2- Accroche- toi

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Je regarde ma montre au niveau de mon poignet gauche, le cadrant indique vingt trois heures et cinquante cinq minutes. Je me lève du canapé, je souris à mon époux qui est à mes côtés. Il me rend mon sourire. Je me dirige vers l'escalier pour rejoindre la chambre de mon aînée.

Avec mon mari, nous avons décidé d'attendre minuit et fêter l'anniversaire d'Ava en premier, on est tellement content qu'elle soit majeur, nous sommes tellement fiers d'elle, même si je sais qu'à l'école ce n'est pas toujours facile. Je suis certaine qu'avec le temps cela passera. Ce ne sont que des gamins après tout.

Je monte les escaliers le sourire aux lèvres et j'attends devant la porte de la chambre d'Ava. Je regarde ma montre et j'attends les deux minutes qui restent avant minuit. Je suis toute excitée et émue que mon bébé ne soit plus un bébé mais une adulte maintenant.

Je remarque qu'il n'y a aucun bruit dans la chambre, elle doit dormir, je savais qu'elle avait sport cette après midi. Elle doit être fatiguée après cela mais c'est tellement important pour moi de lui souhaiter son anniversaire en première.

Trois.

Deux.

Un.

J'ouvre la porte précipitamment pour lui souhaiter son anniversaire, je m'apprête à lui crier dans les oreilles comme une gamine devant ses cadeaux de Noël mais je suis stoppée par la scène devant moi. Je n'arrive pas à réaliser réellement la vision d'horreur que j'ai sous les yeux tant elle me semble surréaliste. Je n'ai plus les mots, j'arrive à peine à respirer. J'ai l'impression que le temps s'est figé, que mon monde s'effondre sous mes pieds.

Tout vient de partir en fumée, dix-huit ans de vie partie en fumé. Mon bébé, l'amour de ma vie, ma petite fille, ma fierté, là étendue inerte sur son lit, les bras en sang. Un couteau au sol, des tas de médicaments éparpillés sur son lit ainsi que son ordinateur portable encore allumé.

Je suis choquée, pétrifiée sur place, mon cerveau ne répond plus,

J'essaie de me reprendre. Je cours auprès de ma fille sans vie sur son lit, baignant dans son propre sang.

Je hurle, je hurle de toutes mes forces, aussi fort que je peux. Je hurle à m'en brûler les poumons, j'en veux au monde entier. J'entends quelqu'un courir dans les escaliers. Je tourne la tête vers mon mari, les yeux ruisselant de larmes.

Je ressens un vide immense qui se crée en moi, comme un trou noir qui engouffre tout sur son passage. Plus rien ne compte à cet instant, rien à part ma fille étendu dans son lit. J'ai l'impression que l'on vient de me poignarder en plein cœur. Je ressens une douleur si vive, si intense, que personne ne pourrait le supporter. Je ne peux pas la supporter ? Je refuse de vivre avec l'image de ma fille mourante dans mes bras.

- Ava.... Les....Vite..... Ava..... Appelle.... Les pompiers..... Harold... Hurlais-je entre deux sanglots

- Mon amour, ne me quitte pas.... Ava s'il te plaît... reste avec moi.... Ava hurlais-je pour qu'elle se réveille.

- M...Maman ? Elle a quoi Ava ? Demande ma deuxième fille au pas de la porte

- Ma chérie ne reste pas ici, va rejoindre ton père en bas s'il te plaît

Ma cadette ne me répond pas mais obéit à ce que je lui ai demandé. Je ne veux pas qu'elle voit sa sœur comme-ça. Je ne comprends pas pourquoi Ava a commis ce geste. Pourquoi à t-elle voulu se suicider, ma petite fille, mon bébé. Elle aurait pu me parler. Les larmes coulent sur mes joues, je tiens les mains inertes d'Ava.

Harold revient en courant me disant que les pompiers ne devraient pas tarder et qu'il allait les attendre avec Laura sur le perron.

C'est un véritable cauchemar, c'est impossible, je vais me réveiller de ce rêve immonde. Dans un dernier effort, je tente de secouer Ava avec l'espoir qu'elle ouvre enfin les yeux.

- AVA... Réveille-toi ! Tu n'as pas le droit ! Putain AVA, RÉVEILLE-TOI ! Hurlais-je de toutes mes forces.

Je tente le tout pour le tout, me refusant laisser mourir mon aînée de cette façon. Mais je n'ai qu'en réponse que son visage inerte et cadavérique. Les yeux toujours clos, sa bouche légèrement entre-ouverte, j'ai la sensation que la vie l'a totalement quittée.

Au bout de quelques minutes qui me semblent être une éternité, les pompiers sont là et ils me relèvent pour leurs laisser le champ libre pour agir au plus vite. Je n'ai plus la force de me débattre, Le vide qui m'assaille m'inonde de toute part et la tête me tourne, je ne distingue plus rien autour de moi.

-On perd la mère ! Les gars allongez là !

- UN BRANCARD VITE !

Le combat de ma vie.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant