'avais prévenu !

Mansour : - Prévenu ? Ta soeur ! Je te charriait juste, et toi tu me fout un coup de genoux dans les boules !

Bintou : - C'est toi qui m'a cherché.

Mansour : - Tsss..."

Il est devenu rouge tout d'un coup et il a du mal à respirer. Il ne lâche pas sa prise de ses mains et gémit de douleur, comme si on venait de les lui arracher.

Bintou : - "...ça fait si mal que ça ?

Mansour : - Mal ?? Tu te fout de ma gueule, ça tue ! Tu verra se que ça fait le jour où t'aura des couilles !

Bintou : - Je suis désolée...

Mansour : - Pff, à d'autres.

Bintou : - Si jamais je peux faire quelque chose pour...

Mansour : - Tu peux rien faire ! À par si ça te chanterait de me les masser !

Bintou : - Que...😡😡😡😡

Mansour : - Vas-y, casse-toi ! Rentre chez toi !"

Je reste debout devant lui un bon moment avant de comprendre qu'il me demande de m'en aller.

Mansour : - "Je t'ai dit de te casser, putain ! Dégage de chez moi !"

Je sursaute de peur et ramasse mon sac tombé à terre, après qu'il m'ai pris dans ses bras, toute paniquée et tout en tremblant. Puis, je sors de chez lui en courant, sans même me retourner.

Ce n'est pas de ma faute si je ne supporte pas les garçons comme lui. Je n'aime pas les gens de mon âge, les bébés sow ardo, comme on dit ici. Pour moi, l'homme parfait doit avoir plus de 20 ans et être gentil, tendre, attentionné, et romantique. Je ne pourrais jamais sortir avec un délinquant ou même être amie avec. Les garçons qui se comportent comme des brutes me dégoûtent, et je dois avouer qu'ils me terrifient aussi.

Lorsque je n'avais encore que huit ans, je me suis fait kidnapper par un de mes voisins et j'ai été martyrisée pendant des mois et des mois, dans une vieille maison à Podor, cachée de la vue de tout le monde, et où personne ne risquait de me retrouver. Un jour, un berger perdu est venue demander refuge là où j'étais enfermée, et il m'a aussitôt découvert enchaînée là-bas. Il a alors appelé la police et j'ai finalement pu sortir de cet enfer.

Depuis ce jour-là, je traite tous les hommes de la vingtaine comme des héros, des chevaliers qui viennent au secours de jeunes demoiselles...mais pas tous. Seulement ceux qui ressemblent au berger qui m'a sauvé. Et il se trouve que Monsieur Ndiaye lui ressemble comme deux gouttes d'eau.

Je n'arrive pas à trouver le sommeil.

Repenser à cette vieille histoire m'a perturbé tout le long de ma soirée, et ma "querelle" avec Mansour n'a fait qu'empirer mon angoisse. Je me demande si je dois me remettre à boire des somnifères pour trouver le sommeil...

J'ai arrêté d'en prendre après que je sois arrivée ici à Dakar, mais il m'arrive d'en consommer en cachette, quand je vais mal et que je les utilisent pour passer le temps. Le temps passe plus vite lorsque je dors, et il n'y a que durant ces moments que je me vide du mal et des souvenirs qui me tiennent à bout.

Maman : - "Bintou, tu dors ?"

Ma mère entre dans ma chambre sans m'en demander la permission et allume la lumière, qui m'éblouie les yeux et m'empêche encore plus de trouver le sommeil.

Bintou : - "Maman !

Maman : - Oh, à ce que je vois tu ne dors pas.

Bintou : - Non, je ne dors pas ! Tu veux quoi, au juste ??

Maman : - Il y a un jeune homme qui te demande. Il t'attend en bas.

Bintou : - Hein ? Tu veux me faire croire qu'il y a un gars qui veux me voir à 11h du soir ?!! Si tu es venue me déranger pour une raison aussi médiocre, je te prierais de me laisser tranquille et de sortir de ma chambre, s'il-te-plaît. Et n'oublie pas d'éteindre la lumière en sortant. Merci !"

Je me recouche dans mon lit et m'attend à ce que ma mère se retire, mais elle ne bouge pas d'un pouce et continue son délire :

Maman : - "Ce n'est pas une "raison médiocre". Le pauvre garçon t'attend dans le noir et dans le froid, depuis un bon quart d'heure, pendant que toi tu t'apitoie sur ton sors. Qu'est-ce que tu peux être bornée, thiéy Allah !

Bintou : - Je ne veux voir personne...

Maman : - Comment qu'il m'a dit qu'il s'appelait déjà...?

Bintou : - ...et je ne veux parler à personne....

Maman : - Ndiéye...ou
Béye...non...NDIAYE !

Bintou : - Monsieur Ndiaye ?!?

Maman : - Oui, c'est ça. Ndiaye ! Un bel homme, très charmant, incroyablement beau et bien roulé pour un..."

Je ne l'écoute pas parler et décampe de ma chambre à toute vitesse pour aller voir Monsieur Ndiaye.

Arrivée à l'entrée, j'ouvre la porte, les mains tremblantes et le cœur qui bat la chamade...
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