POSTLUDE

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CE N'EST pas la fin.

Après les applaudissements, après la cohue, la mort et la résurrection, Miles est rapatrié sur ses terres. Sur la scène.

Cependant, il n'est pas seul.

Alex est méconnaissable. Il a toujours eu une présence scénique, à sa manière, mais maintenant, il contrôle la scène. Il n'est plus intimidé par la foule, il ne s'excuse plus d'être là. Il irradie de confiance, quelque chose que Miles n'associe pas avec ses anciens souvenirs de lui.

Il laisse le public chanter le refrain, opine du chef pour approuver, et continue sur le prochain couplet. Tout paraît l'amuser. L'émerveiller. Comme si ce n'était pas sa septième tournée internationale, et son, quoi, sept-centième concert. Comme s'il n'était pas apeuré jusqu'à la mort, même après tout ce temps.

Mais il laisse les gens l'aimer et le désirer et l'adorer. Laisse les gens faire le travail à sa place. Et il rampe sur le sol, et il vient vers lui pour partager le micro, front contre front, et il demande à la foule de bouger, de sauter — et la foule lui obéit : le sol tremble.

Et puis il chante le dernier refrain, pose le micro sur son pied perche, les guitares et la basse et les violons atteignent leur apothéose, il marche jusqu'au devant de la scène, le poing en l'air, et s'immobilise, comme un dieu. Et la foule est déchaînée.

— Thank you, grazie ! Questo si tratta di un tentativo di estrarre la verità, all'incirca, conclue-t-il dans un italien douteux parce que ce sont les seuls mots de la langue de Dante qu'il connaisse.

Tout sourire, il rejoint Miles et glisse sa main le long de son dos, taquin. Ils quittent la scène ensemble.

Dans les coulisses, ils font un rapide coucou à la chanteuse qui a ouvert leur première partie — Alexandra, devenue Alexandra Savior pour le grand public — avant de s'enfuir dans les vestiaires à l'abri de tout regard.

Partager : un baiser, une cigarette, un moment ; ce maintenant.

Toujours est trop lointain, trop idéaliste. Alors que maintenant... maintenant, c'est bien ; une urgence pour laquelle ils doivent se battre, ici, , afin d'avoir d'autres maintenant, et encore d'autres après ça. Miles sera là. Pour les maintenant dégueulasses comme pour ceux des jours plus beaux.

Mais il ne doit pas penser à plus tard. Ce qui compte, c'est ce maintenant-ci, et le son que fait Alex quand il lui mord la peau au bon endroit.

Dehors, le public crie des "Encore !" pour les sommer de revenir. Miles perçoit l'excitation de l'autre chanteur grandir de façon proportionnelle au volume des voix.  

Il se détache de lui et le pousse vers la sortie.

Go and get 'em tiger.


FIN

EUPHÉMISTEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant