1. Divorcée et en fuite

26. Bora-Bora

- Je sais d'où tu tiens ton amour pour l'alcool, dit Mag en tournant sa cuillère dans son bol.

- Je comprends les lunettes de soleil alors, rigolais-je devant leurs têtes d'enterrement.

Les cheveux bouclés de Mag retombent grossièrement sur son dos alors qu'elle est avachis sur sa chaise. Ses mains soutiennent sa petite tête et son attention est reporté sur le peu de céréales qui flottent dans son bol. Sa voix est assez faible, sans doute à force de crier. Son jogging gris et son débardeur blanc ont vraisemblablement été victime de la veille vu que je peux apercevoir quelques tâches dessus.

Carla, elle, n'a aucune séquelle de sa nuit passé à faire la fête. Ses cheveux mauves sont relevés en un parfait chignon, ses lunettes de soleil accessoirise simplement son visage impeccable. Elle porte une jolie robe d'été fleuri et des sandales aux pieds. Même son teint est fabuleux !

Hier pendant notre balade dans la capitale nous en avons profité pour renouveler notre garde robe. Nous n'avons pas été dans les boutiques très sophistiqué mais plutôt l'inverse, j'ai beau profité de l'argent d'Emilio je n'aime pas ça. Nous nous sommes fait plaisirs tout en restant très raisonnable.

Je sourie en voyant mes amies qui semble être de véritable anti-thèse l'une à l'autre. Je bois un peu de ma tasse de thé alors que Carla prend la parole.

- T'exagère un peu quand même, tu ne trouves pas ? dit mon amie, les mains sur sa tasse en relevant la tête.

- Tu te fou de ma gueule ? J'ai l'impression que mon sang c'est transformé en ce mélange douteux que tu oses appeler "cocktail".

Mag semble désespéré et j'en profite pour les laisser discuter entre elles.

Une fois dans ma chambre, je récupère mon téléphone et mon cœur se serre en regardant le fond d'écran : Jackson avec un immense sourire me montrant un beau dessin où l'on peut voir un soleil, la plage et nous. Je l'ai quitté avant-hier mais j'ai l'impression que je ne l'ai pas revu depuis des siècles.

Je vérifie mes mails et remarque un mail que Timéo, le petit-frère d'Emilio, m'a envoyé. Il s'agit d'une image. Mon sourire rejoint mes oreilles quand j'ouvre le document pour voir Emilio et Jackson avec des tabliers pleins de farines, les mains dans une pâte. Mon fils a de la farine sur le bout du nez et son père sur les joues. Ils sont clairement entrains de faire n'importe quoi mais on peut clairement voir la même détermination sur leurs visages. Une légende est inscrite : Ils s'entraînent à faire un gâteau à la fraise pour ton retour mais ils ont fait de la pâte à biscuits. Je pense qu'ils ne l'ont même pas remarqué.

Je ris et enregistre la photo, elle pourra toujours me servir plus tard.

Quelqu'un toque à ma porte et j'invite la personne à rentrer. Carla me dit qu'il est bientôt l'heure d'allez prendre le bateau pour se rendre à Bora-Bora et je récupère mon sac pour la suivre.

*****

- Je pourrais franchement vivre ici, pas vous ? nous propose Mag allongé sur son transat.

J'avoue que le soleil, les cocotiers et les cocktails sont attrayant mais j'aime ma petite vie de mère globe-trotteuse qui cherche à subvenir à ses besoins et ceux de son fils. Je me perds dans la beauté des lieux, l'eau turquoise m'attire et je décide d'y plonger. Mon maillot de bain, un bikini simple rouge, se mouille et Carla me rejoint. Je n'ai jamais vraiment aimé montrer mon corps mais ce n'est pas tous les jours que nous sommes à Bora-Bora alors autant se dévoiler ne serais qu'un peu.

Mon ventre commence à peine à se voir et j'aime me dire qu'un petit être grandit à l'intérieur. D'après mes calculs je suis enceinte de 2 mois et une semaine, à mon retour je devrais prendre un rendez-vous chez le médecin pour m'assurer que ma grossesse se passe normalement.

- Oh, regarde !

Elle pointe son doigt vers l'horizon et l'on peut très bien voir une homme s'entraînant à faire du va'a.

- Ça vous dis d'essayer ? demande Mag qui nous avait rejoins.

Nous nous échangeons quelques regards avant d'affichés d'immenses sourires, je vais faire du va'a !

**********

PDV Emilio :

Le poing sous mon menton, je réfléchis à une meilleure solution. Je fronce les sourcils et plisse des yeux devant l'objet de mon attention. Comment une chose peut-elle être aussi vilaine ? C'est une vrai abomination et c'est peu le dire ! Tout le monde me regarde en attendant mon verdict.

- C'était son idée, dis-je en pointant la personne à côté de moi.

- C'est même pas vrai ! répond cette dernière.

Mon visage se penche et une bataille de regard est entamée. Ni moi, ni mon adversaire ne baisse le regard et la tension monte. Je pose mes poings sur la table et détourne mon regard pour apercevoir les gens qui nous regardent amusés.

- On se calme vous deux et Emilio ne met pas toute la faute sur Jackson, vous étiez deux à le faire.

Ce dernier se tourne vers moi et me tire la langue sans retenue. Martha s'avance et prend un bout de notre préparation pour le mettre dans sa bouche. On peut clairement voir qu'elle a du mal à mâcher mais elle ne grimace pas, signe que le plat est mangeable.

- Hm... C'est délicieux.

Dit-elle en caressant les cheveux du petit à mes côtés.

- Mais je pense que pour un gâteau aux fraises il faudrait autre chose que de la pâte à biscuit.

Je contemple une nouvelle fois le plat devant moi et décide d'y goûter. Je sourie en voyant la mini version de moi faire de même.

- C'est comme Timon et Pumba, un peu gluant mais appétissant ! s'amuse t-il en reprenant une bouchée avec sa cuillère.

- Tu as raison.

Jackson et moi avons décidé de préparé un gâteau aux fraises, le préféré d'Eli, mais nous nous sommes trompés sur plusieurs choses. La première erreur a été de remplacer le gâteau par des biscuits parce que... oui, nous avons oublier de mettre du lait dans la mixture. La seconde a été de mettre du glaçage sur le biscuit chaud et la dernière, de mettre de la chantilly à la place de la crème. La bonne chose c'est que nous avons pu faire tenir les amandes effilé sans qu'elles ne tombent et que les fraises sont délicieuses.

Timéo s'approche et goûte à notre chef d'oeuvre sans y avoir été invité.

- Je ne sais pas comment vous avez fait mais ça a pas mauvais goût, franchement. Bravo champion !

Il ébouriffe les cheveux de Jackson et une montée de colère monte en moi. Je ne supporte pas que Timéo touche à un cheveu de mon fils, oui mon fils. Je m'avance vers eux et enlève brutalement sa main des cheveux de mon petit. Il me dévisage et je n'ai qu'une envie : le frapper le plus fort possible.

Je ne sais pas ce qui m'arrive mais depuis qu'Eli m'a laissé la garde du petit pour partir en vacances, une envie de protection grandit un peu plus chaque jour. Même si je détestais cet enfant il y a quelques semaines je commence à l'apprécier. En regardant de près, il est comme moi mais en version 1m05. On peut déjà voir qu'il sera très grand et surtout, un vrai tombeur comme son père.

Oui son père, moi.

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