chapitre bonus

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Pdv Nathanaël

Je roule sans savoir où aller. Mon comportement est inexplicable, inexcusable. Je l'aime tellement. Mais s'occuper d'un enfant... C'est autre chose. Je ne peux pas, en tout cas pas maintenant. Mia a dû arrêter la fac, elle a eu énormément de soucis et pourtant elle est tellement forte.
Elle a un super métier qui la rend heureuse. Je le vois bien, ses angoisses, les barrières qu'elle avait avec moi, son anorexie, c'est derrière elle maintenant.
Pour elle, cet enfant arrive au bon moment. On a notre maison, on y est bien, elle a un travail stable.
Moi, j'ai eu des résultats juste passable à mes derniers partiels, et j'ai encore 4 ans d'études. Le niveau est de plus en plus dur et je ne vois pas comment je pourrais laisser de la place à un enfant dans tout ça.

Je n'ai pas envie d'aller chez mes parents pour l'instant. Je ne veux pas leur en parler, parce que je connais leur réponse. Et je ne suis pas prêt à l'entendre. Je finis par m'arrêter dans un bar et commande un verre de whisky avant d'aller m'asseoir à une table.

Environ une heure plus tard, j'en suis à mon quatrième verre. Je commence à avoir chaud, et j'ai un mal de crâne affreux.
Je termine mon verre et me dirige vers l'extérieur. J'aperçois deux hommes en train de fumer. Je me dirige vers eux et leur demande une cigarette. L'un d'eux m'en tend une avec son briquet.
Je n'ai pas fumé depuis 4 ans. J'ai arrêté en même temps que Mia, pour sa santé mais aussi pour la mienne.
Pourtant, même si ce n'est en rien la solution à nos problèmes, je ressens le besoin de me détendre un peu ce soir.
Je tire dessus et essaie de penser à autre chose, mais le visage de Mia apparaît sans cesse dans mon esprit.
J'ai conscience du mal que je suis en train de lui faire. Je le sais, et je m'en veux. Mais un enfant est une décision tellement importante, que je ne peux pas la prendre à la légère.

Ayant bu plusieurs verres, j'appelle un Uber pour me ramener chez moi. Enfin plutôt, chez mes parents.
Il est tard, et je prie intérieurement pour que personne ne soit encore debout.
Malheureusement, ma mère est dans la cuisine. Elle sursaute en me voyant.

- Nat ! Tu m'as fais peur. Qu'est ce que tu fais là ?

- Ça va. J'ai juste... Je peux dormir là ?

- Bien sûr, tu es ici chez toi. Mais Mia n'est pas là ? Elle va bien ?

- Bonne nuit maman.

- Nat...

Je monte difficilement les escaliers. Ma mère soupire et n'ajoute rien de plus.
Une fois dans ma chambre, je retire mon jeans, mon tee-shirt et je m'écroule dans mon lit.

Lorsque je me lève le lendemain matin, mes parents et ma sœur sont en train de déjeuner.

- Qu'est ce que tu fais là Nat ? Demande Laura.

- Je... Je voulais passer du temps avec vous.

- Et Mia elle est où ?

- Assis toi Nat, dit ma mère froidement. Laura, range ton assiette et va dans ta chambre. On doit parler avec ton frère.

Ma sœur soupire et se lève, range la vaisselle et va à l'étage.

- Nathanaël, tu vas nous expliquer pourquoi tu as débarquer hier sans Mia, et complètement bourré qui plus est.

- Maman, j'ai 23 ans. Je n'ai pas de compte à rendre.

- Tu as raison, tu fais ce que tu veux si tu veux te détruire la santé. En revanche tu es sous notre toit, donc je te demande un minimum d'explication.

- On fait juste une pause avec Mia.

- Comment ça une pause ? Demande mon père. Vous venez d'acheter une maison. Et en grande partie avec notre argent !

Même si mon père est généreux, il déteste dépenser de l'argent pour rien. Ce que je peux comprendre.
Je n'ai pas envie d'avoir cette  conversation, mais ça ne sert à a rien de leur mentir.

- Bon, Mia est enceinte. Depuis deux mois à peu près.

- Mais Nat, c'est une excellente nouvelle ! Dit ma mère. Comment peux tu laisser une femme enceinte toute seule ?

- Je ne suis pas prêt. J'ai 23 ans, je suis encore à la fac !

- Nat... Depuis quand le savez-vous ?

Je soupire et attend quelques secondes avant de répondre que je suis au courant depuis plus d'un mois. Ma mère change d'expression et fronce les sourcils.

- Depuis autant de temps ?! Et tu as une prise de conscience maintenant ? Tu imagines ce qu'elle doit ressentir ?

- Je sais maman, ok ? J'ai besoin de temps la. C'était pas prévu, je ne sais pas ce que je suis censée faire.

- Ne pas laisser ta copine seule et enceinte pour commencer, petit con, me dit mon père. Ce n'est pas comme ça qu'on t'as élevé.

- Nat s'il te plaît, réfléchis y à deux fois avant d'agir, poursuit ma mère. Mia a un travail, vous avez une maison avec une chambre supplémentaire. Et nous on est là. On s'occupera du bébé le weekend pour que tu puisses travailler tranquillement si Mia est à l'hôpital. Et puis il y a des aides, vous pouvez déjà vous rapprocher d'une crèche. Tu vas devenir médecin, tu gagneras très bien ta vie quand votre enfant entrera à l'école. Et quand il aura 3 ans et entrera en maternelle, tu seras diplômé et tu travailleras. Avec Mia, vous êtes ensemble depuis longtemps, tu l'as connais bien et je sais que vous êtes bien ensemble.

- Maman, je ne me vois pas élever un enfant en étant à la fac. Je n'ai pas envie de commencer à travailler en même temps qu'il rentre à l'école ! Je veux avoir du temps pour moi, pour nous, pour profiter.

- Je veux, je veux... sauf que le fait est qu'elle est enceinte de toi, dit mon père. On ne peut pas toujours tout contrôler dans ma vie.

- Si financièrement, ça n'aurait pas été possible, j'aurais compris. Ou si tu n'étais pas avec Mia depuis longtemps. Mais ce n'est pas le cas. Nat, si on insiste autant c'est parce que tu as cette réflexion deux mois après l'avoir appris. Alors je suppose que tu étais heureux sur le coup, non ? Tu ne l'as pas immédiatement refusé. Il y a une part de toi qui veut cet enfant. Accroche toi à ça.

- Mmh. J'en sais rien. Je veux juste du temps.

- Et Mia ? Tu lui as dis quoi ?

- Je lui ai dis que je voulais qu'elle avorte.

- Tu te rends compte de ce que tu lui as demandé ? Je te jure que des fois, tu mériterais des claques, dit ma mère avant de soupirer.

- Je sais, je n'aurais pas dû lui dire comme ça. Mais c'est fait maintenant.

- Parfois, je ne te comprends pas.

- Va la voir Nat.

- Non, pas tant qu'elle portera cet enfant.

- Ce n'est pas un enfant, c'est le TIEN !

Ma mère se lève, en colère. Elle enfile sa veste et sort en claquant la porte.
Mon père soupire, et se lève en m'indiquant qu'il va au travail.

J'ai l'impression de tout foutre en l'air depuis quelques jours.
Ma mère a raison, j'étais fou de joie quand Mia m'a annoncé sa grossesse. Je nous imaginais être parent, j'imaginais une mini elle ou un mini moi faire partie de nos vies et l'idée me plaisait.
Mais en voyant le temps passer, en voyant la difficulté de nos examens et en entendant nos formateurs et formatrices nous alerter sur le rythme des prochaines années, je n'ai pas vu comment laisser de la place à un enfant dans ma vie.

J'en suis incapable.

La Vie Devant Moi [Fini]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant