Chapitre 40

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L'amour est une rose, chaque pétale, une illusion, chaque épine, une réalité.

Charles Baudelaire

Une fois sorti de l'entrepôt je marche sans but précis avant de soudainement m'arrêter pour brancher ma batterie externe sur mon téléphone déchargé.

Cette fois c'est décidé, je vais aller la voir, je me moque ouvertement de ce que dis mon père. C'est peut être égoïste mais je ne veux pas prendre le risque de la perdre, de la voir dans les bras d'un autre.

Je me dirige alors vers chez elle plus déterminé que jamais. J'arrive devant sa porte, inspire un grand coup prenant mon courage à deux. Je frappe une fois, pas de réponse. Je retente ma chance mais personne ne vient ouvrir cette maudite porte.

Mais où est-elle ? Ça fait pourtant plusieurs jours qu'elle n'est pas sortie de chez elle. Les seules personnes qui viennent lui rendre visite sont Liam et Serena.

Liam, mon unique chance de la revoir ? Jamais je n'aurai cru pouvoir penser ça un jour et pourtant aujourd'hui c'est le cas.

Je sors mon téléphone et vais directement dans la messagerie pour envoyer un message à son meilleur ami. J'appuie sur les touches puis relis le texto avant de me demander si je dois réllement lui envoyer. Je ferme les yeux et appuie sur le bouton mettant fin à mes nombreuses questions.

Je lui demande simplement si Aria se trouve avec lui. Je m'assois sur le perron afin d'attendre sa réponse qui ne se fait pas attendre. Je déverrouille mon téléphone afin de le lire.

Oui.

La réponse est nette, claire est précise au moins. ça me soulage un peu. Je tape sur le clavier une autre question.

Elle va bien ?

Une vibration me sort de ma rêverie et je fixe mon écran inquiet.

Non.

Un peu plus de précision serait trop demander ?

Merde dis moi où vous êtes ! J'arrive.

Elle ne va pas bien mais elle commence à aller mieux. Tu es un sale con égoïste, tu as de la chance qu'elle t'aime ! On est au nouveau piano bar de l'arrondissement.

Je ne perds pas plus de temps, je me remets sur mes pieds et pars en direction du bar. Je suis tellement heureux, je vais la revoir. Je ne peux m'empêcher de sourire tout le long du trajet. Une fois arrivé, je pousse lentement la porte.

Les douces notes du piano me parviennent, c'est magnifique. Quand on était petits je me rappelle encore quand j'allais chez elle. Je la regardais jouer, mes yeux remplis d'admiration. Elle m'avait fait une promesse ce jour là, celle de m'apprendre à jouer du piano aussi bien qu'elle. Malheuresement, pendant dix ans nous ne nous sommes pas revus.

La douce mélodie m'emporte dans un autre monde. Mais quand je relève la tête sur l'estrade je la vois. Elle pleure les yeux fermés laissant ses doigts glissés sur le piano à une vitesse hallucinante.

La musique se termine, ses yeux s'ouvrent. Elle fixe dans ma direction et je suis comme paniqué, je n'arrive pas à la regarder. Même de loin j'arrive à percevoir cette souffrance infinie dans son regard. Ça me broie de l'intérieur. Alors comme le lâche que je suis, je me retourne et pousse la porte qui me sépare de l'extérieur.

C'est trop dur, je pleure, j'étouffe, je ne suis plus que l'ombre de moi même. Je m'avance vers la Seine et regarde l'eau s'éloignant doucement sous le pont.

J'ai l'impression de retrouver sur ce meme pont. Aria d'un coté et moi de l'autre. Sauf que ce dernier est cassé, brisé et il nous empêche de nous retrouver. Nos deux pères le détruisant à coup de pioches nous touchant tous les deux en plein coeur.

J'entends un bruit mais n'y prête pas une attention particulière. Je renifle simplement tout en laissant s'échapper mes larmes le long de mes joues.

- Alex ?

C'est elle, c'est Aria. Je me retourne les yeux baissés vers le sol je n'ose pas la regarder, je suis pathétique.

***

Toujours assise sur le siège devant le piano j'ouvre mes yeux. Au fond de la pièce c'est lui, Alex. J'ai l'impression de rêver mais lorsque je vois quitter le bar explosant ma bulle de bonheur, je suis une fois de plus perdue avec comme seul allié la solitude.

Je descends de l'estrade et me précipite à l'extérieur. Je veux savoir si c'est lui ou si ce n'est qu'une illusion, un feu follet après qui on s'efforce de courir sans jamais réllement l'atteindre.

Je pousse la porte pour retrouver l'air pollué de la capitale. Il fait terriblement froid si bien que je grelotte sans pouvoir m'en empêcher. Je vois sa silhouette de dos et dans un simple murmure je l'appelle.

Il se retourne tout en fixant le sol, je ne rêve pas il est bien là. Je ne cherche pas à comprendre et cours dans sa direction. J'arrive à sa hauteur et saute dans ses bras enroulant mes jambes autour de sa taille et pose ma tête au creux de son cou.

Il est figé, je lui dépose des baisers sur sa mâchoire et dans son cou. Il passe finalement ses bras autour de ma taille puis sous mes fesses pour me maintenir dans cette position. Il me regarde les yeux remplis de larmes, je lui dépose un chaste baiser sur les lèvres ce qui le fait sourire.

Il marche, mon corps toujours dans ses bras vers un petit coin à l'abri des regards. Il me plaque brusquement contre le mur avant de prendre possession de mes lèvres. Son baiser se fait d'abord tendre puis pressant. Il m'embrasse avec une telle fougue que j'en perds mon souffle. Sa langue part retrouver la mienne dans une danse enflammée.

A bout de souffle nous nous séparons front contre front, mes jambes toujours autours de sa taille et mes mains derrière sa nuque. Il me regarde dans les yeux.

- Tu m'as tellement manqué...

- Toi aussi Alex, tu m'as manqué nuit et jour. J'ai l'impression de mourir à petit feu quand tu n'es pas avec moi.

J'enlève mes jambes de sa taille pour me mettre debout face à lui. Je frissonne de froid et de plaisir, c'est si déconcertant. Alex étire sa longue veste, il m'approche de lui et nous recouvre tous les deux avec ce bout de tissu. Il me dépose un tendre baiser sur le front.

- Je t'aime.

Je l'embrasse tendrement. Le froid pourtant bien présent, mon coeur se réchauffe un peu plus en sa présence. Ses yeux verts brillent de plusieurs nuances, il est si beau. Il me regarde amoureusement et je ne peux m'empêcher de prononcer ces trois petits mots à mon tour.

- Moi aussi je t'aime.

J'espère que ce chapitre vous a plu.

Voici les retrouvailles tant attendues de nos deux amoureux ;)

Bisous bisous et à bientôt pour la suite 🖤

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