Chapitre 39/ Alex

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Et comme chaque jour, je t'aime davantage, aujourd'hui plus qu'hier, et bien moins que demain.

Rosemonde Gérard

Je referme l'ordinateur brusquement. Je suis tellement en colère si bien que j'ai envie de tout casser. J'essaye tant bien que mal de me calmer mais mes pulsions l'emportent sur ma raison. J'envoie tout ce qui se trouve sur le bureau au sol. Les feuilles virevolent dans les airs tandis que les stylos s'écrasent sur le sol irrémédiablement attiré par celui-ci.

Je sens une main se poser sur mon épaule ainsi que des mots raisonnant dans mes tympans.

- Fiston calme toi bon sang ! Crie mon père.

Mais je n'en ai rien à faire et continue de frapper sur tout ce qui se trouve à ma portée. Je donne un coup de pied sur le tabouret que je m'empresse de rattraper pour l'envoyer directement valdinguer à travers la pièce. Celui ci s'écrase contre le mur emportant dans sa chute une planche de bois fixée par des clous pour empêcher la lumière de passer à travers la fenetre.

Je prends ma tête entre mes mains et pleure. Qu'est-ce qu'on va faire ?

- Merde Alex ! Arrête de pleurer ! Tu es un homme ou pas ?

Je hoche la tête et mon père poursuis.

- Tu vois comment elle te rend cette Clarke ? Elle te rend faible, l'amour rend faible.

Je le regarde abasourdi, rentrant dans un mutisme total.

- Ne me fixe pas avec ses yeux de chien battu ! Porte tes couilles et arrête de penser à cette pu...

Je ne le laisse pas finir et je vois rouge ! Je me jette sur lui et le rue de coups au visage. Mes poings rentrent en contact avec toutes les parties de son corps. Mon géniteur hurle de douleur mais je continue de frapper comme possédé. Je sens soudainement deux bras me tirer en arrière et je reprends doucement mes esprits.

Le visage de mon père est ensanglanté et ses yeux ont du mal à tenir ouverts. Il est couché par terre, je pose mon pied sur sa gorge avant de parler ou du moins lui hurler dessus.

- Je ne cesse de me répeter avec toi. L'amour est la plus belle chose que puisse espérer un homme. C'est elle la plus belle chose qu'il me soit arrivé dans la vie. Si tu l'insulte une nouvelle fois de cette facon je te tue c'est clair ?

J'enlève mon pied, il reprend une grande bouffée d'air et j'en profite pour tourner les talons. Avant de quitter la pièce je l'entends m'appeler.

- Si tu vas la voir, tu le regretteras. Il est préférable que tu l'oublies durant cette mission qui prendra des mois voir des années.

Je n'écoute plus ses menaces et sors du bureau. Je prends mon téléphone, l'écran s'est brisé il y a de ça quelques heures après avoir littéralement pété un câble. J'appuie sur le bouton de déverrouillage et par je ne sais quel miracle le logo de la batterie toujours déchargé apparait.

Je pousse le dernier barrage me séparant de l'extérieur. J'avance sans savoir réellement ou je vais. Après quelques minutes j'arrive devant sa maison, j'ai tellement envie de la voir, de la serrer dans mes bras, c'est tellement douloureux.

Mais je ne peux pas, je le veux mais c'est impossible au péril de sa vie. Mon père est tellement fou qu'il serait capable de tout pour la faire souffrir.

Alors je me contente de fixer la fenêtre de sa chambre, les larmes débordant des yeux sonnant comme un supplice.  Je ne sais combien de temps je fixe la pièce à l'étage à travers les rideaux mais lorsque j'entends des pas approcher je ne cherche pas à comprendre et me cache dans un buisson.

Je lève la tete de ma cachette et vois une silhouette s'infiltrer dans la maison.

D'abord perturbé je m'avance également vers la porte pour vois qui est cet inconnu. Mais lorsque je me rends compte qu'il s'agit de Liam, je retourne sur le trottoir d'en face.

J'ai l'impression de me retrouver quelques mois auparavant lorsque j'observais tel un psychopate sa maison dans l'espoir d'un jour reprendre contact avec elle.

Après quelques secondes, voire des minutes je décide de retourner en trainant des pieds vers l'entrepôt. Seulement après avoir poussé la porte et mis un pied à l'intérieur de la pièce, je me sens tiré violemment vers l'intérieur.

- Tu étais où ? Crie mon père.

Je regarde son visage. Sa lèvre inférieure est fendue, son oeil droit est plissé. Je ne l'ai pas loupé. Je réponds sur le meme ton.

- Qu'est-ce que ça peut te faire ?

- Tu es allé la retrouver c'est ca ? C'est ça hein ? Petit con ! Tu n'es qu'un bon un rien je t'avais pourtant prévenu ! Tu vas payer je t'en fais la promesse.

- Ne lui fais rien ! Je n'irai plus la voir !

- Il fallait y penser avant ! Tu es sous mes ordres que ça te plaise ou non.  Tu as désobei, tu seras donc puni d'une manière ou d'une autre.

- Je suis majeur, je fais ce que je veux !

Il ne me répond sachant que je suis sur la défensive, rien de ce qu'il me dira me fera changer d'avis.

***

Cela fait aujourd'hui un mois, un mois que je ne l'ai pas vu et que je l'ai quitté lachement. La mission avance sans trop vraiment le faire j'ai plutôt l'impression que nous pataugeons dans un bassin de trente centimètres de hauteur.

Les pistes que nous suivons nous amènent à chaque fois dans un cul de sac. Nous n'avançons pas et ça me rend fou. Archibald nous envoie une vidéo chaque semaine pour nous montrer ses terribles exploits quotidiens.

Dans sa dernière, il a mentionné le prénom de sa fille stipulant fièrement que son tour viendrait prochainement. Je la surveille chaque jour discrétement mais qui sait ce qu'il pourrait se passer lorsque je me retrouve ici, à l'entrepôt.

Je lâche une phrase tout haut plus pour moi meme que les autres mais malheureusement elle ne passe pas inaperçue.

- Elle me manque...

J'entends des pas claquer durement sur le béton qui me font relever la tête.

- Arrete de te laisser abattre ! On n'avance à rien, pense à autre chose. Je suis là moi.

- C'était avant que j'avais besoin de toi ! Lorsque maman est morte, tu m'as laissé tout seul ! Seul avec ma peine,  tu es parti sans te retourner et te soucier de moi !

- Je suis là maintenant. Tu te souviens de tout ce qu'on a vécu tes dix premières années ? Lorsque nous faisions des blagues plus pourries les unes que les autres, on rigolait bien tous les deux. J'ai l'impression que je t'ai perdu. Dis mon père un regard triste passant dans ses yeux.

- Tu as raison, tu m'as perdu et ce que j'ai partagé avec toi durant mon enfance sont des souvenirs fanés qui n'ont plus aucun parfum.

Je me retrouve à l'extérieur le coeur plus léger que jamais.

J'espère que ce chapitre vous a plu.

Je vous laisse à vos commentaires ;)

Bisous bisous et à bientôt 🖤

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