Chapitre 32/ Alex

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Personne ne peut fuir son coeur. C'est pourquoi il vaut mieux écouter ce qu'il dit.

Paulo Coelho

Il soupire lourdement avant de répondre à ma question.

- Clarke est le diable incarné, c'est le plus gros pêcheur de l'humanité. Tu as fait la rencontre de Carl, son histoire est dramatique mais les quinze autres le sont tout autant. Les proches et plus particulièrement la famille de ces hommes présents ici ont connu des choses plus dramatiques les unes que les autres. Entre suicide, meurtre, dépression, usage de stupéfiants... La liste est vraiment longue.

Ses agissements ne me choquent même plus ayant appris à cerner le personnage un peu plus longuement. Je sens une présence à mes côtés, je tourne la tête et remarque que mon père me fixe. Je comprends par ses yeux translucides que je dois commencer ce que je lui ai promis.

- C'est le moment Alex, je t'attends. S'exclame mon père.

Il me tend une feuille et un stylo. Je me pose sur le sol et commence à poser mes mots sur le papier. Une larme roule sur ma joue que je m'empresse d'effacer d'un coup de main.

Je ne cesse de me répéter que je fais le bon choix même si ça m'arrache le coeur de devoir le faire. Il faut en finir avec cette histoire, avec ce diable qui sème le malheur sur son chemin, qui bouffe l'humanité de personnes innocentes et bienveillantes.

Une fois ma lettre finie, je la plie en trois avant de la mettre dans la poche arrière de mon pantalon. Je me lève et part en direction de la pièce où se trouve Aria.

Toujours allongée et endormie sur le canapé, je la prends dans mes bras. Elle est magnifique malgré cette cicatrice lui abimant le visage.

Je préviens mon père que je sors et emprunte la porte par laquelle nous sommes rentrés pour nous protéger de la tempête.

La ville ravagée par la tempête est dans un sacré état, les poubelles se sont envolés. Les déchets se retrouvent sur le trottoir comme si des milliers de chats sauvages avaient fouillés dans les poubelles.

Paris paraît presque abandonné à ce moment, personne ne marche où ne traverse sur les passages piétons. Il n'y a aucune voiture, j'ai presque l'impression de me retrouver dans un film où le temps s'est arrêté.

Je me dirige vers chez Aria. Sur le chemin, le vent continue de souffler. Les longs cheveux bouclés de ma petite amie volent dans tout les sens me faisant parvenir une douce effluve de cacao. Je m'arrête quelques instants avant de plonger ma tête directement dans ses cheveux.

Je continue d'avancer de manière lente pour repousser ce moment. Arrivé devant la porte fermée à clé, je pose Aria délicatement sur ses deux jambes, ma main retenant son poids autour de sa taille.

Je m'abaisse pour prendre la clé sous le paillasson. Il faudra peut être changer de cachette, c'est si basique de la mettre ici. Je rentre l'objet dans la serrure en le tournant deux fois avant de pousser la porte.

Je reprends Aria dans mes bras et monte les escaliers pour la mener dans sa chambre. Je la pose sur son lit et je l'a fait rentrer sous ses draps. Je descends les escaliers pour me diriger vers la pharmacie de la maison. Quand elle se réveillera elle aura besoin d'antalgiques.

Je prends deux gélules et un verre d'eau fraiche à la cuisine. Je retourne dans sa chambre en déposant le tout sur sa table de nuit. J'écris également un petit papier pour qu'elle avale ces cachets. Cette scène ressemble étrangement à Alice aux pays des merveilles.

Je me glisse à ses côtés dans les draps parfumés de son odeur. J'enroule une mèche brune de ses cheveux autour de mon doigt, ce geste est rassurant.

Elle bouge légèrement et à ce moment je sais que je dois partir, c'est le moment et je ne peux plus faire marche arrière.

Je me lève, sors la lettre écrite quelques minutes auparavant et la pose à côté des médicaments. Je m'approche d'elle, ma main venant retrouver sa joue par pure automatisme pour l'embrasser, l'embrasser une dernière fois. Ces mots me serrent le coeur, me broient de l'intérieur j'ai l'impression de mourir lentement.

Ne pouvant plus retenir l'image de la mort qui me consumme petit à petit, je pars en direction de la porte. Je me retourne une dernière fois vers ce visage angélique qui hante mes jours et mes nuits.

- Je reviendrais princesse, je t'en fais la promesse.

Je lâche cette dernière phrase avant de courir à en perdre haleine dans les escaliers. Mes pieds se mettent en marche à une vitesse phénoménale pour rentrer retrouver mon père.

Je sens les larmes dévaler le long de mes joues. Je viens de la quitter, je l'ai quitté dans un des moments où elle a le plus besoin de moi. Quel piètre petit ami je fais, je ne la mérite pas.

Arrivé à l'entrepôt, je claque la porte et me pose devant assis. Les mains devant les yeux je pleure, des sanglots comparable à des tsunamis s'emparent de mon corps tout entier.

Que va t'il se passer quand elle va découvrir cette lettre à son réveil ?

Elle doit déjà être réveillée à cet instant, ça me brise coeur de l'imaginer lire ce qui met un terme à notre amour.

Je suis un enfoiré de la laisser seule avec cette lettre mais je n'aurai pas pu lui dire ne serait-ce qu'un mot que j'ai écrit si durement sur ce papier vieilli.

Après de longues minutes à me morfondre sur ce que sera la vie sans elle, je sens une pression rassurante sur mon épaule. Je relève la tête et croise le regard océan de mon père. Il me tend une main que j'accepte pour me relever.

En posant mon deuxième pied sur le sol, je vacille légèrement encore secoué par les émotions qui me submergent depuis maintenant presque vingt-quatre heures. La voix grave de mon père me sort de mes pensées.

- J'ai quelque chose à te montrer.

Je fronce les sourcils avant de le suivre dans la pièce d'à côté. Carl, l'homme de tout à l'heure est face à un ordinateur. Lorsque nous arrivons à sa hauteur, il le tourne dans notre direction. Ce que je vois me glace le sang.

- Il est temps d'agir gamin. S'écrie mon père.

J'espère que ces trois jours de chapitres du point de vue d'Alex vous ont plu.

Le prochain reviendra à Aria.

Bisous bisous et à bientôt pour la suite 🖤

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