Chapitre 10

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- Tu sais, tu devrais partir en Espagne, tu es très douée dans mon cours et d'après le dernier conseil de classe, tu l'es aussi dans toutes les autres matières. J'ai l'impression que tu t'ennuies lorsque je parle et quand je t'interroge, tu me réponds comme si c'était naturel de parler cette langue.

Cela devait faire une heure que je discutais avec mon professeur et honnêtement, je ne voyais pas le temps passer. Il était plutôt drôle et j'en aurais presque oublier que nous étions enfermés.

- Merci mais je n'ai pas les moyens de partir en vacances et en plus avec la guerre, ça risque d'être compliqué. Et pour votre information, je suis déçue que vous pensez que je m'ennuie car ce n'est pas le cas. J'ai juste l'impression d'être une extraterrestre. À chaque fois que je réponds, les autres me regardent comme si j'étais... différente.

- Je comprends mais rassure-toi, tu es loin d'être une alienne. Ou alors tu es une alienne beaucoup trop belle, ce qui crée de la jalousie.

Je ne pus m'empêcher de rire, il avait peut-être raison : mes camarades étaient-ils jaloux de ma réussite scolaire ? Non impossible, je me refusais de penser une chose pareil.

- Merci mais je ne suis pas aussi jolie que les autres filles de ma classe.

- Pourquoi te dévalorises-tu ?

- Je ne me dévalorise pas, je dis simplement la vérité. Prenez Jade par exemple. Elle est magnifique et tout le monde le sait, même elle. D'ailleurs, elle joue de sa beauté pour attirer les garçons mais ça ne semble déranger personne.

- Certes, Jade est une jolie jeune fille mais elle a un comportement déplorable.

- C'est vrai qu'elle n'est pas toujours gentille mais je suis sûre qu'elle peut le devenir.

- Alors, elle devrait commencer par arrêter de te harceler, de te frapper, de t'insulter et de profiter de ta gentillesse.

- Je ne vois pas de quoi vous parlez.

M. Rivera pencha sa tête sur le côté et me regarda comme s'il voulait me dire d'arrêter de nier.

- Horia, me dit-il avec sérieux.

Je baissais les yeux, j'avais trop honte. Oui elle me frappait et cela l'amusait mais je ne pouvais le dire à personne ou ça ne ferait qu'empirer les choses. J'encaissais depuis des années, ce n'étaient pas quelques petites blessures qui allaient me faire craquer.

- Je vais bien, je vous assure. Je suis juste maladroite.

- Ah oui ? Et comment est-ce arriver ? me demanda t-il en pointant l'hématome sur ma joue.

- Je me suis cognée en allant aux toilettes.

Il souffla, sûrement dû à ma mauvaise foi.

- Pourquoi tu ne veux pas m'en parler ?

- Parce qu'il ne se passe rien.

- Je suis l'adulte alors dès qu'on sort d'ici, je vais m'occuper de ton cas. Il est hors de question qu'elle continue de te maltraiter.

- Mais puisque je vous dit que je vais bien ! Elle ne me fait rien, elle ne me touche pas ! Vous comprenez ?

- Je veux t'aider, c'est tout !

- Et pourquoi maintenant ? Pourquoi ne pas l'avoir fait avant ? Parce que là, je ne peux plus cacher ces foutus blessures avec un pull ? Parce que vous estimez que ça devient grave ?

- Horia, ce n'est pas parce qu'on ne réagit pas, qu'on ne voit pas. Je ne comprends pas ce que tu nous reproches.

- Ce que je vous reproche ? Mais c'est justement ça : ne pas agir, laisser faire, être un simple spectateur du mal-être des autres.

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