ÉPERDUMENT | Tome 1.☆Terminée☆

Chapitre 10 :

Dans la peau de Monsieur Ndiaye.

Tout est allé si vite. Mansour a voulu qu'on aille chercher la petite Bintou, qu'il pensait être perdue, alors je l'ai accompagné, et... après, que s'est-il passé au juste ? J'étais dans ma voiture...oui, elle était là, dans la voiture, avec moi. Elle était troublée par le comportement incohérent de Mansour. Ils sortent ensemble, non ? Je ne sais pas vraiment, j'ai vu Mansour la regarder amoureusement plusieurs fois, et ce n'est pas comme s'il cachait son air jaloux à chaque fois qu'il la voyait avec un autre homme, ou moi-même, comme si elle m'intéressait...non, elle ne m'intéresse pas, je l'apprécie seulement. C'est une bonne élève, et, entre nous, ce n'est qu'une simple relation élève-prof, ou du moins, je suppose. Je n'ai pas l'impression qu'elle pense la même chose de moi, peut être qu'elle me voit comme un héros...ha ha, je dis ça parce que, honnêtement, elle me l'a déjà dit plusieurs fois. Je me souviens de notre première rencontre, elle est restée pétrifiée après m'avoir vu et a murmuré un doux "mon sauveur". Sur le coup, ça surprend toujours, mais je n'en ai toujours pas compris la signification...

Enfin, peu importe, ce n'est qu'une enfant, j'ai tout de même 34 ans, je ne suis pas tout jeune. Et puis, ils ont l'air bien ensemble. "Le délinquant et l'étrangère"...ou peut être "une mystérieuse amoureuse"...et pourquoi pas "Mystères et Bobos", ha ha. J'ai l'impression de redevenir gamin quand je pense à eux. Ils ont l'air tellement naifs en amour...

.............."Vous êtes réveillé ?"

Je tourne lentement ma tête. Une femme en blanc est debout à côté de moi, en train de remplir une intraveineuse.

M. Ndiaye : - "Où suis-je, s'il vous plait ?

Infirmière : - A l'hôpital, Monsieur.

M. Ndiaye : - Qu'est-ce que je fais là ?

Infirmière : - Vous avez eu un accident, Monsieur."

Un accident...oui, on était en train de rouler et elle m'a subitement demandé de m'arrêter. Je n'ai pas fais attention à la vitesse et sur le coup, je n'ai pas réfléchi, je me suis arrêté pris par surprise. Et la voiture derrière nous...elle roulait vite...elle nous a percuté. Mais si moi je suis ici, qu'en est-il de Bintou...?

M. Ndiaye : - "La petite fille qui...

Infirmière : - Juste à côté de vous, Monsieur."

Je n'ai eu qu'à baisser les yeux pour m'apercevoir que Bintou était là, assise dans une chaise et sa tête sur mes jambes, complètement endormie. Elle me tenait la main droite et elle avait des traces de larmes sous les yeux. Son teint est pâle, comme si elle ne s'était pas nourrie ni hydratée depuis des jours. Est-ce qu'elle est restée à mon chevet depuis mon arrivée à l'hôpital ? Mais cela fait combien de temps, au juste, que je suis là..?

Infirmière : - "Elle est restée près de vous depuis votre accident. Nous avons tenté de la renvoyer dans sa chambre, mais rien à faire, elle ne voulait pas vous lâcher d'un poil. Votre fille doit énormément vous aimer, vous en avez de la chance.

M. Ndiaye : - Ce...ce n'est pas ma fille...c'est, comment dire...la petite amie de mon frère...

Infirmière : - Oh, le dénommé Mansour ?

M. Ndiaye : - Oui, il est venu ?

Infirmière : - Il vient tous les soirs.

M. Ndiaye : - Excusez-moi, mais...nous sommes ici depuis combien de temps ?

Infirmière : - Vous en êtes à votre quatrième jour. Enfin, pour vous. La petite n'avais aucune blessure particulièrement, juste quelques égratignures causées par sa chute. Mais nous avons préféré la garder en surveillance au cas où elle aurait reçue un choc à la tête.

M. Ndiaye : - Comment ça ? Vous avez dit qu'ON a eu un accident.

Infirmière : - Oui, mais d'après les informations de votre dossier, c'est la jeune fille là qui vous a sauvé.

M. Ndiaye : - De...

Infirmière : - Excusez-moi, mais j'ai encore du travail, Monsieur. Si vous avez besoin de quoi que ce soit ou que vous vous sentez mal, n'hésitez pas à m'appeler.

M. Ndiaye : - D'accord...Merci."

L'infirmière quitte rapidement la chambre, me laissant seul avec Bintou. Je ne comprend plus rien. Comment ça se fait que moi je suis blessé, alors qu'elle n'a rien ? On était dans la même voiture pourtant, au même moment...

Raaah, ma tête me fait trop mal pour réfléchir. J'ai toujours eu la poisse, de toute façon. Mon patron n'a jamais accepté mes demandes de prime, la femme de ma vie m'a quitté en compagnie de notre fille sans me donner de nouvelles depuis des années, mon petit-frère adoptif me déteste, et voilà que je m'emporte dans un accident avec une gamine d'à peine 17 ans. Il ne manque plus qu'une chute de quiproquos défile pour qu'on pense que j'ai une relation avec elle, une mineure, puisqu'on était dans la voiture à une heure tardive de la nuit. Enfin, pas si tardive que ça, mais c'était tout de même de nuit.

Zut, j'ai besoin d'aller aux toilettes, mais elle est encore couchée sur moi. Je ne peux pas me permettre de la réveiller si soudainement avec, comme excuse, "j'ai envie de pisser !"...mais je n'ai pas le choix...

M. Ndiaye : - "Bintou ?"

Elle ne réagit pas. Je lui tapote alors un peu l'épaule, ce après quoi elle grogne comme un petit chiot. Elle est mignonne, tout de même.

M. Ndiaye : - "Bintou...hé, réveille-toi...

Bintou : - Mmmng...Mama, S'il te plaît laisse-moi dormir...

M. Ndiaye : - Bintou, c'est moi, Moussa...enfin, Monsieur Ndiaye..."

Après avoir entendue mon nom, ni une, ni deux, elle se releva en accéléré et me fixa étonnamment, comme si elle venait d'entendre la voix d'un monstre...

Bintou : - "Vous...vous êtes réveillé ?!

M. Ndiaye : - Euh, oui, pour..."

Je n'ai pas pu terminer ma phrase. Elle m'a sauté dans les bras et m'a étreinte vigoureusement. Je sens tout le poids de son corps peser sur le mien, sa chaleur, ses cheveux me chatouiller les joues, ses ongles s'enfoncer dans mon dos, et ses larmes couler sur mon pyjama avant d'atteindre ma peau.

Bintou : - "Je suis si contente, j'ai eu si peur !!"

Sans comprendre pourquoi, je la serre contre moi et enfouit ma tête dans ses cheveux, sûrement à cause de la fatigue. Sûrement...

Bintou : - "J'ai eu très peur lorsque je vous ai vu vous évanouir dans la voiture, vous saigniez tellement, encore pire que...

-------Que quand elle a ses règles."
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