chapitre 7

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Maison de Mia et ses parents,
Rue Beaulieu, Cannes,
7h36,
1er novembre.

Le lendemain, je me lève non sans difficultés. J'ouvre les yeux tout en portant une main à mon crâne. Alors qu'hier soir, j'ai réussi à mettre mes problèmes de côtés, voilà que tout me submerge d'un coup. J'ai mal à la tête, mal au ventre. Je sursaute lorsque mon père se met à tambouriner à ma porte.

- Tu étais où hier ?! Pourquoi tu réponds pas quand je t'appelles ?!

- Je dormais.

- Sale menteuse ! Sors de cette chambre. Je pars bosser et ta mère a besoin de toi.

- On est samedi, tu ne travailles jamais d'habitude.

- Ne discute pas !

- Je me prépare et j'arrive.

Je soupire et sors de mon lit. Mon père va probablement dans un bar où il va s'enfiler plusieurs vers de Whisky. Ça lui arrive parfois, de ne pas boire à la maison. Je prends tout mon temps pour être sûr de le pas le croiser. Je prends le temps de me peser et remarque que j'ai perdue 2 kilos ces derniers temps. C'est bien, mais pas suffisant. Je veux encore perdre du poids.
Je descends de la balance et enfile un jeans et un pull. Puis je sors de ma chambre et salue ma mère qui se trouve dans le canapé. 

- Tout va bien maman ?

- Je suis crevée.

En effet, des cernes énormes se dessinent sous ses yeux. Elle a le teint pâle, et n'a presque plus de cheveux. Malgré tout, elle ne c'est toujours pas résigné à les rasés. Elle porte des foulards la plupart du temps, mais pas ce matin. Je lui souris et lui promet de me dépêcher pour lui faire son petit déjeuner.

- Merci, me répond t-elle simplement.

Mon père est dans la cuisine, un verre à la main. Il me sourit. Mais ce n'est pas le genre de sourire affectueux, qui réchauffe le cœur et qui donne envie de sourire aussi. C'est le genre de sourire qui te glace le sang et donne envie de partir en courant. Je sais très bien ce qu'il va se passer ensuite. Tient, bonjour Dolorès.

- Qu'est ce qui faut pas faire pour te sortir de ta chambre, dit il en avançant vers moi.

Il me tire par les cheveux et me pousse contre le mur avant de me gifler. Je porte instinctivement ma main à ma joue.

- Pourquoi tu t'enfermes comme ça, hein ?! Je t'interdit de fermer ta porte de chambre à clé.

- À ton avis ? Tu as vu comment tu me traites ? La seule raison pour laquelle je suis encore là, c'est parce que maman est malade. Et parce que je n'ai pas les moyens de partir. Mais sache, que le jour où je partirais tu n'entendras plus jamais, jamais parler de moi.

- Tant mieux. Tu n'es pas désirée de toute façon. Va t'en Mia, avec grand plaisir !

- Ah oui ? Et qui fait à manger ? Qui s'occupe de maman quand tu n'es pas là ?! Tu n'es rien sans moi !

- C'est ce que tu crois. C'est toi qui n'est rien sans moi. Tu n'es qu'une incapable, tu n'as aucun mérites. Sans mon aide, tu vas droit dans le mur. C'est pour ça que tu restes ici. Tu ne parviendras jamais à garder un travail assez longtemps pour partir d'ici. Qui voudrait te toi ?

Chacun de ses mots me font comme un coup de poignard. Je n'ai pas assez de force pour me défendre, pour riposter. Alors, sans dire un mot et avec les joues trempées de larmes, je me défais de son emprise et sors de la maison en courant.

Je ne sais pas où je vais, ce que je fais. Mais je pars. Je ne peux pas rester là plus longtemps. Je finis par ralentir, ma vue étant brouiller par les larmes.

Dolorès ne m'a pas quitté depuis ce matin. Même en dehors de la maison, elle reste avec moi. Les mots de mon père continue de résonner en moi, et la douleur me transperce la poitrine. J'ai mal.

"Qui voudrait de toi ?"

Il a raison. Je ne mérite rien, je ne mérite personne. Je ne comprends pas pourquoi Arya et les autres me laisse être amis avec eux. Je suis totalement insignifiante comme personne. Je peine à sortir ces pensées de mon esprit, et à me ressaisir.

Je ne dois pas le laisser m'atteindre. Il sait exactement quels mots dire pour m'atteindre, je ne dois pas le laisser me détruire comme ça. 
J'ai encore une heure avant de commencer mon travail. Je n'ai rien sur moi, ni argent, ni clés de voiture. Je n'ai aucune envie de retourner chez mon père, alors je finis le trajet à pied jusqu'au travail.

J'arrive au travail 10 minutes en avance. Je salue tout le monde et part me changer.

Après ma matinée de travail, je repars à pied. Il va me falloir du temps, mais ça va me permettre de me poser et me détendre un peu, avant de retrouver ma maison. On pourrait presque dire le calme avant la tempête.

Je suis chez moi à 14 heures passés. En arrivant, je constate que la porte de ma fenêtre est fermé. Soit j'ai oublié de l'ouvrir, soit c'est un coup de mon père.
Après un temps de réflexion, je passe par la porte d'entrée. Mon père dort sur le canapé à côté de ma mère. J'enlève mes chaussures et les garde à la main. J'essaye de faire le moins de bruit possible. Mais c'est peine perdue. Mon père prononce mon prénom dès que je referme la porte d'entrée. Je reste immobile dans l'entrée, incapable de bouger. Il se lève et marche vers moi en titubant.

- Tu pensais que je n'allais pas remarquer ton manège avec ta fenêtre ? Tu es chez moi Mia, je t'interdis de partir en douce.

Je hoche doucement la tête, effrayée. Il me sourit, comme ce matin.

Il veut me faire peur. C'est ça qu'il cherche. Me voir aussi vulnérable et apeurée semble lui faire tellement plaisir. Et aussitôt, je me promets intérieurement de ne plus jamais lui donner ce plaisir. Je finis par relever la tête, passe devant lui et me dirige vers ma chambre. Je ferme la porte derrière moi et m'installe à mon bureau. Je travaille durant une heure. Mon ventre gargouille mais je n'y fais pas attention. Je commence à m'y habituer de toute façon.

Mon père m'a dit tellement de fois que j'étais laide et grosse. Et au final, il n'a pas tord sur ce point. Cela contribue peut-être à sa haine envers moi ? M'accepterait-il si j'étais plus fine ?

Stop Mia. Encore une fois, il ne mérite pas que je change pour lui, que j'ai peur de lui, que je lui fasse plaisir. Si je perds du poids, c'est seulement pour moi, parce que j'en ai envie, parce que je me sens mal dans mon corps. Peu importe qu'il m'accepte, je devrais laisser tomber cette idée et me concentrer sur moi.

Après mon travaille, je décide de me reposer. J'ai très peu dormi la nuit passé, et je n'arrive plus à me concentrer sur mes cours. Je les reprendrais ce soir.

Louane : Salut ! Ça va ?

Moi : Oui et toi ?

Louane : Ouais. Dit moi, tu veux pas qu'on se voit cette après midi ? J'ai rien de prévue.

Moi : Désolée, je suis pas trop dispo. J'ai beaucoup de boulot. Mais si on se voyait demain à la fin de nos cours ?

Louane : J'ai cours que la matinée. Dis moi à quel heure tu finis, je viendrais te chercher !

Moi : T'as de la chance, je finis à 15 heures les lundis !

Louane : Cool, à demain alors ! J'ai hâte de te montrer mes achats de la dernière fois, mon sac est trop beau.

Moi : Bisous Louane.

Louane : Bisous ma belle !

Je pose mon téléphone et pense à Louane. Depuis quelques temps, nous nous parlons de moins en moins, et elle n'a que des noms de marque de luxe à la bouche. Mais d'un autre côté, c'est mon amie la plus proche. Plus le temps passe et plus j'ai envie de me confier à elle. Pas sur tout : j'ai trop honte d'avouer que mon père me frappe. Mais sur mon mal être, la maladie de ma mère. Elle a toujours été de bons conseils, je ne vois pas pourquoi ça changerais.

La Vie Devant Moi [Fini]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant