Besoin vital

3 - Flavio

Je regarde encore la meute. Ils se hâtent à leur activité. Certains parlent, discutent. D'autres jouent - notamment les petits - et d'autres font leurs leçons. J'esquisse un sourire en les voyant aussi concentrés sur leur travail. A dire vrai, rare sont les loups qui veulent aller à l'école comme les humains. Très rare même. Toutefois, il y a des volontaires. Parce qu'ils ont envie d'avoir des amis humains et pas loup. Ou alors ils veulent savoir ce que ça fait d'être réduit au stade d'un humain pathétique et minable selon eux. Je ne pense pas et ne qualifie pas les humains de « pathétique » ou encore « faible ». Je les respecte mais c'est pas tous qui le font. Toutefois, l'Alpha - mon frère - s'évertue à les faire comprendre que bien qu'ils soient inférieur à nous, nous nous devons de les respecter.

Bien sûr ils étaient pas convaincus. C'est donc pour cela que l'Alpha les a trouvé une punition idéale : les envoyer pendant toute la scolarité de collège - soit 4 ans - en tant qu' humain et sous surveillance. De plus ils portaient des bracelets les privant de tout pouvoir et capacités mais pas de leur loup ! Ils en ont été offusqué mais malgré leurs excuses, l'Alpha a été catégorique. Ils sont donc allés et ont du respect pour les humains. Ils sont même majoritairement amis avec eux.Mon cœur se resserre en pensant à mon frère. Encore dans le coma...

Dix mois. Dix longs mois. Ça m'énerve ! C'est pas normal pour un loup ! Du tout !

Les flammes étaient ensorcelées.

Je soupire sachant que mon loup a raison. Il est plongé dans un coma depuis le jour où notre maison a brûlé. Ils méritent de mourir dans d'atroces souffrances. Lentes, pour les voir agoniser. Supplier. Demander pardon. Ce qui ne leur sera jamais accordé. Je secoue la tête. Maintenant - et temporairement j'espère - je suis l'Alpha, c'est moi qui gère tout le travail de mon frère. Mes sœurs - comme à leur habitude - se promènent sous leur forme de louve ou parlent simplement avec la meute. Je me lève du banc où j'étais assis et sors de la maison où nous avons pris refuge.

Je monte dans la voiture, et je me dirige vers l'hôpital où mon frère a été admis. Son médecin a été spécifiquement demandé, c'est un loup-garou qui travaille - en tant qu'humain - dans un hôpital. Il nous a rendu bien des services et malgré la proposition de mon frère - qui souhaitait qu'il intègre notre meute - il a refusé s'exclamant qu'il préférait rester ici. Mon frère ne s'est pas opposé.

J'arrive enfin à l'hôpital. Comme à chaque fois depuis dix mois, mon cœur se resserre et devient plus lourd. J'entre, et salue la dame à l'accueil. Je monte en silence les marches et arrive devant la chambre de mon frère. J'entre et Brian - le médecin - me sourit.

- Comment vas-tu Flavio ?

- Mal.

Il sourit compatissant.

- Il va mieux ?

- Son état ne se dégrade pas, mais ne s'améliore pas non plus. C'est stable. Simplement stable.

- Encore.

Il me sourit tristement. Je sais que lui aussi aimerait bien un changement.

- Comment vont tes sœurs ?

- Elles espèrent qu'il se réveille bientôt comme la meute entière.

- Les flammes n'ont pas été mollo avec lui. Elles étaient vivantes grâce à la magie. Ce n'est pas un hasard si elles ont voulu piéger Elliott.

- Tu l'as dit, oui...

- Ils sont toujours après vous ?

- Ouais. Je les tuerai pour ce qu'ils ont fait à mon frère.

Je grogne rajoutant de la vérité à mes propos. Il me sourit pleinement avant de dire :

- Bon, je te laisse. J'ai une patiente à aller voir.

- A plus.

Il me sourit et sort.

- Elliott...

Je m'assieds à ses côtés.

- Quand est-ce que tu vas te réveiller ? Tu me manques énormément. Lise, Malia, Dario, moi la meute entière... C'est long. Je gère, mais je ne pourrai pas tenir trop longtemps. Reviens. Je t'en prie... Chuchoté-je

Je souffle longuement avant d'inspirer et expirer. Je sors de la chambre, pour aller me chercher un paquet de chips dans le distributeur. Alors que je récupère le paquet de chips, je me retourne et bouscule quelqu'un.

- Désolé ! M'excusé-je

Avec ta force de loup, ouais il a dû se ramasser des kilomètres ! Rit mon loup

T'exagères !

- Ce n'est rien. Dit la personne

Je l'aide à se relever et je fixe cette personne. Il avait des cheveux blonds - en bataille - des cernes - peu visibles - et des yeux rouges. Il ne semble pas avoir dormi de la nuit. Il me sourit - sourire pâle - et je le lui rends. Quand je plante mes iris chocolat dans ses iris bleues je sens mon loup s'agiter. Un fil invisible nous lie et je sens que mon loup veut le marquer. Je comprends tout de suite : j'ai trouvé mon âme-sœur.

Mien ! Il est mien !

Mon loup grogne que cet adolescent est nôtre. Je grogne et il semble trouver ça étrange, mais je ne saurais le dire à cause de son visage. Toutefois, je demande :

- Comment tu t'appelles ?

Il me fixe étrangement avant de dire :

- Chad. Et toi ?

- Flavio, ravi de te connaître.

Je chuchote façon inaudible :

- Mon âme-sœur.

***