PDV Emilio :
Tout est rapide. Très rapide. Ma main se ressert autour de celle de ma femme alors que le bruit de son pouls diminue. Elle perd de la couleur et la machine à côté de moi ne montre qu'une fine ligne. De l'autre côté de la pièce, une infirmière a pris mon fils avec elle, pourquoi ne pleure-t-il pas ? Tout le monde accélère sa cadence, ils ressemblent à des fourmis à marcher dans tous les sens. Un homme rentre, poussant une machine, un défibrillateur ?
- Monsieur, merci de quitter la salle.
Ma tête regarde la seule femme que je n'ai jamais aimé, son teint est blême, ça ne peut pas être possible !
- Que se passe-t-il ? Pourquoi ma femme n'ouvre pas les yeux ? Où est mon fils ?
- Sortez d'ici afin que nous puissions faire de notre possible pour votre femme.
Je me penche sur le corps d'Eli et l'embrasse chastement sur les lèvres. Mes mains parcourent ses cheveux soyeux, mon front collé au sien.
- Mon amour, ne me fait pas ça... On a tellement de choses à vivre... Je viens de te retrouver... Ne pars pas loin de moi... S'il te plaît... Ouvre les yeux...
Plusieurs infirmières me tirent pour me conduire à l'extérieur de la salle d'accouchement. En un seul regard sur ma femme, avant que les portes ne se referment, je remarque enfin de quoi il en est : du sang partout. Le tissu bleu qui recouvrait le lit, ses jambes et le bas de son ventre... Jusqu'au sol sous son corps... Tout est couvert de sang.
Je me pose sur la chaise en face de la porte, vide de toute énergie. Mes coudes sur les cuisses, mes mains recouvrant mon visage, je pleure. Oui, je pleure. Pour celle que j'aime, pour notre enfant qui n'a pas émis un seul bruit en sortant du ventre de sa mère, pour cette vie sombre qui m'attend si elle ne reprend pas esprit. Mes larmes coulent, ma tristesse prend le dessus. Je suis partagé entre la rage et l'incompréhension. De la rage, non pas contre elle, mais contre moi. J'ai juré de la protéger à mes risques et périls, de tous donner pour elle. Tout ce que j'ai pu faire, c'est la regarder perdre connaissance devant moi. Rien d'autre.Les images de notre rencontre s'entrechoquent dans mon esprit, moi au volant de ma voiture tel un vantard et elle, sur un trottoir à insulter le bon dieu de son sort. Je m'étais arrêté pour l'embêter un peu, elle m'avait fait rire, seulement quand elle s'est retournée, c'était devenu une autre histoire. Elle était tellement belle que j'en avais eu le souffle coupé, elle était habillée d'un jean, d'un t-shirt des Guns N' Roses et d'un affreux sac à dos vert pomme. Je voulais la titiller un peu sur le fait que je vivais sans doute la vie qu'elle désirait, mais en la voyant devant moi une seule chose me venait à l'esprit. Je voulais plus qu'une discussion. Beaucoup plus. Quelque temps après, j'avais commencé à imaginer nos fiançailles. Glauque, n'est-ce pas ?
- Monsieur Maxwell ?
La voix d'une infirmière me fit sortir de ma torpeur, son regard était rempli d'excuses et de tristesse. Je ne veux pas de votre pitié et encore moins de vos excuses, je veux ma femme et mon fils !
- Où est ma femme ? Où est mon fils ?
Son regard plein de compassion me donna envie de vomir, ou de la tuer ? Je ne sais pas, je ne sais plus. Je me lève, la surplombant de ma grandeur, la toise un instant avant qu'elle ne daigne ouvrir la bouche.
- Votre fils est à la nurserie, vous pouvez aller le voir dès à présent.
- Ma femme... Où est ma femme ?
Le ton glacial de ma voix la fit presque sursauter. Elle évite vraisemblablement mon regard, augmentant la colère en moi.
- Votre femme est en pleine réanimation. La naissance de votre fils a beaucoup affecté son corps... Elle n'était pas réellement prête à redonner la vie...QUOI ? Eli ne me l'a jamais dit ! Elle m'a seulement dit que la grossesse était à risque, mais elle avait aussi continué en disant qu'il n'y avait rien à craindre ! Non, je ne suis pas prêt à être veuf. Je ne suis pas prêt à annoncer à mes fils que leur mère n'est plus là. Je ne suis pas prêt du tout à une éventuelle vie seul, sans elle à mes côtés. Elle est le soleil de ma vie, cette lumière que j'ai toujours cherché, la perdre serait me faire sombrer dans la noirceur encore une fois.
- Vous devez remplir le formulaire pour la naissance de votre fils, monsieur Maxwell.
En la laissant seule, je me dirige vers la nurserie. Mon cœur est déchiré, mes larmes coulent toujours, je suis perdu. Que dois-je faire ?- Comment voulez-vous appeler votre fils ?
- Demetrio. Mon fils se nomme Demetrio, Isaac, David... Maxwell-Hunter.
- Ce sont de très beaux prénoms, de qui avez-vous eu l'idée ?
- Mon fils aîné a choisi le premier prénom, Isaac est le nom de mon beau-père et David... Le nom d'un homme d'exception... Comme un beau-frère partit trop tôt... Pourquoi n'a-t-il pas crié à sa naissance ?- Oh, ne vous inquiétez pas. Il était éveillé à la naissance, c'est l'un des rares enfants calme dès la naissance. Il a pleuré pour la première fois ici.
Elle s'empresse d'écrire sur le petit de papier avant de rentrer à l'intérieur de la nurserie et de l'accrocher sur le poignet d'un bébé. Mon bébé. Mon fils. Mon petit Demetrio.Je colle presque la vitre, mon souffle fait de la buée dessus. Ce bébé est le plus beau que je n'ai jamais pu voir. Malgré ses quelques premières minutes hors du ventre de sa mère, on peut déjà voir la ressemblance avec son père et son frère. Il avait une petite touffe de cheveux noirs, comme moi et de petites mains rondes. Même en pleine sieste, il fronce les sourcils, petit trait qu'il tient de sa mère. Si Jackson me ressemble comme deux gouttes d'eau, Demetrio lui, est le parfait mélange de mon épouse et moi.
Mon fils, que tu es beau.👶Likez, Commentez, Partagez✨
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1. Divorcée et en fuite
RomanceElizabeth Hunter peut être définie par peu de choses : 28 ans, divorcés, mais surtout en fuite. Elle se cache depuis 4 ans de son ancien mari. Elle l'a quitté sans rien demandé, du jour au lendemain, en ne lui laissant que les papiers du divorce. El...