Besoin vital

35 - Lyric

J'aurais pu croire à un rêve. Un rêve que je vivais éveillé. Tout ça aurait pu être le fruit de mon imagination. Pur et simple, mais surtout illusoire. Parce que, au fond j'ai peur qu'il s'envole. Parce que c'est ce qui s'était passé le jour de sa naissance. Il n'a servi qu'à l'alimenter. Mais non : il est en vie et bien devant moi. Pourtant, mon corps ne bouge pas. Mon regard ne se détache pas de lui. Je le détaille plusieurs fois. Il a les iris grises et les cheveux d'un noir aussi sombre que moi. Le souffle court, j'avance à petit pas sous son regard voilé de larmes.

Il a aussi compris. Il a fait le lien. Il court et me saute dans les bras en larmes. Mes larmes coulent à leur tour et nous pleurons à deux. On se fixe dans les yeux, nos regards remplies de larmes avant qu'il ne prononce :

- Lyric...

Je le serre davantage contre moi avant de caresser sa chevelure sombre – de notre père – et de pleurer à nouveau.

- Viens. Suis-moi, on va discuter.

Il hoche la tête et nous marchons ensemble. Arrivés dans la maison – que je partage – avec Lucas et je m'installe sur le canapé. Il me suit avec un large sourire et me dit :

- Tu m'as manqué ! Mon frère !

Il me serre dans ses bras tandis que le berce encore sous mon rire.

- Et toi... Isaiah, tu m'as tellement manqué. Je t'ai cru mort... Tu étais mort !

Il secoue négativement la tête avant de dire :

- En fait... j'ai été adopté par une famille. Ils sont des loups-garous tu penses bien. Mais j'ai un frère mi-loup, mi-vampire.

- Pourtant quand tu étais né, il avait pris ton énergie...

Ma mâchoire se contracte et mes poings se serrent quand les souvenirs de l'accouchement d'Isaiah me reviennent en mémoire. Mon père, l'énergie, Isaiah...

- Lyric. S'il-te-plaît...

Il me sourit et me demande :

- Tu as bien cinq ans de plus ?

- Oui. J'en ai 23.

Il rit avant de dire :

- T'es vieux.

Offusqué, je lui lance un regard noir avant qu'il ne me dise :

- Pour revenir à ce souvenir, (mon regard se fait encore sombre) père a pris mon énergie pour une gamine. Je la déteste pas, mais je ne comprends pas. Il m'a ensuite jeté dehors. Car c'est comme ça que ma famille m'a trouvé.

Un sourire froid étire mes lèvres.

- La gamine en question souffre déjà, ne t'inquiète pas.

Isaiah me regard légèrement offusqué :

- Tu... tu l'as fait du mal ?

- Aussi bien physiquement que mentalement.

- Lyric ! Pourquoi ?

- Tu étais mort ! Je te croyais mort ! Putain, tu te rends compte que père a pris ton énergie pour la transmettre à cette saleté qui ne valait rien, une pathétique humaine ? Même si je n'avais que 5 ans, je me souviens très bien, de ce qu'il a fait ! Juste pour la sauver ! Elle n'était rien ! Juste une humaine dans ce monde. Nous, nous étions des loups ! On valait bien plus qu'elle à ce moment ! Et j'aurais pu t'élever !

- T'avais cinq ans !

- Ma mère m'a appris a chasser. Elle connaissait très bien notre ordure de père.

Il me sourit doucement avant de dire :

- Tu dois t'excuser Lyric. Tu dois assumer tes actes.

Un long soupir sort de ma bouche.

- C'est ce que je compte bien faire maintenant. Tu es avec moi. Mais je vais être franc : je ne regrette en rien cette petite vengeance. Elle est détestée de la meute, et n'arrive pas à passer une nuit tranquille.

- Lyric. Tu joues sur ses rêves ?

- Je manipule son esprit ! C'est tout.

Je souris comme un ange sous le regard réprobateur de mon petit frère. Eliana a l'air d'une revenante. Trois semaines complètes où son sommeil est coupé par des cauchemars fréquents. Je suis – bien sûr soupçonné – mais je n'ai rien dit.

- Lyric. Tu dois présenter tes excuses.

- Et je le ferai. La meute me comprendra. Mais ne pardonnera pas. Même si, ils m'apprécient pour le moment.

- Je serai avec toi.

- Merci Isaiah.

Il me tapote le dos affectueusement avant de dire :

- J'aimerais bien la voir. Et aussi, les voir. C'est aussi...

- Tais-toi ! Tu vas me faire culpabiliser.

On rit ensemble avant qu'on ne parte tout les deux pour que j'assume mes actes.

***