6- Quatre-vingt-dix-sept kilos cinq

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Je ne peux pas dire que je suis heureuse ou que l'envie de vivre est revenue, que l'envie de mourir à disparu. Mais je peux affirmer que je ne me sens pas trop mal, je pense que je commence à voir le bout du tunnel, une sorte de mini lueur quelque part à des milliers de kilomètres, mais ma psychologue m'a dit que c'était un bon début alors je m'accroche à ça.

Ça fait quelques jours que je suis sortie de l'hôpital, en fait ça fait cinq jours et quatre heures que je suis sortie. Je suis sortie de l'hôpital le cinq mars à seize heure et trente et une minutes pour être précise. Un mois après ma tentative. Depuis ces cinq jours, je suis enfermée chez moi mais il y a toujours une personne pour me faire la baby-sitter, mes parents ont peur de me laisser seul alors un jour ma mère reste, le lendemain, c'est mon père, puis ma sœur ainsi de suite.

Aujourd'hui, c'est le tour de ma sœur, mais elle m'a dit qu'elle avait des courses à faire qu'elle en avait pour quinze minutes précisément. Elle m'a dit qu'elle me faisait confiance et que je ne dois pas faire de bêtises comme-ci j'avais cinq ans. En même temps, qu'est-ce-que je pourrais faire en sachant que mes parents, on mit des cadenas où je ne sais quel système pour ne pas que je refasse une tentative. Je trouve ça oppressant, énervant, soûlant et tout les adjectifs que vous voulez. Alors je tourne en rond littéralement.


À force de faire des allers-retours dans la maison, je finis par atterrir dans la salle de bain. Je me met face au miroir, mon pire ennemi, je regarde mes pieds, j'ai honte de mon corps. Ais-je maigris ? Ou grossis ? Ça fait un moment que je ne me suis pas pesée.

Je tourne la tête vers la droite, il y a la fenêtre qui donne sur le jardin, la fenêtre est ouverte ce qui laisse à l'air frais entrer dans la pièce d'eau. En dessous de cette fenêtre, il y a un radiateur qui perd ses couleurs avec les années. J'en suis à me demander pourquoi un radiateur en dessous de la fenêtre, c'est con.

Mon regard se baisse sur le pèse personne, c'est dingue comme un objet si fin peut supporter tant de poids, je crois que c'est l'objet le plus courageux. J'inspire tout l'air frais qui passe dans la pièce puis l'expire bruyamment. Je m'avance devant cette balance.

J'enlève l'élastique de mes cheveux, ils atterrissent en désordre dans mon dos. J'enlève les nombreux bracelets coloré qui cache mes cicatrices de mes poignées. J'attrape le bas de mon haut noir ample qui cache toutes ces formes hideuses et l'enlève en vitesse, je fais de même pour le jean et les chaussettes.

Je ne me sens vraiment pas à l'aise, j'ai l'impression d'être observée, qu'on se moque de moi, qu'on m'en veut d'être comme ça d'avoir ce corps. J'essaye de mettre ces pensées dans un coin de ma tête. Je ferme les yeux, je prends une grande inspiration et monte sur cette balance.

J'expire tout l'air de mes poumons, tout en ouvrant les yeux droits devant moi.

Trois.

Deux.

Un.

Je baisse la tête vers les chiffres indiqués.

« Quatre-vingt-dix-sept kilos cinq».

Quatre-vingt-dix-sept kilos cinq. Quatre-vingt-dix-sept kilos cinq ! J'ai perdu deux kilos et demi. J'ai comme l'impression de me sentir beaucoup plus légère. C'est génial, j'ai perdu du poids, j'ai réussi à perdre.

À ce moment-là j'entends la porte d'entrée s'ouvrir.

- Ava ! Cria une voix féminine.

Je me rhabille en vitesse, remets mes bracelets, je me recoiffe mes cheveux en queue-de-cheval et sort précipitamment de la salle de bain. J'arrive devant ma sœur. Ma sœur qui n'a pas de sac ce qui confirme qu'elle m'a mentis.

- Où sont les courses ? Demandais-je timidement.

-oh... Euh... J'ai oublié.

Elle se met à pleurer, sans réfléchir, je cours la prendre dans mes bras, la voir dans cet état me brise le cœur, encore plus qu'il n'est déjà. Je sens ces larmes couler dans mon cou. Je lui frotte doucement sont dos, essayant de la calmer peu à peu.

Après dix minutes, je la sens ce calmer, elle relève la tête vers moi, Laura essaye de me faire un sourire, mais je vois bien qu'elle est complètement dévastée, sans un mot, on se dirige vers le salon et on s'assoie sur le canapé au milieu de la pièce.

- Il m'a quitté Ava, il m'a quitté...

Elle relève la tête, les larmes coulant toujours sur son si beau visage. Laura souffle un bon coup et reprend la parole.

- Ava va à la police s'il te plaît, je ne veux pas que cette ordure reste dehors en liberté... Il est tellement plus dangereux qu'on le croit. Il a aucun remord de ce qu'il t'a fait, pour lui tout ça n'est qu'un jeu, il en a rien à foutre des gens. Rien du tout Ava. John n'est vraiment pas un humain, c'est une abominable créature.

Ces pleurs redoublent, je la prends à nouveau dans mes bras, envoyant son cou, je perds tous mes mots, je ne peux rien dire, je n'y arrive pas pourquoi il lui a fait ça. Il y a des marques de doigts dans son cou qui est devenu rouge.

-Il... Il... Laura... Ton cou... Bégayais-je ?

Sans un mot ma sœur ce lève du divan et enlève son tee-shirt, les larmes ruisselles sur mon visage, pourquoi il lui a fait ça ? S'en prendre à moi ne lui à pas suffit, il faut qu'il frappe ma sœur. Le corps de Laura est plein d'hématome qui devienne bleu, jaune ou rouge. Je me lève et la prends dans mes bras pour lui montrer que je la soutiens et que je serais toujours là avec elle.

- Je veux parler, je veux aller à la police.

Le combat de ma vie.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant