Chapitre 37

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Charly était mort quelques semaines plus tard.

J'avais beau essayer d'aller de l'avant, je n'y arrivais pas. J'étais comme bloquée, complètement perdue dans ces souvenirs qui ne cessaient de revenir ou de se repasser en boucle dans mon esprit.

- Horia, arrête de faire cette tête de poisson rouge. On dirait que tu es en arrêt sur image depuis trois jours là.

Je regardais Aylan, déconcertée. Cette remarque n'était pas à visée méchante et je savais que mes amis faisaient leur possible pour me remonter le moral, à moi et Lukas, mais ça ne fonctionnait pas.

- Allez, Horia, tenta Vic, je suis sûre que Charly ne voudrait pas te voir dans cet état.

- C'est vrai ça, poursuivit Cameron, regarde ton frère, il est...

- Oui, non, il est pareil qu'elle Cam, conclut Aylan.

Voyant que je ne réagissais toujours pas, Vic reprit :

- Oh non ! Pierrick est en train de se faire dévorer par Ben !

Je tournais la tête dans un mouvement des plus mous et constatais, sans grande surprise qu'il ne se passait absolument rien.

- Ha ha ! Elle vient de bouger, ça prouve qu'elle n'est pas complètement ramollie. Je vous l'avais dit les gars, s'exclama mon amie.

- On ne va pas s'emballer non plus, c'est pire qu'un mollusque là quand même.

Doux Jésus ! Pas elle. Je n'avais pas entendu le son de la voix de Jade depuis des lustres et, nom d'un dragibus, c'était dans l'un des plus mauvais moments de ma vie qu'elle revenait. Achevez moi par pitié.

- Oh ! Tu peux la fermer ? Tu me donnes mal au crâne, dis-je en accompagnant le geste à la parole.

- Franchement tu ne m'avais pas manqué.

Ça tombait bien, à moi non plus. Mais je ne lui ferais pas le plaisir de lui dire. Je me levai d'un bond, ayant du mal à tenir sur mes jambes et la contournais, ne manquant pas de lui adresser mon plus faux sourire.

Je rejoignis Pierrick, assis sur un tronc de bois, s'occupant à sculpter je ne sais quoi. Je murmurais un faible "salut" et pris place à côté de lui. Les mains de part et d'autre de mon corps, mon regard se portait sur le bout de bois qu'il tenait dans ses mains. Je ne distinguais pas bien la forme à cause de ses mains qui recouvrait une grande partie. Je me pinçais les lèvres, hésitant à le déranger dans son travail :

- Je peux voir ?

Ses iris noisettes croisèrent les miens et il me servit un grand sourire.

- Tu te remets à parler toi ? Ça fait du bien d'entendre ta jolie voix.

Le rouge me monta instantanément aux joues et je lui rendis son sourire.

- Je dois accepter ce qui est arrivé même si ce n'est pas simple, lui répondis-je simplement en haussant les épaules.

- Je sais que c'est dur. Jade et moi, on a...

Je le coupais, ne voulant pas qu'il prononce ces mots :

- Je le sais. Je suis désolée de ne pas t'avoir présenté mes condoléances avant. C'était égoïste de ma part.

Il secoua la tête puis posa sa main sur la mienne.

- Horia, tu as fait tout ton possible pour retrouver tes frères, on a traversé pleins de choses et tu as vécu plus d'aventures que n'importe qui alors surtout, je t'en prie, ne t'excuse pas. Je le comprends parfaitement.

New-RyaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant