Chapitre 21

151 17 26
                                    

Ses lèvres avaient failli toucher les miennes.

Cette phrase tournait en boucle dans mon esprit. Je n'avais aucune envie de réfléchir, ni même de bouger. Qui aurait cru que le dos de l'individu que l'on aimait pouvait être aussi confortable ?

Que c'était bon de faire une pause. Je n'avais pas arrêté une seule seconde depuis maintenant un peu plus de trois semaines, je méritais de me reposer quelques heures.

Déjà trois horribles semaines sans Charly. Sans personne à part Pierrick. Mes camarades du lycée s'en étaient-ils sortis ? Et Lukas ? Je l'espérais sincèrement, quand bien même, je ne m'entendais pas avec tout le monde. Pourtant, la petite bande de garçons qui m'avait accueillie alors que je pleurais la perte de mon meilleur ami me manquait. Je me souvenais des moindres détails de leur visage et de leur caractère : leurs sourires craquants et bienveillants, la petite fossette qui se creusait au coin des lèvres de Stan ; les abdos de Cameron, visibles même avec un t-shirt par dessus son corps de dieu ; le combinaison de motard d'Emrys ; la douceur de Rudy et l'humour d'Aylan. Ils me manquaient terriblement. Beaucoup plus que je ne l'aurais pensé.

- Horia, nous sommes arrivés, déclara Pedrito.

- Arrivés où exactement ? lui demandais-je.

- Hum... Dans un endroit que je ne connais ni d'Adam ni d'Eve, qui m'a l'air plutôt cool voir même confortable et que je qualifierais de "lieu où on peut dormir à la belle étoile" ? me répondit-il sur le ton de la question.

- Pas de problème, si tu penses que c'est bien pour une nuit, je te suis.

- En fait tu n'as pas trop le choix puisque ça fait au moins deux heures que je te porte sur mon dos donc tu m'es en quelque sorte redevable. Et on ne passera pas une nuit mais deux ou trois. Je suis crevé d'avoir autant marcher et toi, tu es fatiguée parce que tu n'as pas cessé de travailler. Conclusion de cette affaire : repos !

- Je suppose que je n'ai pas à donner mon avis ?

- Tu as tout compris. Je vais aller chercher du bois pour faire un feu, c'est bientôt l'hiver et il commence à faire froid. Tu ne bouges pas d'ici, je ne veux pas que qui que ce soit te kidnappe et si par mégarde, cela devait arriver alors je me chargerai de lui faire comprendre qu'on ne te touche pas sans ma permission.

- Je ne suis pas ta propriété privée Pierrick, je n'appartiens à personne et je fais ce que je veux de mon corps, m'exclamais-je en essayant de retenir le rouge qui me montait aux joues.

Il venait de me dire implicitement que quiconque me touchait, aurait affaire à lui.

Pile ce que dirait un frère à sa sœur.

J'allais finir par tuer cette foutue conscience ! Elle ne pouvait pas se la fermer deux minutes ?

- Je dis juste que je te protégerai quoi qu'il arrive, dit-il en haussant les épaules.

-  Merci ?

Mais quelle cruche ! Le gars le plus mignon de la terre me déclarait ça et moi je faisais quoi ? Je lui disais "merci". Le genre de merci qu'on prononçait quand sa maman ou son papa nous donnait un Kinder. J'étais si douée que cela faisait peur.

- Bon je vais chercher du bois, à toute de suite.

- À toute à l'heure, répondis-je.

Je me retournais et avançais vers un arbre où je pris appui. Je penchais ma tête en arrière et soufflais un coup, relâchant enfin toutes les émotions vécues au cours de ce dernier mois. Après avoir vider mon esprit, je me décidais à préparer le campement et installais le nécessaire pour dormir et cuisiner : quatres grandes couvertures en laine fine et quelques légumes à faire chauffer pour manger. Je m'assis ensuite sur une des couvertures que j'avais posées et fermais les yeux. Je ne pensais plus à rien. Je n'étais plus rien. J'étais simplement dans ma bulle.

New-RyaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant