44. Fin

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Deux mois que Demetrio est né, cet enfant est une vraie version bébé de son père. Plus il grandit et plus il me ressemble, mais il a ce truc qu'il a reçu d'Émilio que je ne supporte pas, son comportement. À deux mois, Demetrio ne veut pas que je lui donne le biberon, si ce n'est pas son père et bien, il ne prend rien du tout. Tout ce qui tourne autour de mon fils a un rapport avec son père. Je n'ai pas le droit à un sourire ou encore un rire, même le prendre dans mes bras semble lui être un supplice.

Jackson est mon fils, celui qui me ressemble. Demetrio est le fils d'Émilio, sans aucun doute. Quand Jackson disait ça, je prenais ça à la rigolade, mais maintenant, je n'ai plus envie de rire !

Je ne comprends pas pourtant, je fais tout pour lui donner de l'affection, mais non, le nouveau membre de la famille Maxwell ne m'aime pas. Même Jackson l'a comprit. Je le prends très mal.

- Mon petit sucre, tu te fais des films dans ta petite tête, c'est tout. Je pensais ça quand James est né, regarde maintenant, il ne peut pas vivre sans moi.

Martha m'offre une part de gâteau à la fraise, je lance la cuillère vers la fenêtre et croque dedans comme s'il s'agissait d'une pomme. Je prends ça dans mes mains et mange ça goulûment, comme la meilleure chose sur terre.

Je n'arrive pas à croire que mon fils, mon bébé, la seule personne pour qui j'ai littéralement failli mourir, l'une de mes raisons de vivre... ne m'aime pas. Je l'ai porté en mon sein pendant huit mois, trois semaines et vingt heures, comment il peut me faire ça ?

Et ne parlons pas d'Émilio ! Il ne passe plus de temps avec moi, il ne me regarde même plus, ne dort plus dans notre lit. Tout ça, parce qu'il préfère être avec Demetrio. J'ai honte d'être jalouse que mon mari passe plus de temps avec notre fils et vice-versa, mais je ne peux pas m'en empêcher.

- Mais Martha ! Jackson et moi, on est abandonné ! Et ce n'est pas la même chose pour James, c'est ton neveu, je te parle de mon propre fils ! Mon bébé, mon petit prince, mon Demetrio...

Je renifle grossièrement, m'essuie le nez avec la manche de mon pull et fait des yeux doux à Martha. Même elle, ne me comprend pas ! J'ai l'impression d'être le mauvais petit canard, rejeté et mal aimé de tous.

- Maman...

Mon premier bébé arrive à côté de moi, les larmes aux yeux, le nez qui coule et le bas de sa manche couvre son pouce qui est dans sa bouche. Je suis sûre que j'ai la même tête que lui en ce moment. J'ai mal au cœur de le voir comme ça, chaque larme qui coule sur sa joue est une aiguille qui se plante dans mon âme.

- Oui, mon amour ? Pourquoi tu pleures ? Demandais-je le plus calmement possible.

- Papa... Papa veut plus jouer avec moi...

Il pleure sans ménagement et sa voix se brise à force de crier entre ses reniflements. Oh, mon petit prince.

- Jackson, aspire un grand coup, sèche tes larmes et vient, ton père nous doit des explications !

Je prends la main de mon fils, qui s'est arrêté de pleurer, et l'emmène avec moi. Nous traversons presque la moitié de la maison pour monter les escaliers du hall. Jackson court presque pour suivre mon allure, dans peu de temps, il sera plus grand que moi et je ne suis pas prête pour ce jour. Je ne suis pas non plus prête à me faire voler mon mari par mon fils de deux mois.

- C'est qui le fils à son papa ? C'est qui le fils à son papa ? C'est Demetrio ! C'est Demetrio !

La porte est mal fermée et j'entends la voix d'Émilio, étrangement douce et gaga, une première. Il est vraiment l'image même du papa poule. Dans l'entrebâillement de la porte, on peut clairement les voir sur le lit deux places en pleine partie de jeu. Demetrio lève les mains, aussi haut qu'il le peut pour toucher son père, et rigole. Il n'a jamais ri avec moi. Je suis sûr qu'il sourit à son idiot de père. Lui est allongé à côté de notre fils, en parallèle, et secoue un ours en peluche au-dessus du bébé.

1. Divorcée et en fuiteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant